Par Péroncel-Hugoz
Partisan d’un mixte tradition/modernité, Péroncel-Hugoz ne s’offusque pas de la réforme de l’orthographe lancée par Paris, mais il donne un coup de dent à ces Français qui ont omis de consulter les autres francophones … On s’étonnera – ou même on s’indignera – peut-être de sa position. Toutes réflexions faites, elle a pourtant sa logique. Il n’est pas si sûr qu’elle contredise sur le fond celle adoptée par l’Académie française dans son communiqué du 5 février dernier. Au besoin on s’y reportera, on le lira attentivement. En tout cas, le cas échéant, on en débattra … LFAR
Tempête bien parisienne, frivole et paradoxale, que celle qui agite, cet hiver, le microcosme intello de la « Ville-Lumière » … Figurez-vous que le régime socialiste a décidé de tenir enfin une promesse de … 1990 ! La simplification, la mise à jour de l’orthographe française sera donc en vigueur à la prochaine rentrée dans l’Hexagone.
Je connais un peu cette affaire car, à cette époque, je suivais pour Le « Monde » les affaires francophones et donc les activités de l’académicien et téléaste Alain Decaux qui, guère « socialo » mais patriote, avait accepté d’être ministre délégué à la Francophonie dans un cabinet Michel Rocard (1988-1991). Decaux veillait avec attention sur cette Francophonie, lancée en 1970 par le gaulliste André Malraux et qui avait attiré plusieurs dizaines de nations « ayant le français en partage », dont le Maroc et la Tunisie (mais pas l’Algérie)*.
Pensant aux écoliers du monde entier, Decaux avait, par raison, approuvé le projet de réforme, comme son collègue académicien Maurice Druon, grand ami du roi Hassan II et membre de l’Académie du Maroc. Druon fut à l’origine de l’entrée dans le Dictionnaire de l’Académie française de nombreux mots venus du Sud, comme « Chambellanie » (forgé et utilisé au Maroc) ou « Essencerie » (créé au Sénégal pour remplacer l’affreux « Station-Service »).
Moi-même, avec les encouragements de Druon et Decaux, j’apportai ma petite pierre à l’édifice en publiant en 1990 un de mes livres de voyage (« Villes du Sud », où je traite notamment de Tanger et Asilah) avec l’orthographe simplifiée. Ce que je ne fis pas pour les ouvrages suivants car, entre-temps, la France officielle avait enterré cet utile projet linguistique …
Aujourd’hui le Tout-Paris pensant polémique sur cette réforme ressuscitée et la tendance mondaine dominante est, pour l’instant, de la boycotter … Ecoutons plutôt cette haute figure de la vie culturelle française actuelle, l’académicien Marc Fumaroli**, esprit dynamique et jamais conformiste, pourfendeur sans pitié du « fanatisme égalitariste » de la République française socialiste et dénonciateur impayable de l’«Art-Fric » qui s’est greffé, comme un parasite, sur la Mondialisation financière …
Donc écoutons M. Fumaroli, en particulier dans « Le Figaro » du 12 février 2016 : « L’alarme suscitée par l’application d’une réforme très prudente de la langue française est très excessive et mal informée. Ce texte modeste, modéré, savamment médité, « de droite » aimerions-nous dire, fut approuvé [en 1990] par l’Académie. Il n’est jamais entré en vigueur, sans doute sous la pression du maximalisme de syndicats de gauche ». Sous les rois de France qui, à partir de François Ier (1515-1547), rendirent obligatoire la langue française dans la vie publique du Royaume des Lys, au moins trois grands amendements de l’idiome national eurent lieu sans drame.
Je ne vous en dirai pas plus, chers suiveurs curieux de connaître cette réforme, car vous pouvez en trouver tous les traits sur le Net. Vous y verrez que ledit projet n’a rien de révolutionnaire et ne concerne que 2.400 mots des 35.000 du français courant.
Vous apprécierez sans doute la disparition de l’inutile accent circonflexe sur « paraître » ou « maîtresse » – mais pas sur « mûr» , « sûr » ou « dû » afin d’éviter la confusion avec « mur », « sur » et « du ». Vous pouvez supprimer certains traits d’union sans utilité et écrire désormais « millepattes » ou « weekend ». Et le reste à l’avenant.
Le seul reproche que les francophones non français (soit environ 200 millions de locuteurs quotidiens des cinq continents) pourront faire à bon droit à cette réforme de 1990-2016, c’est que les linguistes français, sauf exception, l’ont élaborée entre eux, sans beaucoup se soucier de l’avis des francophones hors de France. La langue française est certes née en France mais son expansion mondiale, peu à peu depuis le XVIe siècle, a fait que l’idiome de Balzac et Houellebecq est devenu aussi celui de Léopold Senghor (Sénégal), Antonine Maillet (Quebec) ou Driss Chraïbi (Maroc, « Le passé simple », 1954).
Bon vent quand même à la réforme, qui de toute façon, ne rend pas caduque l’orthographe actuelle, laquelle va rester en vigueur sine die, afin que chacun puisse appliquer les nouveautés à son rythme, Inchallah ! Mais si certains Etats francophones, vexés par la désinvolture parisienne, décident de ne pas appliquer la réforme on risque d’avoir bientôt deux orthographes, l’ancienne et la réformée … •
* En 2016, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), siège à Paris, est dirigée par une Haïto-Canadienne et groupe environ 70 Etats, en comptant les observateurs.
** Ayant passé sa jeunesse à Fez et Meknès, M. Fumaroli a montré son attachement au Maroc en préfaçant volontiers, en 2014, « Meknès 1950 », intéressant ouvrage collectif composé par d’anciens Meknassis (collection Xénophon, dirigée par le natif de Salé Alain Sanders).
Lire : « Le tapis rouge », par Alain Decaux, de l’Académie française, Perrin, Paris, 1992.
Repris du journal en ligne marocain le 360 du 26.02.2016
Tout-à- fait d’accord pour laisser les spécialistes de l’Académie Françaisefaire leur travail,en liaison avec les autorités ad hoc des nombreux pays francophones.
Chers camarades de LFAR, merci de faire écho à ce coup de dent du très souvent bien inspiré Péroncel-Hugoz.
Dommage toutefois d’illustrer par une césure malencontreuse la disparition du trait d’union jugé inutile dans la nouvelle orthographe:
«Vous pouvez supprimer certains traits d’union sans utilité et écrire désormais « mille-pattes » ou « weekend ». Et le reste à l’avenant.»!
Nous supposons que vous évoquez le trait d’union malencontreux de la première ligne du titre de cette note ! Vous avez raison. Sachez toutefois que nous ne sommes malheureusement pas maîtres de la typographie des titres en tête de note.. Elle est donnée par le logiciel mis en place par notre serveur Hautetfort. C’est un défaut dont les informaticiens, souvent, se soucient assez peu ! Cordialement.
cher Jacques Perret, au secours! Pardon de vous deranger en plein banquet des caporaux moustachus,ou vous festoyez pour l’eternité entre La Bigorne,ceux de la Grande Armée et les Dragons de Noailles, au son de la musique de Lulli, d’un boeuf mironton concocté dans la cuisine des anges sur une recette de Nana arrosé de ce petit muscadet bien sec et frais que vous aimiez tant……..Enfourchez la Bete Mahousse ,le petit Ernest en croupe,ou le velo que vous fites immortel,ou sautez sur le marchepied de la loco de la composition de calcul,n’importe….mais venez!Vite!Prenez en partant au ratelier d’armes votre mitraillette du maquis ,ou toute arme de votre choix : Lebel,Chassepot qui fit merveille tromblon, mousquet de d’Artagnan,;arquebuse,pertuisane,dague de mignon,épée de François Ier ou de Jeanne hallebarde , lance de tournoi régicide ou Durandal,peu me chaut…..le vieux professeur aixois du Camp des Saint amenera le flingot dont il fit si bon usage et moi le revolver d’ordonnance,calibre 11mms,modèle 1873 dont mon arriere-grand-père fit parler la poudre noire a travers le Maghreb.Et partons au combat! Il le faut:
Le temps du Français pour les Nuls est arrivé……!
Notre langue est compliquée,difficile.C’est vrai. Elle a desespéré,ou peu s’en faut,plus d’un escholier,voire d’un adulte,ou d’un aspirant a la Francophonie et a notre culture (Qui s’enorgueillit a juste titre d’avoir maitrisé l’une et accédé a l’autre par l’EFFORT ) , et ridiculisé plus d’un pretentieux aux dictées de Bernard Pivot…..Soit!
Et,a l’orée du Grand Remplacement mis en route par nos politiques et applaudie par nos »élites » elle ne convient pas a » l’arrivée des nouveaux publics,autrement dit d’adolescents venant de milieux ne leur permettant pas d’avoir une maitrise suffisante » (declaration en 2005 d’Alain Viala,Président en 2000 de la Commission chargée de réformer les programmes d’enseignement du Français). En clair l’orthographe étant difficile il faut la simplifier. C’est faire le choix délibéré d’un abaissement du NIVEAU D’EXIGENCE. Nous nous partageons clairement en deux camps :les partisans de sa valeur aristocratique (au sens étymologique ,d' »aristos » : le meilleur) et ceux de son inutilité. Cette querelle dépasse ,et de loin la possibilité offerte au bas-peuple (que l’on méprise ainsi…..) de baragouiner une langue qui est un lumineux chef d’oeuvre de précision et de subtilité,forgé au cours de 2000 ans d’Histoire par une lente maturation,riche d’apports exogènes et ponctuée d’interventions correctrices,c’est vrai,mais toujours destinées a la tirer vers le haut et non vers le bas….Ce qui était jusqu’a présent,entre autres le role de l’Académie Française,de façon lente et mesurée.
La Réforme ne toucherait que 2500 mots? Quel interet pour la jeunesse des banlieues qui,comme l’ont montré plusieurs études des années 80 et 90 soigneusement occultées maintenant n’a que 250 a 300 mots a sa disposition,dont beaucoup en « verlan » ou néologismes issus du melting pot ethnico-culturel. Quant aux petits Français de souche la conjonction de l’usage immodéré du « smartphone »avec ses textos en phonétique et du laxisme de l’ Ecole rend également bien inutile « l’officialisation » de la catastrophe orthographique en cours :
voici,fidelement rapportée,la conclusion d’une rédaction de ma petite fille de 15 ans,scolarisée dans un collège marsellais privé « de haut niveau » : sur le thème « racontez votre plus affreux cauchemar »
« Je poussa un cri perçant.Je tombi par terre,sentant mon corps se desintegrer, et mourus »
Sur le plan purement litteraire j’y ai trouvé quelquechose de « racinien »qui m’a rendu assez fier. Quant a l’orthographe
« je pouça un kri persan « ………de desespoir…..