La question posée en titre n’est pas illégitime. Commémorer l’exécution de Louis XVI, comme nous le ferons dans quelques jours, si ce devait être sans porter son regard au delà de cet acte singulier, pleurer seulement un mort, ce serait en effet pur passéisme pour Français nostalgiques et surannés, sans-doute capables de piété, mais définitivement hors de la politique et de l’Histoire. Ce ne doit pas être cela.
Mais s’il s’agit de poser avec toute l’acuité requise notre regard critique sur le cours des deux siècles qui ont suivi – le XIXe et le XXe, auquel s’ajoute désormais le début du nôtre, le XXIe – s’il s’agit d’envisager la chaîne des conséquences – guerres, révolutions, délitements sociaux – qui ont découlé de cette volonté tragique et unique dans notre histoire d’arracher la France historique et charnelle à ses racines, alors commémorer la mort de Louis XVI prend un sens moderne, un caractère d’urgence, une forme de devoir, qui s’impose à nous. Alors commémorer la mort de Louis XVI, est ce que les amis de l’Action française, et d’au delà de l’Action française, ce que les royalistes et les patriotes français ont de plus important et de plus urgent à faire, le 21 janvier de chaque année.
Ringard, anachronique, nostalgique de commémorer l’exécution de Louis XVI ? Chacun sait, aujourd’hui que de cette mort datent le déséquilibre de la société française, de ses Institutions politiques, et le déclin, aujourd’hui profond, de notre pays.
De cette prise de conscience, nous donnons en annexe deux signes probants. Parmi beaucoup d’autres. Deux déclarations, dont l’une émane d’Emmanuel Macron, 38 ans, énarque, ministre de l’Economie en exercice; l’autre, toute récente, de Michel Onfray, 57 ans, philosophe et essayiste. Pour l’un et pour l’autre, l’exécution du roi Louis XVI est un acte à la source du mal français le plus contemporain. Lafautearousseau •
Emmanuel Macron
« – La démocratie est-elle forcément déceptive ?
– Il nous manque un roi. La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. »
(Interview du 8 juillet 2015 dans le journal hebdomadaire Le 1, repris par tous les médias)
Michel Onfray
« C’est un vieux schéma : on coupe la tête du roi et la démocratie arrive. Or, on sait maintenant que Louis XVI n’était pas un tyran et que c’est la Terreur qui lui a succédé. »
(Figaro magazine du 8 janvier 2016)
« – On peut dire qu’aujourd’hui les Français de moins de cinquante ans ne sont pas républicains.
– Ils ne sont pas monarchistes !
-Non ils ne sont pas monarchistes, car si les hommes n’aiment pas souvent ce qu’ils ont, parce que ce qu’ils ont n’est pas souvent aimable, ils craignent le changement pour ce qu’il contient d’inconnu.L’inconnu est ce qui leur fait le plus de peur. Il est le réservoir et la source de toute épouvante. »
Extrait du dialogue entre M. Mazure, archiviste républicain jacobin et M. Bergeret professeur, sceptique et socialisant, dans « M. Bergeret à Paris », quatrième volume de « L’histoire contemporaine » d’Anatole France (1901).
Amusant, non ?