PAR GÉRARD HANNEZO*
Voici un dialogue voltairien, petit bijou d’esprit et de style, d’ironie et de sagesse satirique qui en dit plus long sur les mœurs politiques et la situation présente, que de longs exposés savants … LFAR
Candide : Est-il vrai que de grands changements se sont produits en politique ?
Pangloss : Énormes !
C. : Où ?
P: On a signé un accord, pour donner des milliards à une Grèce mise sous contrôle.
C.: Pourquoi faire ?
P.: Pour faire comme avant.
C.: Mais M. Tsipras a pris des engagements : la TVA sera doublée…
P.: Aucune importance. Personne ne la paie et tout se règlera comme avant, sans facture.
C.: Et la privatisation des biens publics sous le contrôle d’un fonds officiel ?
P.: Les directeurs grecs de ce fonds ont été changés tous les ans, car ils étaient achetés chaque année par les investisseurs.
C.: Il suffira de baser le nouveau fonds au Luxembourg
P.: Impossible. La fierté grecque en serait atteinte. Le nouveau fonds sera géré à Athènes, comme avant.
C.: Et les retraites ?
P. : Elles resteront au niveau des retraites françaises.
C.: Ce n’est que justice !
P. : Égalité d’abord ! La logique sera pour plus tard.
C.: Et les armateurs ?
P: La Constitution stipule que les armateurs resteront exemptés d’impôts.
C. : Pourquoi ?
P.: Les armateurs créent des emplois
C. : Où ?
P : En mer !
C : Et l’Église orthodoxe ?
P. : Intouchable : elle joue le rôle de notre Sécurité sociale, les Grecs y sont très attachés. Vous ne voudriez tout de même pas qu’on touche à la Sécurité sociale ?
C.: Et l’utilisation du cadastre pour recouvrir l’impôt foncier ?
P. : Imminente depuis 1840.
C.: C’est donc pour bientôt…
♦
C.: Les changements sont-ils plus visibles en France ?
P. : Énormes changements, l’extrême-droite fait maintenant des scores de vingt-cinq pour cent, alors que les socialistes et les Républicains ne dépassent pas vingt pour cent chacun.
C.: Quel chambardement !
P.: Aucun, puisque la loi électorale empêche le Front National d’être représenté.
C.: Mais les hommes en place ont entendu la volonté populaire…
P.: Oui, mais ce n’est pas le moment de réaliser les promesses de maîtrise migratoire du candidat Hollande.
C.: Des « quotas d’immigration » ?
P.. : Vous nommez trop directement les choses. En France, un problème dont on ne parle pas est un problème plus qu’à moitié résolu.
C.: Alors quand ?
R.: Au moment voulu.
C.: C’est-à-dire ?
P.: Quand on aura des terroristes à Paris.
C. : Alors maintenant ? Ils sont venus visiter le Bataclan…
P: Non. Il faut attendre. Les terroristes ne sont pas encore place de l’Étoile.,
C.: Que fera alors le Pouvoir ?
P.: Il appellera au calme républicain et annoncera la mise en place d’une cellule de crise.
C.: Pourquoi faire ?
R: Pour étudier l’hypothèse des « quotas d’immigration »…
♦
C.: Et que penser des efforts de libéralisation de l’économie ?
P: La loi du socialiste Macron veut faire ce que voudrait faire un gouvernement de droite.
C.: Les députés de droite la soutiennent, évidemment ?
P.: Évidemment non !
C.: Je ne comprends rien au jeu parlementaire.
R: Sachez qu’à droite, on attend d’être parvenu au pouvoir pour faire ce que fait l’actuel président de gauche.
C.: Le président actuel n’est donc plus socialiste ?
P.: Si. Il dit l’être plus que jamais.
C.: Je ne comprends rien à la politique.
Pangloss: Retournez à Sciences-Po, où les candidats de Seine-Saint-Denis rentrent d’ailleurs sur concours spécial.
Candide : L’avenir est assuré. •
* Ingénieur chimiste, Gérard Hannezo a exercé des activités d’ingénieur d’affaires international, montant des projets industriels en Afrique, notamment en Algérie. Expert à l’ONUDI, structure de l’ONU pour le développement industriel, il fait bénéficier de son expérience une association franco-africaine vouée au codéveloppement, l’AFACO. Il a exposé ses projets dans la Nouvelle Revue universelle n°40. Comme on va le voir ici, il se livre aussi à de tout autres exercices.
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