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Une analyse de Jacques de Guillebon
Ce sont là, nous a-t-il semblé, d’utiles et judicieuses réflexions, en ce lendemain du deuxième tour des régionales. Sans-doute, Jacques de Guillebon n’est pas sans attaches avec le FN, parti politique dont il traite ici. Ce n’est pas notre cas. Toutefois, les réflexions d’ordre interne auxquelles il se livre nous semblent avoir leur intérêt, même pour les royalistes que nous sommes, attentifs à la vie politique nationale. Mais plus importantes sont ses remarques sur les évolutions de la société française, du peuple français, ses rejets, ses aspirations, et le rôle nouveau joué auprès de lui par de nombreux écrivains ou intellectuels à la parole libérée. Voilà qui nous paraît, pour la France, autrement porteur d’avenir à moyen ou long terme que les résultats électoraux, au soir d’une consultation régionale par ailleurs particulièrement glauque. LFAR
Les Le Pen possédaient une manière de devise familiale, « je préfère perdre sur mes idées plutôt que gagner sur celles des autres », dont on peut dire que jusqu’ici elle ne leur avait pas trop mal réussi. Ils n’avaient en effet jamais gagné. Soit que l’époque leur fût trop contraire, soit qu’ils s’y fussent mal pris. Vaste sujet qui prêterait éminemment à une dissertation de Sciences Po en 2054.
Mais chacun sait que depuis au moins cinq ans, les choses ont changé. Le Front commence à réussir son pari de s’emparer un jour du pouvoir. Nombreux sont ceux qui s’en attribuent le mérite, au premier rang desquels Florian Philippot. Son discours social, nous dit-on, aurait rameuté les masses, et amorcé la stratégie de « dédiabolisation » du Front national. Pourtant, outre que ce discours avait été tenu longtemps avant l’arrivée de Florian Philippot, notamment sous la houlette d’Alain Soral et de Philippe Péninque au cours des années 2000, il n’a pas encore été prouvé que ce soit lui qui ait attiré les électeurs vers le parti.
Le succès du FN de ces dernières années est à mettre au crédit d’autres événements concomitants : d’abord, l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du mouvement, qu’elle a rajeuni de sa seule présence, et par où elle a prouvé qu’il y avait une continuité dynastique rassurante. Le Front national était destiné à s’inscrire longtemps encore dans le paysage, et elle fit immédiatement savoir qu’elle, contrairement à son géniteur, voulait le pouvoir, et le pouvoir seul. On ne peut le nier : le lien créé entre la famille Le Pen et le peuple français est le principal moteur du Front national. On ne donnerait pas cher d’une candidature de M. Philippot sous d’autres couleurs. Nicolas Dupont-Aignan est là pour en témoigner, à son corps défendant.
Seconde raison, plus importante encore, ce n’est pas tant le FN qui s’est dédiabolisé au long des dernières années que le peuple français lui-même qui s’est « diabolisé ». L’effet Zemmour a joué à plein, soutenu par la libération de la parole de nombreux autres écrivains ou intellectuels. Si le peuple français n’avait eu d’autre souhait que de sortir de l’euro et de retrouver du travail, il aurait très certainement voté Mélenchon en 2012, et pas Marine Le Pen. Peut-être inconsciemment, mais sûrement, les électeurs du Front national voient en Marine Le Pen la possibilité d’un changement d’époque. Avec elle, même s’ils ne savent pas trop comment, un autre monde naîtrait, enfin débarrassé des vieilles querelles, des magouilles d’appareils, et son coup de balai magistral débarrasserait le plancher de France des derniers politicards dont il suppose qu’ils ont vendu la France à l’immigré, aux élites mondialisés et à tous les maitres moralisateurs qu’il ne peut plus voir en peinture.
C’est là le fond de ce vote, et c’est en quoi Marion Le Pen, contrairement à ce qu’affirme Mme Lesneley, s’inscrit beaucoup mieux dans la stratégie globale du nouveau Front que Florian Philippot. Si celui-ci est « moderne », comme on nous dit, parce qu’il se serait rallié aux thèses anthropologiques des dominants, alors Marion Le Pen est « postmoderne », et possède une longueur d’avance sur lui vis-à-vis des électeurs. Leurs scores respectifs au premier tour des régionales témoignent un tout petit peu, après le vote au Congrès du parti de l’an dernier, de ce saut quantique qui existe entre l’énarque et la nièce.
Alors qu’on lui avait violemment reproché d’avoir ouvert la boîte de Pandore avec sa remarque sur le Planning familial, elle culmine à plus de 40%, faisant quasi jeu égal avec Marine Le Pen. Florian Philippot, lui, ne devra qu’au miracle d’une triangulaire son éventuelle victoire dimanche.
La société française a changé, et elle est lasse de ce nihilisme Charlie qu’on lui fait un devoir d’adorer. Comme si sa seule identité consistait à dessiner des culs et à boire en terrasse. Elle cherche manifestement d’autres atours à son identité, et il se pourrait que Marion Le Pen incarne à merveille, pour une fraction de la population grandissante, ce possible retour à soi.
Sortir du piège européen et mondialiste avec Florian Philippot, très bien. Savoir ce qu’est la France avec Marion Le Pen, c’est mieux. •
Marion devrait écouter un peu moins Jacques de Guillebon et varier les inspirateurs de ses discours.
Quoiqu’il en soit, à 26 ans, mettre le feu à une aussi grande région que la PACA et obliger le parti au pouvoir central et sortant en province à se coucher pour la barrer n’est pas donner à tout le monde.
On appréciait son esprit délié à l’Assemblée nationale mais on pouvait douter de sa résilience et de son expérience. Sa dialectique est supérieure à celle de sa tante qui tourne en rond sur des thèmes-slogans.
Une grande femme politique vient de naître. Reste à partager ses idées…
Marion Maréchal-Le PEN incarne une France minoritaire que les Français ne voudront jamais porter au pouvoir. Une face plus avenante que Philippe de Villiers mais le même message réactionnaire.
C’est toute l’ambiguïté du FN entre la ligne Philippot et celle de MMLP qu’unit une xénophobie cachée par une obsession maladive contre l’immigration. En effet 90à 99% des immigrés ne souhaitent qu’une chose : qu’on leur foute la paix pour se faire une place dans la société française.
C’est votre opinion, cording. On n’est pas obligé de la partager. Il y a peut-être une grande proportion d’immigrés qui voudraient bien vivre tranquilles dans la société française. Laissons-les en paix. Bien-sûr, sans haine ni mépris. Mais ce sont les minorités agissantes qui comptent et c’est, d’une manière ou d’une autre, du terreau de l’immigration que monte un courant revendicatif d’islamisation de la société française, plus les assauts terroristes. Si ça ne vous suffit pas, que vous faut-il encore ?
Nous sommes peut-être au début d’un processus de réveil du patriotisme français. Comme la France, il est divers et composite. Réel dans certains cas ou obligé dans d’autres, il touche aussi la gauche; la droite n’en a pas, loin de là, le monople; il touche des catholiques et des athées; en fait des personnalités, des familles politiques, des sensibilités philosophiques et spirituelles très différentes.
Ne commençons pas par les opposer, exclure, diviser. Le vieux travers français. Et gaulois. Celui qui fait perdre.
… » 90 à 99% des immigrés ne souhaitent qu’une chose : qu’on leur foute la paix « …
90 à 99% des FRANÇAIS ne souhaitent qu’une chose : qu’on leur foute la paix…
ET QU’ILS PUISSENT VIVRE LIBREMENT, SELON LEURS TRADITIONS ET VALEURS SUR LA TERRE DE LEURS ANCÊTRES QUI ONT SUE SANG ET EAU POUR BÂTIR CE ROYAUME !…
Ceux qui viennent d’ailleurs, qu’ils soient invités ou pas, ont le devoir de respecter cela.
hallucinant aveuglement……! Au début de l’été 2013 la chaine télé « Russia Today » (qui a changé de nom mais on peut toujours la trouver sur internet sous son premier nom) a fait realiser un sondage dans plusieurs pays européens(De mémoire : France,dont je suis sur ,et pour cause….Allemagne,Pays-Bas et Danemark,peut-etre Belgique) par un institut de sondage anglo-saxon insoupçonnable : « Gallup » (Quand j’étais jeune on appelait un sondage « un gallup »……) .La question ,posée a un échantillon représentatif de L’ENSEMBLE des populations,était (de mémoire toujours donc peut-etre d’énoncé un peu different,mais sans incidence sur le fond) : « Etes vous favorable a l’Etat Islamique (DAESH) ,totalement favorable,plutot favorable,plutot pas favorable,pas du tout favorable, sans opinion;
La France « arrivait largement première » si l’on peut dire : 3% des interrogés étaient totalement favorables a l’EI ,11% « plutot favorables……!
14% de 66 millions de « Français » font un peu plus de 9,2 millions. Ce sondage montre bien ,d’une part qu’il n’y a pas 5 ou 6 millions de musulmans en France car on voit mal des non- musulmans etre favorables a l’EI…..et d’autre part que si il y a beaucoup de musulmans qui ne sont pas favorables a l’EI il faut les ajouter a 9,2millions (en plus des 800000 nouveaux arrivés ou nouveaux-nés depuis cette date,dont bien sur on ne connait pas l’opinion…..) Donc 10Millions plus….. combien? C’est vous qui voyez….
(Sondage rapporté a l’automne 2013 par le regretté Emmanuel Ratier dans sa remarquable lettre confidentielle « Faits et Documents »)
Soyons « tolérants », 99,9% des Musulmans sont opposés à DAESH, et veulent vivre en paix.
PAS mal comme raisonnement, pas du tout raciste,
SAUF que: il reste 0,001%, c’est à dire 8000 personnes sur les Huit millions , de quoi alimenter potentiellement le terrorisme.
Soyons pratiques et positifs ! Réclamons la moralisation de la vie démocratique ! Par exemple que le retrait d’une liste d’un tour à l’autre ne soit plus possible. Pas plus que l’appel d’un parti de la majorité à voter pour un parti de l’opposition ou l’inverse. Cela moraliserait, non ?
Un scrutin à la proportionnelle au tour unique donne une image fidèle du corps électoral. Aux élus ensuite de faire avec en montant les coalitions de gouvernement à l’étage considéré. S’ils n’y parviennent pas, on les radie des listes électorales et on re-vote. Cela est une moralisation efficace.
Pour la moralisation / représentation équitable, c’est le top. Pour la magouille postélectorale et la gouvernance impossible, c’est le top aussi.
Cording, votre observation selon laquelle « 90à 99% des immigrés ne souhaitent qu’une chose : qu’on leur foute la paix pour se faire une place dans la société française. » ne me paraît nullement donner l’alpha et l’omega de la question: car un pays ne peut être ouvert à la seule volonté de ceux qui veulent y entrer, même pacifiquement, pour s’y faire une place. Il faut également que ce pays les accepte. Or, vous oubliez ce « léger » détail
Si vous craignez les conséquences morcelantes du scrutin proportionnel, alors pourquoi pas le scrutin majoritaire à un tour, comme en Angleterre?
Mille fois d’accord avec le dernier message d’Antiquus ! La représentation proportionnelle entraîne la dispersion, mais surtout donne aux plus petites tendances un pouvoir inimaginable…. je crois me souvenir qu’il y a quelques années, à la Knesseth, ainsi désignée à la proportionnelle, UN SEUL député, dont le suffrage était indispensable avait obtenu la mise en pratique de certains aspects parmi les plus aberrants du programme de son parti.
Le suffrage majoritaire à un tour permet de casser cela. ET personne de dit que la Grande-Bretagne n’est pas un pays libre.
Absolument de l’avis de Pierre Bully
Tout ce qui est proportionnel est intellectuellement très séduisant, mais hélas réservé à une élite vertueuse pour que cela fonctionne ? L’abrutissement des cervelles par les lucarnes du 20 h exclut désormais un tel rêve. La Knesset est citée. Je ne me souviens plus du nom d’un politicien du Likoud qui peignait cette image « Dans le scrutin majoritaire, c’est le chien qui remue sa queue, dans le scrutin proportionnel, c’est la queue qui fait bouger le chien … ». Notre vieux pays a déjà donné avec la proportionnelle. Je me méfie des Britanniques tels que les a décrits le général Weygand dans ses mémoires, après le traité de Versailles, mais je reste en admiration devant leur système.
Bravo à Antiquus pour sa proposition que j’approuve moi aussi. C’est supérieur à mon idée de départ. Et beaucoup plus simple.
En réponse complementaire a M. Cording je veux rapporter un témoignage direct. Entre 2011 et 2013 j’ai eu le plaisir ,malgré des circonstances douloureuses,d’avoir des contacts et conversations reguliers avec un français d’origine algerienne,né en France (Père kabyle,venu en 1951 en France,ou il est décédé en 2013,et enterré en Kabylie. Mère demi-tlemceniote et demi-syrienne). Ce garçon ,trés cultivé,était trés attaché a la culture tlemceniote ,mais surtout a la kabyle..Cependant il se considerait ,et se considere,absolument français.Il était né dans une cité a majorité musulmane des Pennes-Mirabeau prés de Marignane,ou ses parents et un de ses frères résidaient encore .Nous étions pratiquement d’accord sur tout.Musulman soufi (Modéré,pour simplifier)pratiquant sans excés ni sectarisme il évoquait avec répulsion « les barbus »…Un jour ou je lui demandais : »Quelle est d’aprés vous la proportion de musulmans detestant la France dans les cités? 20%? 30%? » Il me répondit : »Vous etes loin du compte….. »
On était la bien loin des supputations dictées par un aveuglement volontaire comme le votre……
Pour revenir à une juste photographie de ce que nous vivons, rappelons simplement :
– que plus de 6,8 millions d’électeurs se sont portés sur le FN avec seulement 25 millions de suffrages exprimés (sur 45 millions d’inscrits)
– qu’au second tour et malgré un matraquage digne des pires organisations totalitaires, 800.000 électeurs de plus sont venus le rejoindre.
– qu’un système déboussolé a mis les moyens connus et considérables pour tordre l’élection, sous la baguette agitée par la main apoplexique d’un fou furieux qui tient lieu de premier ministre à notre pauvre pays.
– et comme l’a très bien analysé D. Jamet chez Bd Voltaire, le FN est le premier parti de France en voix, si l’on veut bien revenir aux classifications ayant eu cours jusqu’à une date récente
Revenons aussi à une évidence ; si tous les partis et tous les relais s’unissent contre le FN dans des alliances relevant du mariage pour tous, il n’est pas majoritaire ! Certains commentateurs ici réinventent l’eau tiède sous des raisonnements très savants. C’est pourtant simple …
On ne peut qu’être consterné de lire que certains évêques prennent parti au lieu de s’occuper de leur diocèse, de leur catéchèse et de tenter de comprendre le coran et son histoire. Ces esprits dévoyés ne sont pas le Christ et il fut des temps dans l’Histoire où les fidèles se détournèrent d’évêques qui trahissaient leur charge. A Marseille nous subissons …
Tout l’art du mode de scrutin proportionnel est dans le choix de la circonscription de vote. Le mode anglais laisse beaucoup de monde au bord de la route et les circonscriptions sont très défectueuses en équité démographique.
Il vaudrait mieux responsabiliser les élus en appliquant la dissolution automatique de la Chambre en cas d’impossibilité de former une majorité de gouvernement, plutôt que de « fabriquer » des résultats au niveau de l’électeur.
La question qui surplombe celle-là et dont je crains que même Catoneo dans son omniscience ne puisse trouver la solution, c’est de concilier représentation équitable et gouvernement. Des dissolutions en série ne favoriseraient pas ce dernier impératif. C’est ce que me souffle mon petit bon sens.