par Louis-Joseph Delanglade
Depuis quelques jours, une succession d’événements aux conséquences potentiellement très graves alertent les chancelleries : tension entre l’Iran et l’Arabie Séoudite dans une région que l’on compare volontiers aux Balkans du siècle précédent – les plus clairvoyants apprécieront les propos de M. Zemmour : « Ce n’est pas la guerre entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Enfin, pas encore » (RTL) ; énième provocation nord-coréenne qui, comme chacune de celles qui l’ont précédée et de celles qui pourraient la suivre, fait courir un risque mortel à un statu quo qui arrange pourtant tout le monde – d’où cette volonté de minimiser et de dédramatiser, illustrée par M. Guetta (France Inter) : « ce régime […] veut simplement acheter sa survie en faisant chanter la terre entière pour obtenir des aides alimentaires et des garanties de pérennité » ; aggravation brutale de la crise économique et financière en Chine qui pourrait annoncer un nouveau krach à l’échelle mondiale – c’est ce que pensent les plus pessimistes, comme M. Losson (Libération) : « Si la Chine chute, le monde risque de tomber avec elle ».
Tout cela est bien inquiétant pour la France car elle pourrait se trouver impliquée, malgré qu’elle en ait, dans crises et conflits. Plus près de nous, on doit envisager le délitement plus ou moins probable de l’Union européenne pour cause d’impuissance et d’incohérence : turbulences garanties en cas de « Brexit ». En France même, on nous annonce que la guerre contre l’islamo-terrorisme, ennemi d’autant plus dangereux que beaucoup continuent à nier sa nature véritable, ne serait-ce qu’en refusant de le nommer, pourrait durer plusieurs dizaines d’années – « On en prend pour trente ans, peut-être cinquante » ne cesse de répéter M. Servent (RMC). Nos troupes devront donc continuer à intervenir hors du territoire national mais aussi, on le voit tous les jours, sur le sol national.
On ne peut donc qu’approuver certaines des mesures déjà prises ou envisagées par le gouvernement, notamment beaucoup de celles qui visent à faire entrer l’état d’urgence dans la procédure pénale. Cependant, l’état général des esprits, même si on peut noter une sorte de frémissement patriotique, reste englué dans un misérabilisme compassionnel et « mémoriel » fondé sur un amalgame générateur de confusion. Des bobos parisiens qui se prennent pour des « résistants » parce qu’ils vident une pinte à la terrasse d’une brasserie ou M. Renaud venu place de la République pousser la chansonnette pour commémorer les événements de janvier 2015 : cela ferait sourire, si ce n’était pitoyable. Mais que M. Hollande, chef de l’Etat, ou même Mme Hidalgo, maire de Paris, perdent leur temps à pleurnicher en dévoilant des plaques in memoriam est, pis que ridicule, inquiétant.
Hommage officiel à ceux qui tombent pour la France ou qui font acte de bravoure, oui. Mais qu’on cesse d’opposer à des ennemis décidés le modèle d’une France fêtarde et jouisseuse, qu’on cesse d’arborer à la face d’un monde dangereux des « valeurs » qui n’en sont pas : la France ne mériterait pas d’être défendue si elle était réduite à ça; la France, c’est quand même autre chose. •
Défendre la France ? Une question quasiment inutile tant la réponse oui est évidente. Tout le monde ne peut être pour à part une infime minorité gauchiste et de la société du spectacle.
L’Iran n’a aucun intérêt à faire la guerre à l’Arabie saoudite parce qu’il risquerait de retomber dans un isolement international trentenaire dont il vient de sortir non sans mal et au grand dam de son rival.
Les contradictions internes de l’UE vont contribuer à aggraver son déclin: Madame Merkel a mis fin à Schengen et Hollande au pacte de stabilité, la Pologne, l’Espagne et le Portugal vont y contribuer en attendant un éventuel Brexit voire un retrait de la Finlande de la zone euro.
La crise du capitalisme financier va s’ accentuer par, grâce ou à cause de l’atterrissage brutal de la Chine pour refonder son modèle de développement mais tant que Wall Street tient bon les secousses auront un effet limité.
Quant à la France elle est en train de changer d’époque avec toujours la même classe politique qui tient bon en raison du mode de scrutin des élections et de l’absence d’une alternative politique sérieuse.
« Faut-il défendre la France ? » Drôle de question ! Qu’ont fait les poilus il y a un siècle ? Peut-on oublier le sacrifice de ces jeunes français qui sont tombés au champ d’honneur à Verdun et ailleurs ? Sont-ils morts pour la république ou pour la France ? La réponse est évidente.
C’est assez surprenant de voir comment l’on peut commenter un article que l’on n’a pas lu ou pas compris. Et comment l’on devient incapable de saisir le sens d’un conditionnel, d’une question, d’une distinction. Par exemple entre ce qui mérite d’être défendu et ce qui ne le mérite pas.
Je trouve l’analyse de M. Delanglade, en particulier dans les deux derniers paragraphes de son article, très intéressante. Depuis plus d’une semaine, l’espace médiatique est saturé de commémorations, où les victimes innocentes de l’attaque terroriste perpétrée contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher le 8 janvier 2015, servent de prétexte pour célébrer jusqu’à épuisement des larmes, un mode de vie d’une France bobo, bisounours mais pas forcément lectrice de Charlie Hebdo avant le 8 janvier 2015, ni amateur de son humour trash sans limite contre ses cibles favorites et un peur toujours les mêmes. Et cela ne semble pas prêt de s’arrêter !
Attendons nous à une apothéose de célébrations larmoyantes à venir pour la commémoration des victimes du carnage du 13 novembre 2015, où les victimes n’étaient pas de soldats, ne se battaient à ce moment-là pour aucune cause en particulier mais profitaient simplement de la vie à leur manière tout à fait innocente et légale comme n’importe qui pouvait le faire à l’instant où elles se sont fait mitrailler !
Et pourquoi ne fait-on pas aussi une commémoration quotidienne pour les gens anonymes et innocents qui meurent chaque jour malgré eux, pour une cause ou une autre sans avoir rien à se reprocher ?
Françaises, français, rendons les larmes !
D’accord avec Gilbert Claret qui, lui au moins, a lu LJD et l’a compris …
Lorsqu’on a entendu, dans la splendide coud d’honneur des Invalides la niaiserie larmoyante de « Quand on n’a que l’amour », lorsqu’on voit les lamentos essoufflés de Johnny Hallyday place de la République pavée de bougies tremblotantes, on sait bien que ni le Gouvernement, ni les Français ne veulent comprendre ce qu’est la guerre. Et surtout ce qu’elle va être.
Les bains de sang à venir seront – malheureusement, épouvantablement mais peut-être pas suffisamment – nécessaires pour la prise de conscience…
Merci à Pierre Builly de dire la dure mais exacte vérité.
je suis a la fois consterné et perplexe. Perplexe : suis-je un complotiste compulsif qui voit le machiavelisme partout ,cherchant toujours les intentions et les mecanismes cachés derriere les evenements et les actions de nos politiciens ,et ai-je tort si c’est bien le cas? Consterné : si j’ai tort mes efforts pour les « lire » et comprendre ne valent rien! Je vois « trop compliqué » ! Une lecture « au premier degré » serait plus juste.
Mais consterné aussi si j’ai raison! Parceque cela voudrait dire que LJD ,qui nous livre tant de lumineuses reflexions, est ici »a coté de la plaque ». Pour etre honnete je crois que c’est le cas…..
Je fais ici seulement référence au dernier paragraphe de son article
Le miserabilisme compassionnel n’est pas une dérive spontanée des Français a laquelle participent le pantin grotesque qui nous préside et son ex-maitresse dans une grand-messe larmoyante. C’est le fruit d’ une tactique soigneusement élaborée par les equipes de communicants qui d’une certaine maniere nous gouvernent,de plus en plus,les politiques ne faisant rien qui ne leur été conseillé par elles. C’est une des techniques de gouvernement mises au point depuis plusieurs années et appliquées froidement en s’appuyant sur les sondages.. Lénine quand il eut besoin dusoutien du peuple russe dit « je vais gratter leur prurit nationaliste ». Hollande gratte le prurit compassionnel. Lui ,Hidalgo et les autres ne « perdent pas leur temps a pleurnicher….. » :ils appliquent une technique bien calculée et mise au point ;C’est cela qui est inquietant. Les Français,et particulierement les jeunes générations,sont savamment conditionnés . Tout ce qui a été fait autour des attentats de Janvier puis de Novembre a été conçu et executé avec le plus grand soin,piloté par des experts en communication. Les adherents a « Je suis Charlie » ont été et sont des gogos.
D’autres points d’applicatipon du système sont particulierement évidents. Citons le « Chefdeguerrisme ». . Hollande a pris depuis un certain temps une mine grave,un air sévère,il se tient droit comme un I . Les medias aux ordres nous l’ont montré de façon répétitive ,o combien,traversant un corridor de l’Elysée entre deux haies de gardes republicains sabre au clair……C’est une technique de publicité,a la limite du sub-liminal! Il s’y ajoute un discours martial dont l’inadaptation au coté »pitre » du personnage preterait a rire si elle ne « marchait » pas auprés des esprits simples….
En fait il n’est aucune des actions de ce « chef » qui ne soit guidée par ses communiquants .
Avec un seul objectif : 2017
Je trouve, Richard Portier, que vous faites bien de l’honneur aux actuels communicants de l’Élysée et du gouvernement ; qu’ils aient vu tout ce qu’ils pouvaient tirer de la niaiserie est possible. Mais cette niaiserie, cette mode du « care », du caramel mou, des « marches blanches », des pleurnicheries devant le moindre événement un peu douloureux, des embrassades à qui mieux mieux, du consensuel inoffensif, des « soutiens psychologiques » et des bisounours est née bien avant 2012…
La mort, le deuil, la douleur sont effacées au maximum des paysages quotidiens, confinées aux hôpitaux et aux maisons de vieillards. D’où la véritable sidération qui s’empare du pauvre monde dès qu’il est bien obligé de sortir de sa léthargie…
En l’occurrence, je trouve que Richard Portier a eu l’esprit un peu compliqué et que l’article de LJD a bien du mérite pour avoir – en quatre paragraphes concis – suscité des commentaires tous intéressants qui, disent finalement la même chose, en développant intelligemment l’idée de base … C’est peut-être là son talent.
Moi, je lis le commentaire de Richard Portier comme un développement, pas comme une contradiction.