Retour, ce dimanche, sur cette frange de 35 ans d’histoire du royalisme français et d’histoire de l’Action française, qui a laissé des traces et des souvenirs durables dans le Midi et au delà.
L’aventure des Rassemblements Royalistes de Provence commence, sous la présidence de Pierre Chauvet, le 8 juin 1969, entre les deux tours de l’élection présidentielle, à l’abbaye de Montmajour, dans la plaine d’Arles.
L’Union Royaliste Provençale osait organiser une réunion populaire ! Elle reprenait la tradition des rassemblements d’avant-guerre et faisait revivre le midi royaliste.
Le pari fut réussi. L’expérience pouvait se renouveler. Le Rassemblement avait désormais un retentissement national. L’aventure s’est prolongée pendant plus de 35 ans [1969-2005].
• Les Rassemblements royalistes de Montmajour, Saint Martin de Crau, les Baux, donnaient lieu à une action de communication dans tout le Sud-est, grâce à une mobilisation militante importante. Certaines années, 25.000 affiches sont collées; 100.000 tracts sont distribués; des disques, des manifestes, des brochures, des journaux sont édités. La presse écrite, la radio, la télévision sont présentes.
• Les présidents du comité d’honneur : En 1969, ce fut Jacques MAURRAS; en 1970, le duc de LEVIS-MIREPOIX, en 1971, Thierry MAULNIER qui envoyait un message à la foule, en 1972, le duc de Castries, trois académiciens français …
• Le « Manifeste de Montmajour » analyse royaliste de la société contemporaine, fut publié en 1971.
• Saint Martin de Crau accueillit le Rassemblement en 1972, l’État ayant pris entièrement possession de Montmajour. Malgré la pluie, ce fut une grande foule qui s’y rassembla.
• Le Rassemblement s’est tenu aux Baux de Provence, à partir de 1973. Cette année-là, pendant quinze numéros, « L’Ordre Provençal » devint quotidien (avec prises de position sur l’actualité, échos de la campagne des Baux, enquêtes).
• Les Rassemblements à thème débutèrent en 1974. Cette année-là, ce fut : « Pour une contre-révolution globale ». En 1975, les royalistes s’attachèrent à défendre l’armée, alors vivement attaquée. Le thème de l’année suivante fut : « ni libéralisme, ni collectivisme, réaction populaire ». Jean DUTOURD adressa aux participants une lettre où il s’affirmait pour la première fois royaliste.
Le Rassemblement de 1977 servit de lancement à « Je Suis Français », mensuel de diffusion nationale.
En 1979, le Comte de Paris publia ses « Mémoires d’exil et de combat ». Les Baux prirent pour thème : « instaurons la Monarchie ». Le thème du Rassemblement de 1981 fut : « Résister », première réaction à l’arrivée de la gauche au pouvoir. 1983 et 1984 contribuèrent à la défense de l’école libre. En 1985, Gabriel Domenech, rédacteur en chef du grand quotidien régional Le Méridional, vint dire son accord avec les idées royalistes. 1987 commémora avec ampleur le Millénaire Capétien. Une étude de deux militants marseillais, fut alors publiée : « Pour la monarchie de demain ».
Les Rassemblements de 1989 & 93 ont été ceux du bicentenaire de la Révolution, du martyre de LOUIS XVI, de la Vendée, des années de Terreur. Malgré les mythes officiels, ce furent, en réalité, les premières manifestations du totalitarisme moderne. Ce thème fut brillamment traité aux Baux.
En 1995, les royalistes des BAUX manifestèrent leur scepticisme après la toute récente élection de Jacques Chirac à la tête de l’État. En 1996, le thème fut : « Pour défendre l’identité chrétienne et royale de la France ». La réunion de 1997 (« demain sauver la France ») manifestait l’opposition des royalistes à l’Europe de Maastricht.
• Les Rassemblements Royalistes de Provence devenus une tradition ont souvent eu un grand écho médiatique. Ils ont été une tribune pour les idées royalistes en même temps qu’un moyen de discuter, de prendre des contacts, de s’informer des activités royalistes en Provence et dans toute la France. Ce fut aussi une fête amicale (stands de livres, d’objets d’art, de jeux, bar, buffet, animations) et le point de départ des actions militantes de l’année qui suit.
• Un changement important s’annonçait lors du Rassemblement de 1999 qui développait l’idée d’un nouveau « projet national royal ». Ce projet s’incarne en effet dans un prince qui est annoncé en 2000 : “Un rendez-vous de l’Histoire qui se prépare”. Et en 2002, le Prince Jean de France, duc de Vendôme, accompagné de son frère, le prince Eudes, duc d’Angoulême, et de son épouse, choisit Les Baux comme lieu de la première rencontre publique entre la famille de France et les royalistes depuis des dizaines d’années.
• Une « métamorphose » des Rassemblements prend forme en 2005 avec la création d’une journée de « débat royaliste » où des intellectuels de haut niveau analysent les problèmes contemporains, présentent nos positions et où l’on travaille, ensemble, aux progrès du projet national royal.
Ce sont trente-cinq ans d’Action française, d’engagements politiques, que résume ce bref rappel historique. Après 2005, nos activités ont pris des orientations nouvelles, adaptées aux situations et aux techniques d’aujourd’hui. Rien n’empêche toutefois qu’en temps opportun l’aventure des rassemblements royalistes de Provence soit reprise, sous une forme ou sous une autre. La plus propre à servir l’idée nationale et royale. •
Ils ont pris la parole dans ces rassemblements, parmi beaucoup d’autres …
[Dans l’ordre des photographies]
Pierre BOUTANG – Pierre DEBRAY – Gérard de GUBERNATIS – Marcel JULLIAN – Gérard LECLERC – Jean RASPAIL – Michel de SAINT-PIERRE – Jean SEVILLIA – Gustave THIBON – Jacques TREMOLET de VILLERS – Jean Marc VARAUT – Vladimir VOLKOFF
« L’aventure des rassemblements royalistes de Provence » : pour visiter l’album, cliquez sur l’image ci-contre.
Bonjour,
Votre site est souvent passionnant pour les » historiens du dimanche ».
Je réalise actuellement une étude sur l’historien marseillais Victor Nguyen et dans ce cadre j’ai découvert qu’après 1945, le Centre de Propagande et d’Action Royaliste de Marseille. regroupait les militants et sympathisants royalistes des Bouches du Rhône, Vaucluse, Var, Basse-Alpes, Alpes-Maritimes, Corse, Hautes-Alpes et était présidé depuis 1950 par Pierre Chauvet. Ce constructeur en Bâtiment et Travaux public avait été à l’origine des grands rassemblements provençaux des arènes de Nîmes et à Saint Martin de Crau.
Charles Maurras avait, d’après mes recherches, appelé à ces premier rassemblements organisés par Pierre Chauvet.
Est-ce que je me trompe ? Si oui n’hésitez pas a me donner des éléments.
Si vous disposez d’informations sur Victor Nguyen ou l’avez fréquenté, n’hésitez pas a me le faire savoir sur : cafehistoiredetoulon@gmail.com
Quelques remarques en « réponse » au commentaire ci-dessus.
1. Les départements énumérés définissent l’Union |ou Fédération] Royaliste Provençale
2. Les « sections » d’Action française de la région ont été organisées en une fédération à l’issue de la Grande Guerre par Louis Dromard qui en a été le premier président. [Grosso modo entre 1920 et 1950]. Ses successeurs ont été Pierre Chauvet, Jean Arnaud, Michel Franceschetti et Jean Gugliotta.
3. Pierre Chauvet a succédé au commandant Dromard [« ce noble Franc-Comtois naturalisé Provençal » écrit Maurras] vers 1950. C’est sous sa présidence qu’ont été organisés, en effet, les rassemblements de Nîmes, Saint-Martin de Crau, Montmajour, de nouveau Saint-Martin de Crau, puis Les Baux. Le premier rassemblement de Saint-Martin de Crau s’est tenu en 1952. Maurras avait adressé un très beau message pour présenter aux participants « les salutations de la bienvenue » à « ce beau rendez-vous de notre Pierre Chauvet ». Ce message fut lu par Jacques Maurras. Il l’a d’ailleurs relu, vingt-ans plus tard, lors du second rassemblement royaliste de Saint Martin de Crau en 1972. [Voir « Lettres de Prison » – 28.06.1952].Sur le plan professionnel, Pierre Chauvet dirigeait l’une des principales entreprises de bâtiment de Marseille. Il était aussi une personnalité économique de la région..
J’iai connu Victor Nguyen dans les années 1960, soit au siège de l’Union Royaliste Provençale [9 rue Saint-Suffren, place Castellane], où il est venu de rares fois, soit à Aix, à la faculté. Je ne l’ai pas fréquenté. Il n’était pas ou plus « militant ».
Merci beaucoup pour ces précisions elles confirment bien que Victor Nguyen ne fut au mieux qu’un compagnon de route de la Restauration nationale qu’il fréquentait surtout dans le cadre de sa recherche de témoignages sur le maurrassisme et ses influences.
Encore une question; pouvez-vous me confirmer si Jacques Toublanc était bien le responsable des jeunes sur Marseille avant de devenir secretaire général des étudiants d’AF (ce qui suppose une localisation parisienne) sous le pseudonyme de Danjou. J’ai effectivement reçu comme témoignage d’un aixois que Toublanc avait été en lien avec Nguyen au local de la rue de Suffren.
Toutes ces questions relèvent de mes recherches sur Nguyen en tant qu’historien. Merci pour les « petits détails » que vous m’apportez et sachez que grâce a votre site, j’ai également été contacté par un ancien étudiant d’AF qui a connu Nguyen..
Très cordialement « un chercheur passionné par les études maurrassiennes »
cafehistoiredetoulon@gmail.com
Il s’agit, en fait, de Jean Toublanc.
Il était, en effet, à Marseille, fin 1963,- début 1964.
En réalité, il avait fait partie, je crois bien, des évadés du camp de Saint-Maurice l’Ardoise où il avait passé quelques temps parmi les détenus Algérie française.
Il s’était en quelque sorte, quoique parisien, « réfugié » à Marseille, où il fut plus ou moins un « permanent » de l’Union Royaliste Provençale, pendant, me semble-t-il, 2 ou 3 ans. Il travaillait rue Saint-Suffren, où nous nous rencontrions pratiquement tous les jours. Nous étions alors assez proches.
L’épisode Danjou est, je pense, en fait, antérieur à son séjour en Provence. …
Il n’a pas été responsable des étudiants d’A.F.dont j’étais alors. Ou très brièvement. Il était assez nettement notre aîné. Pendant un certain temps – un an ou deux – il assurait simplement les cercles d’études. Il a, naturellement, connu Victor Nguyen, mais je ne crois pas qu’ils aient eu des rapports étroits ni très fréquents.
Il a ensuite quitté Marseille pour Paris. Il a appartenu aux Comités Directeurs de l’Action française. En mars 1971, il a été l’un des quatre membres de ce comité à le quitter pour fonder la NAF.
Personnellement, je n’ai plus eu de contact avec lui, par la suite.
Cordialement, bien-sûr !
Pour avoir quelquefois approché Victor Nguyen lors de sessions d’études, il me semble qu’il était davantage qu’un simple « compagnon de route » de la RN. Simplement, c’était un chercheur, un intellectuel exclusif et il ne devait pas avoir ni le temps, ni le goût des collages d’affiches et des distributions de tract.
Quant à Jean Toublanc, son passage à la NAF-NAR fut assez bref.(71-74). Il est mort en 2003.