Louis Martinez (au centre) – Antoine de Crémiers (à gauche) – Le prince Sixte Henri de Bourbon Parme (à droite)
Antoine de Crémiers a donné dans les commentaires de Lafautearousseau cette évocation de Louis Martinez dont nous avons déploré la mort, samedi dernier, 6 février. Nous avons pensé qu’à raison de ce qu’elle nous rappelle et même de ce qu’elle nous apprend de la personnalité si attachante de Louis Martinez, elle devait figurer en page d’accueil de ce site, pour être vue et lue du plus grand nombre possible de nos lecteurs. C’est chose faite. Merci à Antoine de crémiers. LFAR
Lors d’une conférence de Louis sur « le jargon de Babel » j’avais eu le grand plaisir de le présenter à ceux qui n’avaient pas la chance de le connaître.
Présenter Louis Marinez est un exercice difficile, susceptible de se traduire en une litanie d’éloges qui pourrait paraître suspecte, exagérée et surtout gênante pour sa modestie. Passons donc rapidement, non sans souligner, peut-être ne le sait-il pas, que je lui dois beaucoup, comme à quelques uns de mes maîtres, peu nombreux, dont je tiens soigneusement enfermés dans ma réserve personnelle, pensées et propos afin d’y puiser à loisir.
C’est dans un autre monde, celui de la guerre froide que nous avons fait connaissance, à l’époque des convois « ciblés » pour la Pologne qui nous conduisaient à Cracovie où le nom de Louis Martinez était notre sésame nous ouvrant bien des portes.
Donc, historien et professeur de russe, traducteur de Pasternak, Soljenitsyne, Platonov et bien d’autres, Louis Martinez, après 40 ans d’enseignement de la langue et de la littérature russe se met à écrire des romans, peut-être, faudrait-il dire son roman, son histoire et celle de sa terre à la tragique destinée : l’Algérie.
La fresque se déroule de la veille de la guerre de 14 au mois de juillet 1962 (massacres d’Oran) sous forme d’un triptyque : « Denise ou le corps étranger » suivi du « Temps du silure », « celui des gestations longtemps secrètes qui crèvent d’un coup en enfantements catastrophiques » puis de la « Dernière marche ». Le plus frappant à la lecture de ces livres, c’est la langue, précise, aussi bien dans son vocabulaire que dans sa ponctuation, bref, française, mais hélas de ce français que l’on écrit de moins en moins et qui nécessite pour le lecteur, même averti, comme un nouvel apprentissage.
Pour terminer, j’avoue un petit faible pour « L’intempérie » petit roman aixois où l’on rencontre à chaque page la ville et son histoire et dans lequel se révèle comme signe de décivilisation « le bizarre jargon qui a éclos comme vermine ». Peut-on rêver meilleure introduction au « jargon de Babel » ? •
j’ai un seul souvenir direct de Louis Martinez,époux d’une de mes amies d’enfance. Vers la fin des années 70 ,lors de notre seule rencontre il nous avait annoncé la chute prochaine du communisme en URSS. Il avait seulement anticipé un peu ,tout en detaillant avec une remarquable lucidité et d’une façon trés posée les raisons etayant sa prediction. C’était lumineux et cela allait se verifier point par point……..Un Monsieur et un Homme…….
Louis a ouvert l’âme et l’esprit de beaucoup à Aix. Il avait 10 siècles d’avance sur la diplomatie française quant à la sphère communiste. Il nous a permis de communier avec Solidarnosc et de poser de beaux jalons avec la Pologne. La seule chose qu’il n’à pas vu venir, c’est l’élection de Jean Paul qui a accéléré le cours de l’histoire qu’il nous prophétisait.
Il a maintenant une longueur d’avance sur nous : il est au port pour une éternité d’Amour. Il sait maintenant le détail de l’histoire de son Algérie si belle. Certainement qu’il prie pour elle et pour nous qui sommes en deuil de lui. Merci Louis