Le professeur Louis Martinez est mort, à Aix-en-Provence, samedi matin 6 février et nous serons nombreux, non seulement à Aix, à Marseille et dans le Midi mais aussi, sans-doute, dans la communauté universitaire dont il était un membre éminent, et dans celle des Français d’Algérie à laquelle, né à Oran, il appartenait, à porter son deuil.
Le Café actualités d’Aix-en-Provence où il intervenait, auquel il participait régulièrement, nous a transmis quelques lignes d’hommage de Catherine Rouvier qui méritent d’être citées : « … Louis Martinez est mort ce matin. C’est un homme à la fois immensément érudit et très bon qui nous quitte. Il a de plus toujours combattu : pour libérer la Pologne des 1984 et sans relâche depuis, contre les idéologies matérialistes athées. […] Que ceux qui peuvent se libérer viennent lui manifester leur gratitude pour cette courageuse défense de la liberté de penser et de croire dans un monde ou être politiquement incorrect est pire qu’être un assassin. Traducteur de Soljenitsyne, il savait ce qu’est une chape de plomb idéologique et lutta contre, partout où il pouvait. Mais sa grande bienveillance naturelle et son immense érudition lui évitèrent toujours tout sectarisme et tout jugement hâtif ou injuste. Il nous manque déjà.»
Quant à nous, nous le revoyons dans les repas-conférences du 21 janvier, à Marseille, auxquels il venait, au Café actualités d’Aix-en-Provence, et, plus récemment, à Marseille, pour une réunion-débat sur la crise ukrainienne où il avait brillamment débattu avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, défendant un point de vue qui n’était pas en tous points le nôtre, mais nous apprenant, du même coup, de nombreuses et précieuses choses sur la Russie et le monde slave. Il était, par surcroit, un merveilleux et chaleureux pédagogue. On ne se lassait pas de l’interroger. Inutile d’ajouter qu’il était un ami de l’Action française, de la Fédération Royaliste Provençale en particulier. Et c’est à l’honneur de l’Action française que d’avoir toujours suscité des amitiés d’une telle qualité.
Nous exprimons à Madame Jacqueline Martinez, toujours très présente elle aussi, toutes nos condoléances, notre soutien dans cette douloureuse épreuve, et notre attachement fidèle au souvenir de Louis Martinez. Lafautearousseau •
* Les obsèques de Louis Martinez auront lieu vendredi 12 février à midi en l’église Saint-Jean-de-Malte à Aix.
** Nous mettrons en ligne dans quelques jours la vidéo où Louis Martinez débat assez longuement avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme et ses amis pourront ainsi le retrouver plein de vie, d’intelligence et de cette sorte de charme qu’il avait éminemment dans tout échange. Ce sera notre façon de lui rendre hommage, selon nos moyens.
Oui, Louis était un grand ami. J’avais été son maçon (non pas franc) et j’avais même fait travailler son fils dans mon entreprise. De là nous sommes devenus amis, mais surtout parce que nous étions sur la même longueur d’onde. C’était un vrai chrétien qui avait un grand respect du monde musulman, sans bien sûr, aucune compromission.
Après Jean-Francois Mattéi , Raphaël Draï , et maintenant Louis Martinez notre élite intelectuelle va laisser un grand vide .
Lors d’une conférence de Louis sur « le jargon de Babel » j’avais eu le grand plaisir de le présenter à ceux qui n’avaient pas la chance de le connaître.
Présenter Louis Marinez est un exercice difficile, susceptible de se traduire en une litanie d’éloges qui pourrait paraître suspecte, exagérée et surtout gênante pour sa modestie, Passons donc rapidement, non sans souligner, peut-être ne le sait-il pas, que je lui dois beaucoup, comme à quelques uns de mes maîtres, peu nombreux, dont je tiens soigneusement enfermés dans ma réserve personnelle, pensées et propos afin d’y puiser à loisir.
C’est dans un autre monde, celui de la guerre froide que nous avons fait connaissance, à l’époque des convois « ciblés » pour la Pologne qui nous conduisaient à Cracovie où le nom de Louis Martinez était notre sésame nous ouvrant bien des portes.
Donc, historien et professeur de russe, traducteur de Pasternak, Soljenitsyne, Platonov et bien d’autres, Louis Martinez, après 40 ans d’enseignement de la langue et de la littérature russe se met à écrire des romans, peut-être, faudrait-il dire son roman, son histoire et celle de sa terre à la tragique destinée: l’Algérie.
La fresque se déroule de la veille de la guerre de 14 au mois de juillet 1962 (massacres d’Oran) sous forme d’un triptyque: « Denise ou le corps étranger » suivi du « temps du silure », « celui des gestations longtemps secrètes qui crèvent d’un coup en enfantements catastrophiques » puis de la « dernière marche ». Le plus frappant à la lecture de ces livres, c’est la langue, précise, aussi bien dans son vocabulaire que dans sa ponctuation, bref, française, mais hélas de ce français que l’on écrit de moins en moins et qui nécessite pour le lecteur, même averti, comme un nouvel apprentissage.
Pour terminer, j’avoue un petit faible pour « l’intempérie » petit roman aixois où l’on rencontre à chaque page la ville et son histoire et dans lequel se révèle comme signe de décivilisation « le bizarre jargon qui a éclos comme vermine ». Peut-on rêver meilleure introduction au « jargon de Babel »?
Merci à Antoine de Crémiers de cette belle et très intéressante évocation de notre ami Louis Martinez. Nous ne l’oublie1rons pas.
Louis fait partie de ses collègues qui deviennent des amis. Jeune enseignant-chercheur en 1992, il a su me faire aimer ce métier et me montrer quelle chance j’avais de côtoyer la grande culture au quotidien.
Louis, tu me manques.