En pleine crise agricole et à moins d’une semaine du Salon de l’Agriculture, Périco Légasse revient sur les dégâts causés par la Commission européenne, la FNSEA et la spéculation boursière à une filière jadis reine en France. [Entretien dans Figarovox du 19.02]. Pour lui, cette crise est le résultat d’une dérive productiviste qui met en danger notre identité nationale. Ainsi, on commence à se rendre compte que le problème agricole français n’est pas seulement économique ou financier et ne se réduit pas à une affaire de management. Il est avant tout identitaire et civilisationnel. Périco Légasse apporte au moins ici sa pierre à un débat de fond qui concerne au sens plein notre nation. Sauvegarder l’identité française, ce n’est pas seulement la préserver, par exemple, des migrants, mais aussi des maladies de la postmodernité. LFAR
La crise agricole est en train de prendre une tournure inquiétante. Est-on arrivé à ce fameux point de rupture dont certains experts pensent qu’il pourrait générer des chaos encore plus tragiques ?
Tout porte à le croire, car les mesures décidées par le gouvernement et présentées par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale prouvent qu’il y a, cette fois-ci, une grande inquiétude au sommet de l’Etat. Et s’il s’est décidé à passer à l’acte aussi rapidement, c’est qu’il y a urgence. Que faut-il, après les incidents de ces derniers mois, pour qu’enfin l’on comprenne à Paris comme à Bruxelles que cette crise-là n’est pas comme les précédentes ? Elle est celle de ceux qui n’ont plus rien à perdre. On sait depuis trop longtemps que certains secteurs au bord du désespoir vont basculer dans l’irréparable. Violences, suicides, affrontements.
N’empêche, des situations aussi extrêmes auraient pu être évitées bien plus tôt puisque nos dirigeants trouvent soudain les moyens de prendre la crise par les cornes. N’empêche, la méthode reste la même : on continue, à coups de millions d’euros, trouvés dieu sait où, finalement payés par le contribuable, à colmater les brèches, à panser les plaies, à mettre des rustines sur les fuites, pour repousser le problème au prochain déluge. Cette stratégie est irresponsable car elle ne résout rien sur le fond. Elle est surtout l’aveu que le gouvernement français ne dispose plus des leviers nécessaires à une réforme structurelle du mode de fonctionnement de notre agriculture. Ces leviers, c’est la Commission européenne qui les détient et nous savons de quelle agriculture rêve la Commission. Son modèle ? Les usines à cochon allemandes, avec main d’œuvre bulgare payée à la roumaine, dont la viande de porc agglomérée a donné le coup de grâce aux éleveurs intensifs bretons auxquels on avait assuré que leurs tarifs étaient imbattables. C’est ça l’Europe libérale libre et non faussée ?
Personne n’a donc vu venir le danger ? C’est étonnant…
Nous avons accepté d’être dépossédés de prérogatives souveraines qui font défaut aujourd’hui à la République française pour sauver sa paysannerie. J’espère qu’il y aura un jour un tribunal de l’histoire pour juger les coupables qui ont accepté ces reniements successifs. L’éleveur laitier au bord du gouffre, qui voit son voisin revenir du super marché avec dix packs de lait UHT importés de Pologne, et auquel on demande son trentième certificat vétérinaire, a peut être des raisons de désespérer de cette Europe portée aux nues par son maire, son député, son sénateur, son président de chambre d’agriculture, son gouvernement, son chef d’Etat, souvent son journal, sa télé ou sa radio.
La pression exercée par les services de l’Etat, la banque, l’Europe et les aléas du marché sur nos agriculteurs atteint-elle ses limites ?
De normes sanitaires en règles communautaires, de contraintes financières en directives administratives, d’emprunts asphyxiants auxquels on les a poussés en leur tenant le stylo, aux pratiques commerciales imposées par le lobby agro industriel et par la grande distribution, les agriculteurs de France sont à bout. Pas les gros céréaliers nantis, liés à certaines coopératives et gavés de subsides européens, mais ceux qui nourrissent directement la population. Promenés et balancés de promesses électorales en programmes gouvernementaux jamais tenus, sous prétexte que nous sommes 12, puis 15, puis 18, puis 28 Etats à décider ensemble, ils ont contenu leur colère durant des décennies. « Mais rassurez vous, nous défendons bec et ongles vos intérêts à Bruxelles. Faites nous confiance, nous vous soutenons » … comme la corde soutient le pendu. Les chambres d’agriculture ont poussé les exploitants à devenir exploités, les incitant à s’agrandir en surface, à concentrer la ressource, à augmenter les rendements, à acheter des machines chaque fois plus grosses et coûteuses pour s’installer dans un productivisme global et compétitif. Ces paysans sont aujourd’hui floués, ruinés, abandonnés. On ne peut pas demander à un homme qui est à terre d’obtempérer sous peine de sanction, ni à un homme pris à la gorge, et qui ne sait plus comment nourrir sa famille, de s’acquitter des ses échéances bancaires ou sociales. Alors, épouvantable réalité, ceux qui sont acculés, à bouts de nerfs, sans lendemain, basculent parfois dans l’irréparable. La colère des agriculteurs est à l’image des désordres qui menacent la planète.
L’importance du mouvement, la pugnacité des agriculteurs révoltés et l’extension du phénomène à toute la France révèlent-elles une souffrance plus profonde que ce que l’on peut imaginer ?
Nous sommes au delà de la tragédie humaine. Le désespoir agricole nous conduit à une tragédie nationale de grande ampleur. Et les effets aggravants vont exacerber les exaspérations déjà explosives. Car ce ne sont plus seulement les éleveurs bovins et les producteurs laitiers qui durcissent leurs actions. A l’Assemblée Nationale, ce jeudi 17 février, Manuel Valls déclarait que le gouvernement et l’Europe ont pris leurs responsabilités (baisse de 7 points pour les cotisations sociales des agriculteurs en difficulté et année blanche fiscale pour ceux à faibles revenus), et qu’il a appartient désormais aux agriculteurs de prendre les leurs. C’est le comble.
Qui a conduit l’agriculture française dans cette impasse, toutes majorités confondues, depuis trente ans, en partenariat politique étroit avec le syndicat majoritaire? Qui, jusqu’au vote de la loi d’avenir, et de son programme d’agro-écologie porté par Stéphane Le Foll, en septembre 2014, par le parlement, a validé toutes les dispositions inféodant davantage l’agriculture française aux desiderata des lobbies bruxellois ? Qui a validé la dérégulation du marché et la suppression des quotas laitiers sans contreparties ? Qui refuse d’imposer la traçabilité des viandes entrant dans la composition des produits transformés ? Qui laisse pénétrer chaque année sur notre territoire des millions de tonnes de tourteau de soja destinées à gaver nos élevages intensifs ? Qui favorise l’importation déloyale et faussée de millions de litres de lait en provenance d’autres continents pour satisfaire aux oukases tarifaires de la grande distribution ? Les cours mondiaux! Toujours les cours, mais alors qu’on le dise clairement, la France est soumise aux aléas d’une corbeille boursière qui décide de la survie ou non de nos exploitations agricoles. Quelle nation souveraine digne de ce nom peut accepter de sacrifier une partie de son peuple aux ambitions de patrons de casinos où le blé, la viande et le lait sont des jetons sur un tapis vert ? La seule vraie question qui vaille est: ça nous rapporte quoi? La mort de nos campagnes, de ceux qui les entretiennent et une dépendance accrue aux systèmes agro industriels qui abîment la Terre, l’homme et l’animal.
Alors qu’on recense environ un suicide d’agriculteur tous les trois jours, les pouvoirs publics prennent-ils la mesure du drame ?
Les agriculteurs étranglés, aux abois, meurtris, voient leur pays importer les cordes auxquelles ils se pendent. Un paysan qui se suicide n’est finalement que le dégât collatéral de la modernisation de l’agriculture et de l’adaptation au marché globalisé. Le bœuf que l’on jette aux piranhas pour que le reste du troupeau puisse passer. Le seul problème est que, finalement, tout le troupeau y passe. Qui sont ces agriculteurs qui se suicident ? Précisément ceux qui appliquent à la lettre depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans pour certains, les instructions et les recommandations du syndicat majoritaire, cette FNSEA qui a beau jeu aujourd’hui de barrer les routes et de bloquer les villes après avoir encouragé et accompagné toutes les politiques ayant conduit à ce massacre. Précisément ceux qui ont cru, en toute bonne foi (on leur avait si bien expliqué qu’il n’y a pas d’autres solutions possibles) que les programmes officiels, de gestion des cultures et des élevages pour se conformer aux lois du marché, les conduiraient à la richesse. Ceux-là sont ceux qui se pendent les premiers sous le regard compassé de ceux qui ont tressé la corde fatidique. Certes, il y a bien eu la PAC, avec des centaines de milliards reversés aux agriculteurs les plus riches qui s’alignaient doctement sur les critères du productivisme alors que les autres étaient obligés de tendre la main à Bruxelles pour obtenir une obole. Comment une puissance au patrimoine agricole si glorieux et si performant a-t-elle pu laisser ce trésor se détériorer aussi vite et aussi tragiquement. Quelqu’un a forcément menti à un moment donné de l’histoire.
Le Salon de l’Agriculture s’ouvre dans dix jours. Que faut-il en attendre ?
On l’appelait autrefois la Foire agricole. C’était une fête. La vitrine des fiertés paysannes de la France. L’engagement fervent de ceux qui montaient à la capitale pour témoigner qu’une majeure partie du pays continuait à travailler la terre pour nourrir la nation. L’édition 2016 sera marquée par les drames et les détresses ayant marqué les douze derniers mois. Mais rien n’y fera. La Foire restera celle des grandes enseignes industrielles et commerciales dont les bénéfices se sont faits sur l’éradication d’une société qu’ils ont contribué à ruiner. Qu’un vainqueur vienne planter ses aigles sur le territoire du vaincu est une chose, mais qu’un marchand de produits toxiques vienne édifier un mausolée au milieu du cimetière de ses victimes en arborant un grand panneau sur lequel on peut lire « Voici mon œuvre » est pour le moins original. Car les grandes enseignes mercantiles qui fleurissent le long des allées du salon, entre les vaches et les cochons, les sacs de grain et les bidons de lait, les vergers reconstitués et les prairies artificielles, pour faire croire qu’elles sont les bienfaitrices de ce qui n’est plus qu’un musée de la honte agricole, n’auront pas le courage de financer un grand mur sur lequel on pourrait afficher les trois mille photos des paysans qui se sont suicidés depuis 2007. Et si l’on demandait aux grandes marques dont les panneaux colorent à perte de vue les halls de la porte de Versailles d’indiquer combien de tonnes de lait en poudre néo-zélandais, de fruits et légumes saturés de pesticides, de viandes infâmes, de produits cuisinés nocifs, etc, etc, elles ont importés, puis déversés, à prix écrasés, sur les rayons des grandes surfaces, tout en creusant la tombe des agriculteurs français n’ayant pu s’aligner sur les tarifs de cette merde… Que faut-il en attendre? Plus de larmes et plus de sang pour les agriculteurs pris au piège et plus de profits et de bonne conscience pour ceux qui les exploitent.
Existe-t-il une perspective pour sortir de cette impasse ?
Oui, et même plusieurs: un gouvernement de combat et non un casting pour meeting électoral du PS avec supplétifs d’occasion. Exemple, dans la configuration politique actuelle, c’est Stéphane Le Foll qu’il aurait fallu nommer Premier ministre, afin de faire du programme d’agro-écologie, tout juste initié mais bientôt amplifié, une priorité nationale qui soit l’objectif premier du gouvernement de la République. Face à la détresse agricole, ce grand projet couvre toutes les problématiques et ouvre des perspectives au-delà même des enjeux agricoles. Il s’agit d’une redéfinition des logiques ayant prévalu jusqu’à aujourd’hui afin que l’agriculteur ne soit plus tributaire des spéculations et des OPA que la finance internationale lance sur les ressources alimentaires. Une seule réalité s’impose à toutes les autres: l’agriculture n’est pas faite pour produire, elle est faite pour nourrir. Nous avons la formule, nous avons le processus, nous avons des expériences. Un tel défi ne peut que susciter un vaste consensus populaire. De toutes les façons, seule une baisse générale de la production compensée par une redistribution qualitative de notre agriculture vers des formes de cultures et d’élevages répondant à la fois aux besoins et aux attentes de la population et aux impératifs d’un monde durable permettront de sortir de cette impasse. L’exacte contraire de ce que prône la FNSEA, toujours persuadée que le salut ne peut venir que d’une augmentation ultra modernisée de la taille des exploitations et des volumes, c’est-à-dire l’aggravation de tout ce qui a conduit l’agriculture française dans le mur. Cette redéfinition est une question de survie. Et plus l’on attendra avant de la décider, moins nous aurons de chance de voir nos agriculteurs redevenir des paysans. La clé du problème est là: rendez nous nos paysans!
Et en projetant un peu plus loin ?
De même, il est fondamental de mettre en place un programme scolaire d’éducation citoyenne du consommateur concerté avec le ministère de l’Agriculture. Les bases existent sous le projet « classes du goût », créées par Jacques Puisais en 1975 puis expérimentées un temps dans certains collèges. Le client de demain doit apprendre à consommer pour se faire du bien, pour soutenir une agriculture qui le nourrisse sainement tout en préservant l’environnement, pour soutenir une industrie agroalimentaire créatrice de richesse et d’emploi dans le respect d’une agriculture porteuse d’avenir, pour soutenir un artisanat employeur garantissant la pérennité de savoirs faire et d’activités. Consommer moins mais mieux. Chaque année, chaque Français jette 7 kilos d’aliments frais emballés. Des millions de tonnes de nourriture à bas prix que l’on pourrait reconvertir en profit pour les agriculteurs qui produiraient donc un peu moins mais mieux payés. Sur le terrain de la compétitivité internationale, nous serons toujours battus par des systèmes qui peuvent produire encore plus infâme et moins cher. Cela passe par une émancipation des diktats bruxellois et le retour à la subsidiarité française en matière de normes agricoles. Enfin, repeupler nos campagnes et remettre en culture des terres abandonnées ou abîmées tout en créant une activité agricole conformes aux enjeux contemporains, non dans la surproduction surconsommée, mais dans une juste productivité qui permette de satisfaire 99% de la demande intérieure et d’en exporter l’excellence vers des marchés demandeurs. La France a besoin de ses paysans pour vivre, pour être, pour durer. •
Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l’hebdomadaire Marianne.
Entretien par Alexandre Devecchio
Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio
Excellent article qui est tout un programme de politique générale agricole et pas seulement. Peut-on espérer qu’il soit lu et médité par nos politiciens de gouvernement et que l’on sorte enfin de cette inféodation aux diktats des lobbies bruxellois.
On accorde au Royaume-Uni des accommodements avec la réglementation européenne, car les Britanniques savent défendre leurs intérêts, égoïstement et cyniquement s’il le faut. Par contre, on est prêt à écraser les autres pays sous les sanctions s’ils osent se permettre quelques divergences de point de vue et d’action. Qu’attendent donc nos gouvernants pour faire preuve d’un peu plus d’autonomie, refuser les contraintes scandaleuses et faire enfin passer les intérêts du pays avant ceux d’une idéologie européiste fumeuse?
Désolé d’intervenir dans ce débat de l’Agriculture Française. Désolé, car ce que j’ai à dire déplaira… Ancien agriculteur, je crois pouvoir affirmer que les difficultés ont 3 causes principales:
– La profession (les professions agricoles, plutôt) est mal représentée. Je ne conteste pas l’intégrité de Xavier Beulin, mais sa légitimité. En quoi, ce monsieur peut-il prétendre représenter les exploitations françaises dans leur diversité et leurs structures familiales? Gros agriculteur céréalier, industriel, ses préoccupations sont évidemment éloignées de celles des agriculteurs qui manifestent. Sa réussite exemplaire n’est pas pour autant un passeport pour la défense des intérêts paysans. Imagine-t’on Bernard Arnaud ou Vincent Bolloré a la tête d’un syndicat ouvrier? Certes, on y rencontrerait moins de démagogie, mais ce n’est pas assez pour faire avancer les choses,
Les gauchistes qui gangrènent l’Occident depuis un demi-siècle ont voulu avec une obstination idéologique maintenir un certain nombre d’installation de jeunes sans tenir compte de l’inévitable évolution des structures des exploitations. Evolution indispensable pour faire face à la concurrence internationale (car contrairement à ce que croient souvent les agriculteurs, ils sont en concurrence…),
enfin, il suffit de regarder le matériel « exposé » lors des manifs pour s’en persuader, la gestion des exploitations est souvent calamiteuse. Comme me le faisait remarquer un ami éleveur : »mes voisins rivalisent de tracteurs flambant neufs et toujours plus puissants, mais pas un n’a investi dans un taureau capable d »améliorer son troupeau! » Je mesure que mes propos ne me feront pas que des amis chez mes anciens frères d’armes, dont je suis, au demeurant toujours solidaire.
la seule question qui vaille est:
« pourquoi le porc allemand est-il plus compétitif? »
Je crois avoir répondu à cette question.
Comme toujours saine,forte et lucide colère de PL! L’analyse de l’incroyable aveuglement des politiques, des « experts » et hélas,il faut bien le dire de la majorité des agriculteurs depuis plus de 40 ans est imparable,tout autant que la claire vision de la gravité de la crise actuelle,simple prolongement d’une lente dérive masquée par les » aides « , médecine palliative qui a conduit en fait le malade a l’agonie terminale……
Par contre je ne crois pas qu’on puisse attendre de l’Europe telle qu’elle existe une acceptation et un soutien de la refonte totale du système agricole français dont PL dit bien la necessité.
Ce ne sont pas une » émancipation des diktats bruxellois et le retour a la subsidiarité » qui la permettront. Il faut sortir de l’Europe de Bruxelles pour la BRISER ,avant de la refondre sur de nouvelles bases,respectueuses des souverainetés et du véritable interet de ses Peuples. C’est pourquoi il faut esperer que le FN se cramponnera a cette idée et gagnera pour l’appliquer,meme si on n’est pas d’accord a 100 pour 100 avec lui et avec tous les points de son programme……..
A coup d’emplatres sur jambes de bois,et pas seulement dans le domaine agricole on laisse les Maitres actuels de l’Europe poursuivre obstinément leurs objectifs a long terme.
Ce n’est pas de petits avantages obtenus par une jacquerie paysanne dont la France et la vraie Europe ont besoin ,mais d’une Revolution refondatrice, ,meme si le terme s’accompagne de mauvais relents historiques…..
Mal pour un bien peut-etre la crise profonde et dramatique de notre monde agricole permettra-t-elle au peuple français de le comprendre?
Pas sûr que vous ayez répondu à la question. Bien sûr que le porc allemand est plus compétitif: les structures d’élevage industriel y sont plus grosses et le prix de revient unitaire y est donc plus bas, sans parler d’autres causes de surcoût de l’élevage, et de l’agriculture en général, en France.
Mais la bonne question à poser à l’ensemble des consommateurs, ce devrait-être : voulez-vous manger du porc d’usine ou du porc fermier, certainement pas au même prix, mais le choix doit être clair.
Dans un petit village du sud Aveyron que je connais bien, le gros fermier du coin y avait répondu de façon claire : d’un côté, il avait sa petite usine d’élevage du porc en batterie nourri aux granulés de je ne sais quoi et traité aux antibiotiques, pour la commercialisation compétitive, et, un peu plus loin, il avait un enclos dans un pré où il élevait à l’ancienne une dizaine de cochons… pour sa consommation personnelle et un autre type de commercialisation. Pas fou le type, il savait, lui, ce qu’il n’avait pas envie de manger !
Je crois qu’Andydandy bien que – ou parce que – ancien agriculteur et, à un moindre degré, Jihème n’ont pas compris que pour refaire une grande agriculture française et sauver l’art de vivre français, il faudra sortir de la logique exclusive de la compétitivité (par rapport à quoi ?) de la concurrence internationale sans règles ni limites, du tout export, etc. Et entreprendre une campagne de normalisation française imposant des critères de qualité, hygiène, subsidiarité, santé, localisation, drastiques. Il y faudra une ferme volonté politique de l’Etat et l’adhésion des Français.
Quant à sortir de l’Europe, je ne suis pas sûr que le FN sera déterminant. Elle s’en charge en se défaisant toute seule.