« Le train du monde m’accable en ce moment. A longue échéance, tous les continents (jaune, noir et bistre) basculeront sur la vieille Europe. Ils sont des centaines et des centaines de millions. Ils ont faim et ils n’ont pas peur de mourir. Nous, nous ne savons plus ni mourir, ni tuer. Il faudrait prêcher, mais l’Europe ne croit à rien. Alors, il faut attendre l’an mille ou un miracle. Pour moi, je trouve de plus en plus dur de vivre devant un mur. »
Albert Camus
Lettre à Jean Grenier, Paris, le 28 juillet 1958
Correspondance Camus-Grenier 1923-1960, NRF, Éd. Gallimard, page 220
EXCELLENTE IDEE DE NS DONNER DE TELLES CITATIONS MAIS CE SERAIT ENCORE MIEUX SI VS PRECISIEZ LA DATE EXACTE DE LA LETTRE ET AUSSI LA REF PRECISE DU VOLUME LA CONTENANT / MERCI /
Je souscris à cette demande de précisions et de références avec un soupçon d’incrédulité toutefois. J’aimerais en effet que cette citation ne soit pas apocryphe et que Camus ait réellement tenu ces propos. Merci par avance.
Lettre à Jean Grenier, 1957, qui semble beaucoup citée en ce moment…
Merci de votre prompte réponse. Pardon d’insister, mais peut-on avoir le titre de l’ouvrage ainsi qu’un numéro de page?
Pour en avoir le cœur net, j’ai passé commande de l’ouvrage Correspondance 1932-1960 Camus-Grenier. Je ne manquerai pas de revenir ici pour faire part de mes découvertes (confirmation ou infirmation de la fameuse citation). Cordialement à tous.
Il est vrai que pour une fois, contrairement à notre règle, nous n’avons pas vérifié la date exacte de la lettre de Camus, ni sa position dans la correspondance Albert Camus – Jean Grenier, éditée par Gallimard en 1981. Ce texte serait-il apocryphe ? Puisque Patrik111 a la bonne idée de se charger de la recherche que nous n’avons pas faite, nous attendrons son verdict pour, soit supprimer cette citation s’il s’avérait qu’elle n’est pas authentique, soit y ajouter les renseignements reçus. Merci à Peroncel-Hugoz et à Patrik111 !
Merci pour ce sympathique commentaire. La livraison de l’ouvrage vient de m’être annoncée pour le 23 courant, mais l’expérience montre que ces commandes arrivent souvent bien avant la date annoncée. Quoi qu’il en soit, je promets de tenir les lecteurs de ce blog au courant de ma recherche de cette citation au sein de la Correspondance Camus-Grenier. Cordialement.
L’ouvrage vient de me parvenir: Correspondance Camus-Grenier 1923-1960, NRF, Éd. Gallimard. La fameuse citation y figure bien et littéralement (lettre 220 datée de Paris, le 28 juillet 1958, p.220). En fait le paragraphe complet se conclut par une phrase omise dans la citation, qui doit donc se lire ainsi: «Le train du monde m’accable en ce moment. A longue échéance, tous les continents (jaune, noir et bistre) basculeront sur la vieille Europe. Ils sont des centaines et des centaines de millions. Ils ont faim et ils n’ont pas peur de mourir. Nous, nous ne savons plus ni mourir, ni tuer. Il faudrait prêcher, mais l’Europe ne croit à rien. Alors, il faut attendre l’an mille ou un miracle. Pour moi, je trouve de plus en plus dur de vivre devant un mur. Et difficile pour des artistes de travailler, seuls, sans être soutenus par rien.». Ce n’était donc pas un apocryphe.
Merci infiniment de votre précieuse collaboration à Lafautearousseau. Ainsi l’authenticité de la citation de Camus que nous avons publiée le 7 courant se trouve confirmée et son origine précisée. Notre confrère Péroncel-Hugoz avait raison de nous rappeler qu’il convient de proscrire « l’à peu près » de nos colonnes. Voilà qui est fait, grâce à vous ! Merci encore.