Palais des monarques du Yemen
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, qui fut longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, et a publié plusieurs essais sur l’Islam, travaille maintenant à Casablanca pour le 360, principal site de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà publié des extraits. Nous en ferons autant désormais, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
Septembre 2010
Dans une bibliothèque amie de ce vaste plateau, entre Comtat Venaissin et Provence stricto-sensu, je tombe sur un livre de 1954 dû à l’explorateur oublié, François Balsan, A travers l’Arabie inconnue. Des villes mortes du royaume de Saba aux palais des seigneurs des sables. Balsan se fit alors connaître pour son expédition vers les mines de sel situées au bord du Rob-el-Khali, le « Quart-Vide », immense désert, encore mal connu aujourd’hui, aux confins du Yemen, de l’Arabie-Séoudite et du Sultanat d’Oman.
Quoique au départ très baroudeur « apolitique », Balsan a vite compris la « musique » au contact des sujets de l’imam yéménite, une lignée millénaire que la bêtise nassériene devait renverser en 1962, malgré la contre-révolution militairement animée par le baroudeur très politisé Bob Denard. Voici donc ce que Balsan notait dans son journal de voyage :
« Nous ne cesserons de constater et d’admirer au cours de notre séjour la promiscuité voulue entre chef et sujets. Elle crée l’amour en sauvegardant le prestige. On vit mêlé avec ses inférieurs sans rien perdre de leur déférence affectueuse. Il serait inutile de chercher cette harmonie dans les grotesques républiques qu’on prétend substituer un peu partout aux derniers Etats féodaux. Ces pays ne sont pas encore mûrs pour notre médiocrité ! »
Nul alors ne remarqua ces propos de terrain consignés par l’explorateur et l’Imanat yéménite fut renversé, dans l’indifférence quasi-générale, laissant place, depuis lors, à une interminable et désespérante litanie de dictatures plus ou moins « grotesques », d’interventions étrangères, bref un magma sanglant qui fait plus que jamais apparaître comme une « belle époque » le régime paternel (et paternaliste) de l’imam-roi… •
C’était comme cela du temps de louis XVI : Le Roi et ceux qui sont avec lui. «Pierre et ceux qui sont avec lui.» (Marc 1, 36 et Luc 9, 32).
Telle est la légitimité.