Par Jean-Louis Tremblais [Figaro magazine du 3.03]
Volé à Jeanne d’Arc par l’évêque Cauchon lors de son procès, l’anneau de la sainte, propriété des Anglais depuis 1431, vient d’être acheté aux enchères par le Puy du Fou. Nous vous livrons les coulisses d’un raid audacieux aux allures de pièce – historique – en trois actes.
ACTE I
Le 24 février 016, Me Jacques Trémolet de Villers, qui vient de publier Le Procès de Rouen (Ed. Les Belles Lettres), alerte son ami Philippe de Villiers : l’anneau de Jeanne d’Arc, aux mains des Anglais depuis son martyre en 1431, sera mis aux enchères le 26 février par la maison Timeline Auctions de Londres. L’avocat connaît l’existence de l’objet, mentionné à plusieurs reprises dans les interrogatoires: « Il s’agit d’un anneau décoré de trois croix et sur lequel est inscrit “Jhesus Maria”. L’évêque Cauchon, qui devait condamner sa prisonnière pour sorcellerie, prétendait qu’elle l’avait utilisé pour accomplir de fausses guérisons. Au passage, il le confisqua, puis le donna ou le vendit (sa vénalité étant légendaire) au cardinal anglais Henri Beaufort. À compter de ce moment, le bijou ne quittera plus l’Angleterre.» Cet anneau en laiton aurait ensuite transité par plusieurs propriétaires, du roi Henri VIII (1509-1547) à la demi-mondaine victorienne Ottoline Morrell, avant de terminer chez le fils d’un médecin français venu à Londres avec le général de Gaulle en 1940 ! Si l’évêque Cauchon lui prêtait des pouvoirs magiques, il n’a visiblement pas celui de parler et on ignorera donc le détail exact de ces extravagantes tribulations. Toujours est-il que, son authenticité étant crédible sinon prouvée, le très catholique Philippe de Villiers y voit aussitôt l’occasion inespérée de rapatrier une relique chargée de symbole.
ACTE II
Mis dans le secret par son père, Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou, décide de tenter le tout pour le tout et de racheter l’anneau. Le gouvernement est informé du projet, mais n’intervient pas dans le montage financier. Il reste moins de 36 heures pour réunir les fonds nécessaires. « On se doutait bien que la vente allait battre des records, raconte Nicolas de Villiers. La Fondation Puy du Fou Espérance, en tant que personne morale, pouvait y participer à hauteur de 80.000€, mais pas au-delà. C’était trop peu pour avoir une chance de l’emporter. Nous avons donc fait appel à des donateurs. Une opération délicate car il fallait contacter le maximum de gens tout en maintenant une totale confidentialité. Le résultat a pourtant dépassé nos espérances: non seulement le silence a été gardé, mais, en moins de deux jours, nous avons convaincu une centaine de personnes et nous sommes arrivés à la somme 350.000€ en promesses de dons. Des contributions qui vont de 20 à plusieurs dizaines de milliers d’euros.»
ACTE III
Le 26 février, mandaté par la Fondation vendéenne, un avocat se rend à Londres afin de participer aux enchères. Mis en vente à 14.000 livres sterling (19.051€), l’anneau de la sainte affole d’emblée les acheteurs. Les offres fusent, les prix grimpent. Des Britanniques, des Américains, des Asiatiques. En direct au téléphone avec son chargé de pouvoir, Nicolas de Villiers a des sueurs froides : la barre des 350.000€ est maintenant franchie. Quitte ou double ? Il décide de dépasser le plafond initialement prévu et surenchérit. Finalement, les Français raflent la mise. À 297.600 livres sterling, soit 376.833€. Ce qui fait cher le gramme de laiton (même gravé), noteront les hommes de peu de foi et les esprits chagrins. Mais quand on aime, on ne compte pas. En tout cas, il s’en est fallu de peu que le bijou sacré ne s’envole chez un collectionneur de Tokyo ou de Shanghaï. Ou ne demeure captif chez l’ennemi héréditaire… Flegmatique et professionnel, le porte-parole de Timeline Auctions s’est contenté de déclarer: « Le bijou rentre en France.» Sans donner l’identité de l’heureux propriétaire, que nous avons la primeur de vous révéler aujourd’hui.
Le mot de la fin appartient à Nicolas de Villiers, acteur principal de ce commando mémoriel et salutaire: « J’irai le chercher personnellement le 4 mars, et nous organiserons une cérémonie officielle le 20 au Puy du Fou. Ensuite, l’anneau sera exposé au public dans un lieu dédié du parc. Que chacun puisse le voir, c’était notre objectif premier. Après tout, Jeanne d’Arc est la patronne de la France.» Que l’Anglois se le tienne pour dit ! •
Bravo et Merci pour tout ce que vous faites
maintenir haut les couleurs et valeurs de ce pays
j’espère pouvoir bientôt emmener ma petite fille ( qui vit aux US )au Puy du Fou pour lui faire découvrir la belle histoire de notre pays
très cordialement
PS avez vous encore besoin de dons ?
C’est une très bonne nouvelle. Je suis très ému.
J’ai toujours été très passionnée par l’épopée incroyable, incompréhensible de cette grande Sainte.
Cette nouvelle me remplit d’espoir pour la FRANCE et y vois le signe que Sainte Jeanne d’Arc du haut du ciel avec « Jhesus Maria » ne nous ont pas abandonné.
Cordialement , félicitations, merci, merci.
Décidemment, les Villiers sont des gens bien. Mēme si la carrière politique de PhdV est surtout un fiasco, ce qu’il a lui-mēme décrit dans son très beau dernier livre. Le fond du personnage est de bonne tradition française.
C’est ce fond qu’il faut discerner et saluer en lui.
Ceux qui ne l’ont pas vu parce que préoccupés de soucis policiens (craintes pour le FN) ont été aveuglés par les dites craintes et du coup se sont trompés.
L’oeuvre de sa vie aura été pour Villiers le Puy du Fou. Elle durera plus que les péripéties politicienne et aura bien servi la Frznce.
Oui, salut à Philippe de Villiers.
Magnifique combat, félicitations.
Comte Michel de Gand
Bravo et encore merci à « notre monsieur », Il a agit en véritable serviteur de Jeanne et de la France . DEO GRACIAS !!
Merci mille fois pour vos encouragements et votre soutien. Merci aussi d’excuser cette réponse tardive.
S’agissant des dons, comme nous nous développons et souhaitons continuer à le faire, pour diffuser toujours plus largement les idées que nous avons en commun, il va de soi que nous en avons toujours besoin et qu’ils sont bienvenus et utiles.