Le Papyrus de César
Difficile de passer à côté de la dernière production des éditions Albert René et des célébrissimes aventures d’Astérix et Obélix. Pour cette 36e aventure des irréductibles gaulois, les dignes héritiers de René Goscinny et Albert Uderzo nous emmènent à Rome, dans le Palais de César. Promoplus, le conseiller en communication de l’empereur romain sous les traits duquel se cache Jacques Séguéla, lui promet un « grand succès » avec son ouvrage sur la Guerre des Gaules. Seulement, ce manuscrit recèle un défaut : le chapitre XXIV intitulé « Revers subis face aux irréductibles gaulois d’Armorique ». Le plus simple serait de le supprimer suggère Promoplus quand César s’insurge : « Tu suggères à César de travestir la vérité ? ».
Finalement César accepte de supprimer cette « tache sur son curriculum vitae ». Mais l’un des scribes de César, Bigdatha parvient à faire passer ce chapitre manquant à Doublepolémix, avatar de Julian Assange que les auteurs auraient pu (et dû ?) appeler Wikilix…
Deux ans après Astérix chez les Pictes, qui a servi de transition entre les albums d’Uderzo en solo et la mise en place du duo Ferri-Conrad, on retrouve l’esprit des premiers albums avec ses caricatures, ses jeux de mots, quelques expressions latines, et son esprit potache. Le sujet assez grave puisqu’il s’agit du pouvoir de l’information est traité avec autant de légèreté que de finesse. Et si le scénario manque parfois d’originalité et peut pécher par classicisme, les dessins de Conrad restent dynamiques, virevoltants et totalement fidèles à l’esprit de la série. D’ailleurs, la meilleure critique est venue d’Albert Uderzo, en personne, qui a dit aux auteurs : « Bravo les p’tits gars ! ». Inutile de dire que cet album aura encore le succès qu’il mérite. Tiré à 4,2 millions d’exemplaires dont deux millions pour la France, Le Papyrus de César devrait vite s’imposer comme la meilleure vente de l’année.
Le Papyrus de César – Jean-Yves Ferri et Didier Conrad – Editions Albert René – 48 pages – 9,95 euros.
La Guerre des Amants
Berlin. Vendredi 13 juillet 1945 en zone américaine. Des soldats américains parmi lesquels le Capitaine Walter entrent dans une cave et y découvrent des civils allemands qui tentent de survivre dans le chaos de cette fin de guerre. Au milieu des femmes et des enfants, les soldats qui font partie du Monument, fine arts and archive program (MFAA) aussi appelé « Monument Men », découvrent un superbe Fragonard. Quelques semaines plus tard, le capitaine Walter, accompagné de son chauffeur, Harry, se retrouvent devant la porte de Brandebourg et s’engagent dans la zone soviétique. Des losanges bleus, des points rouges guident les deux hommes à travers les ruines de la capitale allemande. Ils recherchent naturellement toutes les œuvres qu’Hitler a pillées au cours de ses conquêtes en vue de créer un musée à sa gloire, mais surtout, ils veulent mettre la main sur le Graal des peintures : le retable de l’Agneau Mystique de Van Eyck. Un retable du XVe s. que les Russes convoitent également. Mais le capitaine Walter ignore que c’est Natalia, son ancien amour russe croisée dans l’école d’art du Bauhaus de Weimar (http://www.politiquemagazine.fr/trois_nouveautes_chez_glenat/), qui dirige la « Mission trophée » pour le compte de Staline.
Avec Jaune Berlin, Jack Manini et Olivier Mangin signent la fin de cette belle trilogie aussi intéressant que palpitante. En fin d’ouvrage, l’historienne Emmanuelle Polack revient, dans un cahier de huit pages, sur la véritable histoire des Monuments men, entre protection des collections publiques et spoliation des collections privées.
La guerre des amants – Tome 3 – Jaune Berlin – Jack Manini et Olivier Mangin – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros.
Saladin, conquérant de Jérusalem
L’histoire que nous content Mathieu Mariolle, Julien Loiseau et Roberto Neli commence à la victoire de Saladin aux cornes de Hattin en 1187 contre les chevaliers francs de Guy de Lusignan juste avant la troisième Croisade (1189-1192). Ces derniers sont presque tous capturés et ne doivent la vie qu’en échange d’une rançon (ce que ne raconte malheureusement pas l’ouvrage). Le décor est néanmoins planté. La mort a toujours chevauché aux côtés de Saladin, dès son enfance. Flashback en 1148, à Damas. Saladin Al-Nasir a dix ans. Nous sommes en pleine deuxième Croisade. Son frère aîné vient de mourir dans son djihad pour défendre l’actuelle capitale syrienne. Saladin dont le prénom signifie « rectitude de la foi » annonce à son père qu’il prend la suite avec l’émir d’Alep, Nur Al-Din. Pour ce faire, les arabes doivent s’unifier. Ces alliances commencent à se nouer quatre ans plus tard quand Saladin, accompagné de son oncle Shirkûh vont rencontrer Nur Al-Din. La reconquête des lieux saints, en priorité Jérusalem, est en marche…
Le nom de Saladin qui fonde la dynastie ayyoubide qui elle-même va régner pendant presque deux cents ans de la Tunisie aux portes de la Turquie, reste toujours associé à celui de Richard Cœur de Lion, avec qui il finit par négocier. . Il pemet que Jérusalem reste sous suzeraineté islamique avec l’autorisation pour les Francs de s’y rendre en pèlerinage. Son prestigieux nom reste aussi associé à la prise de Jérusalem en 1187 aux mains des Chrétiens depuis 1099. Et quand il meurt en 1193 à l’âge de 55 ans, Saladin dont le nom An-Nasir signifie « celui qui reçoit la victoire de Dieu », Jérusalem restera longtemps entre les mains musulmanes.
Les auteurs parviennent à retranscrire avec justesse l’atmosphère de l’époque et à reproduire les batailles qui ont émaillé la vie d’une des figures les plus emblématiques du monde arabe.
Saladin – R. Meli, M. Mariolle et J. Loiseau – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros.
Catherine de Médicis, reine imprévue
Reine de France pendant douze ans, régente du Royaume pendant plus de deux ans et demi, Catherine de Médicis a marqué son époque, celle de la Renaissance, sans doute l’une des plus riches de l’Histoire de France. Titrée Duchesse d’Urbino à la mort de ses parents, elle est beau parti financier puisqu’elle hérite de la richesse de son père, Laurent de Médicis et de sa mère, Madeleine de la Tour d’Auvergne qui lui laisse de nombreuses terres. Mariée à Henri d’Orléans (futur Henri II) à qui elle donne dix enfants en quinze ans, elle devient une bru très appréciée de François 1er qui voit en elle une femme de caractère sur qui le Dauphin peut et pourra s’appuyer quand il deviendra roi. Mais après douze ans de règne, celui-ci meurt dans un tournoi d’un malheureux coup de lance.. Commencent pour elle, deux ères : l’un où son rôle, ses conseils, son influence seront déterminants ; l’autre où le tragique
A travers cette bande-dessinée, les auteurs veulent tordre le cou à la légende noire qui entoure ce personnage emblématique. Ils démontrent bien comment Catherine de Médicis, qui n’était, de par sa condition de femme, destinée à devenir qu’un pion entre les hommes de pouvoirs (papes, rois, …) a su admirablement tirer son épingle du jeu. Car rien ne prédestinait cette Italienne à régner en France. Pourtant, dans cette période troublée des Guerres de Religion, elle a mis toute son énergie pour apaiser les tensions, chercher le dialogue, tout en tenant ses positions de fervente catholique. Elle ne peut éviter le massacre de la Saint-Barthélemy. Malgré un scénario dense et complexe, le lecteur parvient à se forger une image réelle de cette reine totalement atypique et très politique pour l’époque. Le cahier final permet d’en savoir plus sur ce personnage encore énigmatique pour nombre de Français.
Catherine de Médicis – M. Gabella, R. Villard, P. Martinello – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros
Setadire sur Christophe Boutin : « Allo, Manu ?…
“POLITIQUEMENT : J’en connais Un qui devrait écouter la chanson de Serge LAMA: Je suis cocu…”