par Michel MICHEL, sociologue
Sur l’instabilité structurelle du paysage idéologique en France
Une société ne se caractérise pas seulement par ce qu’elle est, mais aussi par ce qu’elle vise. L’homme est un être normatif et chaque société est caractérisée par des « utopies » qui constituent son armature morale et lui donnent une échelle commune de valeurs.
Gramsci avait montré que les idéologies n’étaient pas seulement une « superstructure » passive mais qu’au contraire, elles jouaient un rôle déterminant dans la conquête et l’exercice du pouvoir.
Feu le système Don Camillo/Peppone
Depuis la « philosophie des lumières », la France était traversée par une tension entre le catholicisme et une religion du « Progrès » (« réforme », « révolution », « changement », « modernité », etc.). Demain avait remplacé le Ciel comme ce qui polarise l’Espérance.
Aujourd’hui, la croyance au « Progrès » s’est effondrée (les gens ne croient plus que leurs enfants auront une vie meilleure que la leur). Avec la chute du mur de Berlin, la croyance aux « lendemains qui chantent » a perdu ses adeptes. Avec le communisme qui était hégémonique après la guerre de 40, les différentes formes de « progressisme » se sont dissipées.
Selon Gilles Lipoveski, la « modernité » consistait à jouir de l’avenir, la « post-modernité » à jouir du présent (« nous voulons tout et tout de suite » proclamaient les soixante-huitards). Il est probable que ce déclin du « Progrès » comme valeur se prolongera dans les prochaines années, sauf succès idéologique du « transhumanisme » (mais il me semble que si les gens sont prêts à bénéficier des techniques, ils ne sont pas prêts à en faire une pierre d’angle sur laquelle bâtir leur vie).
Pendant longtemps, la France a vécu dans une diarchie idéologique de type Don Camillo/Peppone : les conflits avaient été rudes (surtout vers le début du 20e siècle : séparation de l’Eglise et de l’Etat, expulsion des moines, affaire des fiches, etc.) ; mais, après la guerre de 14 – 18 ils s’étaient assoupis, à peine réveillés par la « guerre scolaire » au début du septennat de F. Mitterand.
L’irruption d’une grosse immigration musulmane est venue modifier cette guerre de tranchée presque ritualisée.
Masse amorphe et minorité structurantes
Sans doute les populations qui composent la France, dans leur immense majorité, se contentent de vivre « habituellement » avec une conscience limitée des enjeux idéologiques qui n’affectent pas directement leur activité de producteurs, consommateurs, spectateurs. Comme la limaille dans un champ magnétique, elles s’orientent en fonction des pôles qui leurs sont les plus proches. Mais aujourd’hui, d’autant plus qu’il n’y a plus de modèle dominant, et que les acteurs sont atomisés sans échelle de valeurs communes, la régulation par le marché reste souvent seule pour orienter les comportements. C’était le destin que promettaient à la fin du XXe siècle – pour s’en réjouir ou pour le déplorer- ceux qui, devant la décrépitude des « grands récits » (religieux et idéologiques) annonçaient « la fin de l’histoire » dans une société confortable insignifiante, régie par une « démocratie procédurale » dépourvue de toute dimension tragique. Depuis pourtant, la prophétie attribuée à André Malraux (personne n’en connaît la source) : « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » semble être justifiée. Par ailleurs le consensus « à gauche » des intellectuels semble mis à mal (cf. Eric Zemmour, Michel Houellebecq, Maurice Dantec, Philippe Muray, Alain Finkielkraut, Michel Onfray, etc.). Cette tendance se confirmera-t-elle les prochaines décennies ? C’est possible.
Trois pôles idéologiques
Aujourd’hui et dans les prochaines années, trois pôles sont susceptibles de proposer un système cohérent de valeurs et un projet de société susceptible de structurer notre société : le pôle « catholique et français toujours », le pôle des « valeurs républicaines » et le pôle « islamiste ».
– Le pôle « catholique et Français toujours ». Le vieux courant contre-révolutionnaire en est le noyau dur autour duquel se regroupent tous ceux pour qui la France est une réalité charnelle qui n’a pas commencé en 1789. Ce courant est largement réactivé par les jeunes générations qui ont conservé une pratique religieuse (de la génération Jean-Paul II à La Manif pour tous). Dans les années 60 à 80 les « progressistes chrétiens » avaient choisi l’enfouissement dans le monde et déconfessionalisaient les structures cléricales produisant la CFDT, la JOC et le deuxième gauche. Mais ce courant, encore largement représenté dans les structures officielles de l’institution ecclésiastiques, n’est pas parvenu à se reproduire. Le poisson dans l’eau a fondu laissant l’Eglise à ceux qu’ils nomment « les chrétiens identitaires » ou « décomplexés ».S’agglomèrent autour de ce mouvement de gros courants qualifiés de « populistes » qui peuvent regrouper des non-pratiquants, voire des athées, mais qui sont particulièrement sensibles à ce qu’on a appelé « la crise d’identité » (« on est chez nous »).
– Le pôle des « valeurs républicaines » réactualise le vieux courant du « contrat social ». Il s’agit d’émanciper l’individu des déterminations qu’il n’a pas choisies : déterminations sociales, culturelles familiales voir « naturelles » (cf. la dénonciation des « stéréotypes de genre »).
La nationalité française a pour fondement non pas l’appartenance à un groupe humain déterminé, mais l’adhésion aux grands principes du mouvement révolutionnaire : universalisme, égalitarisme, laïcisme… La France est moins la patrie des Français que celle des « droits de l’Homme » (avec un H majuscule).
En théorie, toutes les institutions de la république sont fondées sur ces principes ; ses promoteurs sont regroupés dans un certain nombre de sociétés de pensée (comme le Grand Orient, La Libre pensée, l’Union Rationaliste ou quelque syndicat d’instituteurs). Toute les « clientèles » qui bénéficient des largesses de l’appareil d’Etat se doivent de tenir ce discours « politiquement correct » (ou « langue de bois »).
Pendant quelques décennies on a voulu « achever » la révolution française par une « république sociale » qui traduirait dans la vie réelle les principes formels du régime (ce qui est loin d’être évident, cf. les travaux de Jean-Claude Michéa). Mais étant donné l’effondrement de la religion du Progrès et face aux échecs soviétique, maoïste ou cubain, « 1789 » est devenu le dernier bastion du mythe révolutionnaire (cf. par exemple les propos de Vincent Peillon).
Cette philosophie contractualiste s’accorde assez facilement avec l’externalisation des fonctions souveraines de l’Etat vers des instances supranationales (Union Européenne, OTAN, TAFTA , etc.). Elle sert aussi de fondement justificatif au libéralisme/libertaire.
– Le pôle islamiste : L’immigration de masse a amené en France des populations qui loin de leur cadre de vie coutumier se retrouvent en situation d’anomie. Les cités sont tout sauf des ghettos (par exemple : 56 nationalités au Val Fourré et plus encore d’ethnies différentes). L’Islam est le seul point commun à ces populations maghrébines, subsaharienne ou turques, la seule référence pour dépasser l’identité de la cage d’escalier. La confrontation à l’offre d’intégration par les « valeurs républicaines » et la société « libérale/libertaire » a suscité une réaction identitaire qui se traduit par un renforcement de la pratiques religieuse (ou plutôt des pratiques puisque dans le sunnisme, il n’y a pas de clergé susceptible d’homogénéiser ces pratiques).
Ce pôle est dominé par des influences étrangères (heureusement diverses : saoudiennes, qataries, marocaines, turques…) qui subventionnent les mosquées et fournissent les imams suivant des logiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec le bien commun de la nation française. D’autre part, il est normal que les adeptes d’une religion de la Loi espèrent établir une société conforme à la chariah.
Naturellement, on trouvera de nombreux exemples qui échappent à cette typologie (serviteurs de l’Etat souverainistes, catholiques bretons militants au PS, ou maghrébins convertis au christianisme ou au laïcisme, aussi il faut comprendre ces trois pôles comme des « idéal-types » qui, à la façon de Max Weber, sélectionnent les traits les plus pertinents pour permettre un raisonnement qui dépasse une vision atomisée et « nominaliste » de la société française.
Les enjeux de ces affrontements idéologiques sont surtout symboliques : voile dans les lieux publics, mariage gay, déchéance nationale… Mais chaque pôle pourra se prévaloir d’une légitimité qui pourra entrer en concurrence avec les deux autres :
- celle de l’identité et des traditions coutumières françaises,
- celle des institutions légales,
- celle de la jeunesse et d’un accroissement exponentiel.
Il y a donc, à présent, non plus deux, mais trois projets de société, provoquant le durcissement de chaque « camp », une radicalisation réactionnelle.
Deux contre un…
Quelles alliances sont possibles pour établir une hégémonie ?
Cependant, aucun de ces trois pôles ne semble – à présent en tout cas – en capacité de soumettre les deux autres. Pour construire un socle hégémonique susceptible de fonder un consensus, il est donc nécessaire de suivre une stratégie d’alliance. Trois combinaisons sont possibles :
1. La stratégie du « think tank » socialiste terra nova. Les « clientèles » suscitées par le contrôle des administrations ne suffisent pas à assurer l’avenir du PS. Il faut donc s’appuyer sur les groupes libertaires (minorités de « genre », anciens soixante huitards devenus « bobos »…) –d’où l’ouverture du front des « réformes sociétales »- et pourquoi pas libéral/libertaire( Emmanuel Macron) et d’autre part, il importe aussi de capter les voies des immigrés. Le thème un peu usé de l’anti-racisme n’y suffit pas. D’où la ralliement au modéle d’une société multi-culturelle, quitte à faire quelques entorses aux principes de « laïcité » au grand dam des intégristes des « valeurs républicaines ».
Dans cette optique, l’adversaire idéologique principal, le « fédérateur externe », c’est le courant « catholique et français toujours » qu’il faut diaboliser (fascisme, populisme, « guerre civile »…) et écarter des médias contrôlables (en attendant de trouver les moyens de contrôler les réseaux sociaux d’internet). Le roman de Michel Houellebecq Soumission donne une idée du scénario auquel cette stratégie pourrait aboutir.
2. La stratégie de la résistance identitaire. Il s’agit de défendre la France « coutumière » (« on est chez nous ») particulièrement contre l’immigration de masse. Mais cette position suscite dans le spectacle de médias dominants l’accusation infamante de xénophobie voire de racisme. Il s’agit donc de contrer la diabolisation en se « justifiant » par le vocabulaire du « consensus légal » de l’idéologie des « valeurs républicaines (d’où par exemple la surenchère laïque et républicaine du Front National). En outre, comme s’opposer à l’immigration de masse vous fera considérer comme « raciste », il est plus « correct » de tenir un discours contre l‘Islam analogue à celui du « petit père Combe » contre le catholicisme. Bien entendu, ce compromis stratégique soulève l’inquiétude des catholiques les plus traditionnalistes qui comprennent qu’avec ces positions ils ne pourront plus faire de processions ou exposer une crèche dans un espace publique.
3. La stratégie des communautés en faveur de « l’ordre naturel ». Les attaques frontales contre les « cathos » : lois « sociétales » (mariage des invertis, facilitation du divorce et de l’avortement, euthanasie, théorie du genre) n’ont pas seulement choqué les tenants du pôle « catholique et français toujours» mais aussi des musulmans qui partagent en partie les valeurs des premiers. En particulier pour des populations déracinées, la famille reste une ressource parfois vitale et un des rares moyens de trouver un sens à la vie. Cette stratégie n’a (pas encore) de traduction électorale mais des indices montre qu’elle est envisageable. Ainsi des groupes musulmans qui ont défilé avec les « cathos » de « La Manif pout Tous». Ainsi de mouvements comme Fils de France de Camel Bechick ou la résistance scolaire de Farida Belghoul. Très populaires dans les milieux issus de l’immigration, Alain Soral (« droite des valeurs, gauche du travail ») et Dieudonné se sont illustrés dans ce positionnement qui se sert de « l’antisionisme » comme fédérateur externe unissant catholiques identitaires et musulmans. Là encore, la coalition ne va pas sans difficultés puisque les musulmans fondamentalistes considèrent les « croisés » comme des mécréants alors que les catholiques traditionalistes rêveraient de Charles Martel ou d’Isabelle la catholique…
Dans quinze ans, sauf victoire décisive d’un de ces pôles qui établirait une « hégémonie », je ferais le pari que la situation idéologique de la France demeurera aussi instable, donnant lieu à des retournements d’alliance multiples, à d’autres bricolages idéoogiques et à des discours qui ne traduiront (quand ils ne les trahissent pas) que très imparfaitement les convictions des différents familles d’esprit qui composent la France.
Le consensus social risque donc d’être réduit, instable et chaotique. •
Voilà une contribution majeure à la réflexion stratégique; réflexion qui pose en filigrane la question des alliances, concept inhérent à toute stratégie que certains ont trop tendance à réduire à des enjeux doctrinaux, à la définition d’objectifs (de « buts de guerre ») ou encore à des « compromis » – pertinents parfois et « compromettants » souvent.
L’instabilité structurelle du paysage idéologique ouvre la voie aux alliances audacieuses. Merci au sociologue Michel Michel d’enfoncer des portes qui hélas étaient loin d’être ouvertes. On se reportera avec fruit à son ouvrage « Dix questions posées à la France.
Nous sommes bien d’accord. Le texte de Michel MICHEL est important.
Ce constat de trois grands pôles idéologiques antagonistes est pertinent.Resterait à peser aussi l’influence du modèle anglo-saxon et du rouleau compresseur de la mondialisation (réseaux sociaux,internet)sur la destruction de la langue et de la culture (référents historiques et sémantiques) et d’une façon de
concevoir la civilisation française…. Les forces destructrices des bases traditionnelles de l’État régalien (ce.la théorie des quatre états confédérés de Maurras)ne sont plus tout à fait les mêmes que naguère, mais il serait pertinent d’en dresser une typologie
actualisée dans le monde de l’anomie individualiste et des religiosités débridées (une sacralite décomposée qui devient folle et qui se vit dans le paroxysme et la violence fanatique).
Dans une pareille conjoncture,la seule figure d’autorité raisonnable et rassembleuse pour des Français serait à rechercher du côté d’Henri IV…
Quelle joie de lire à nouveau Gérard de Sorval qui a raison d’en appeler à une typologie actualisée des forces destructrices et le blogmestre pointe à juste titre l’importance de texte de M. Michel. On retrouve là des réflexions engagées dans le groupe « tradition et modernité » … renaitrait-il de ses cendres ?
Merci de votre approbation.Il est vrai que certaines réflexions prospectives entamées à la fin des années 1970 sur les dérives à venir de la société de consommation et du « libéralisme avancé’
étaient parfois bien justes…et sur les terrains des luttes idéologiques et des désastres écologiques, sans compter la déstructuration des cadres de la protection sociale,certains monarchistes
français ont eu raison,bien avant certains »think tank » de la nomenklatura bien pensante.
Fin des années 70 : C’est l’époque ou un certain Gérard Delaplace écrivait dans revue québécoise « Critères » (automne 78) dirigée par Jacques Dufresne un texte intitulé « Mouvements écologistes et régionalistes » qui récapitulait et analysait l’engagement de « certains monarchistes » sur le terrain écologiste (notamment aux élections municipales de 77 et législatives de 78). Cette étude mettait en perspective les forces qui tendaient à structurer les mouvements sociaux critiques du jacobinisme et de ce qu’on appellerait plus tard la « globalisation ». Il a sur ce même sujet donné des contributions à la publication « Le républiques françaises », dirigé par Patrick Pouillot.
Peut-être le hasard, un lecteur qui aurait gardé le contact avec lui ou la malice du « soft power » internet (le diable porterait ainsi pierre !) mettra-t-il ces lignes sous les yeux de Gérard Delaplace, M.C.
En effet,ces études conservent leur intérêt, tout comme celles menées à l’époque sur le droit de propriété en milieu urbain,visant à maîtriser la spéculation foncière et favoriser une politique du logement équilibrée en faveur des revenus modestes…Mais il y a belle lurette que ces questions d’aménagement du territoire et de planification publique de l’équilibre des populations ont été abandonnées par les dirigeants de l’État,avec les résultats désastreux que nous connaissons maintenant.Et ne parlons pas des dernières réformes calamiteuses des cadres territoriaux régionaux…Mais ceci est un autre sujet de débat où l’on s’aperçoit que la France n’est plus conçue que comme un ensemble indifférencié soumis à la seule loi du marche et à un technocratisme absurde digne du Père Ubu. Merci à mon interlocuteur d’avoir rappelé l’aventure des promoteurs de la réforme régionale de cette époque. Rien ne se perd,et il le sait manifestement très bien.
Salut donc à sa sagacité.
Oui Michel Michel à bien raison de donner des pistes d’instanciation à son (déjà ancien) modèle stratégique en 4 phases. Sa piste est-elle bonne ? C’est a discuter, mais insiscutablement les échanges sur ce site sont très intéressants..
En revanche je pense qu’il faut rappeler que Pierre Debray fut l’initiateur du souci stratégique chez les maurrassiens au tournant des années 1968.
Il avait, semble t-il très mal vécu l’échec de la stratégie qu’il avait tenté de mettre en oeuvre au moment de la guerre d’Algérie, basée sur
« le club de la culture française », « le centre Sainte-Geneviève » et « Réalités Nouvelles » et la passionnante revue l’Ordre Français.
Il y a là toute une partie de l’histoire du royalisme qui disparaît de la mémoire militante et ne pourra donc pas servir à la jeune génération d’AF, issue de la Manif Pour Tous.
Dommage !
Aussi dommage d’ailleurs de na pas évoquer d’autres stratégies comme celle de la Revue Royaliste, au tournant des années 1980, qui se terminera en « Place Royale » sous la houlette de Henri Montaigu et à laquelle Gérard de Sorval se trouva également associé.
Et je terminerai par cette citation du regrétté Georges-Paul Wagner, qui lui dans le sillage du Cercle Jean de Brem, tenta l’aventure (infructueuse) de l’influence maurrassienne au sein de la direction du FN.
« Un mouvement politique qui ne définit pas sa stratégie finit par devenir à lui-même son propre but et par se satisfaire du ronron de sa doctrine et des rites du militantisme ».
Georges-Paul Wagner,
Le grand absent de ce commentaire,auquel je souscris par ailleurs,est Fabrice O’Driscoll,sans l’intelligence et la détermination de qui bien des choses n’auraient pas pu voir le jour,notamment La Place Royale…et il faut y associer son compère et ami P.l.Majourane,provençal comme lui.
C’est dommage aussi de ne pas les citer. Car du côté de ce qu’on peut appeler l’intelligence maurrassienne-et le mot n’est pas trop fort-ils ont beaucoup compté.
Effectivement Fabrice joua un rôle non négligeable dans l’instanciation d’une véritable stratégie royaliste de conquête du pouvoir.
Elle fut d’abord initiée dans le cadre de la structure de « surface » qu fut le COPCOR (COmité Provisoire de Coordination des Opérations Royalistes) mais elle avait ambitionnait de s’appuyer sur plusieurs structures dites courroies de liaison (conformément à la terminologie établie par Michel Michel et » l’équipe grenobloise. »., .) chargées d’œuvrer sur un certains nombre de fronts secondaires (là on retrouve l’influence que le gauchisme a pu avoir sur cette génération royaliste).
Le constat d’échec de cette stratégie à été succinctement fait par Pierre Louis Majourane, avec amertume d’ailleurs, et avec une certaine discrétion. Il est vrai que l’action menée pendant plusieurs années par O’Dricoll était opposée au concept stratégique maurrassien de « Conspiration à ciel ouvert ». Il est probable que l’histoire de cette expérience restera enfouie dans la mémoire de ceux qui y participèrent sur le principe des cercles concentriques.
Gérard, vous évoquez PL Majourane au passé ?
En ce qui concerne Fabrice, nous sommes quelques anciens amis aixois ( Antoine, Guy, Philippe) à l’avoir accompagné à l’église de Bandol lorsqu’il a rejoint le Père. Une phrase du texte qu’il avait préparée m’a frappé : « Ai-je été assez aimé ? ai-je assez aimé ?
Il a laissé ses oeuvres d’art à la Paroisse de Bandol.
Fabrice O’Driscoll, comme Pierre Debray (on se souvient de la proposition de « Front patriotique ») ou GP Wagner, comme le rappelle Philippe Lallement, a tenté de définir une stratégie entée sur le « mouvement social » et pas seulement des impératifs doctrinaux ou des répétitions schématiques. Je n’entrerai pas le débat philosophique de savoir si Michel Michel privilégie la représentation de la réalité par rapport à la réalité pour constater :
1/ que son approche, loin de stériliser les démarches militantes leur a permis de s’exprimer en toute légitimité « doctrinale » – 2/ que son appui a toujours été acquis aux promoteurs d’expériences de terrain (écologie …)
Même si, comme le fait remarquer implicitement G. de Sorval la bataille de l’aménagement du territoire a été perdue, ce sont bien les matériaux accumulés qui permettent aujourd’hui à nos réseaux de conduire les combats sur des terrains comme la « métropolisation » du territoire, la mixité sociale urbaine, la désertification rurale ou l’écologie pour de parler que des questions d’aménagement. Et on voudra bien noter que texte de Michel Michel prend bien en compte les réalités (ou leur représentation ?) du moment. Par exemple l’islam ou la pulsions identitaire et populiste; deux phénomènes relativement nouveaux.
Comme l’écrit GdS « rien ne se perd » et se perd d’autant moins que des militants; au pire préservent les acquis, au mieux les font fructifier et mieux encore innovent à partir d’eux. MC
P.L.Majourane,suite à un AVC intervenu fin 2008 est hélas aphasique,presque totalement,mais il a conservé toute sa tête, sa lucidité, son humour,et fait face avec beaucoup de vaillance et de dignité à cette situation,douloureuse pour un intellectuel et un « battant »tel que lui.Il reste plein de Foi,et l’irradie autour de lui.