De Gaulle ou la possible reddition
Et si cette blessure était la plus intime du général de Gaulle et qu’il avait eu du mal à l’accepter ? La blessure ? Sa capture par les Allemands lors de la bataille de Verdun le 2 mars 1916, alors qu’il se trouve près du Fort de Douaumont à la tête de ses hommes. Est-ce une capture ou bien une reddition ? L’auteur ne tranche pas. Il essaie de reconstituer le fil des événements. Il essaie de savoir ce qui s’est passé. Comme certains supposent, le Capitaine De Gaulle, appartenant alors à la 10e Compagnie du 33e Régiment d’Infanterie a-t-il hissé le drapeau blanc ? Ou bien cette capture est-elle consécutive à un combat féroce auquel le futur chef de l’Etat aurait été blessé ?
Le Général lui-même s’est expliqué sur cet épisode qui s’est passé pendant l’enfer de Verdun (plus de 300 000 morts) et qui lui a valu 50 mois de captivité dans différents oflags. Il n’en a tiré aucune gloire et a même cru, pendant un moment, que sa carrière en serait brisée. Toujours est-il que cette captivité lui a permis de lire, d’écrire, de structurer sa pensée et ainsi de devenir l’un des protégés du maréchal Pétain avec lequel il prendra ses distances pour une distance de droit d’auteur. Une distance qui prendra des allures de rupture
A travers ce livre bien documenté, l’ancien journaliste Jean-Baptiste Ferracci, tord le cou à quelques fausses idées, notamment celle qui veut que Philippe De Gaulle ait eu Philippe Pétain comme parrain, même si l’hommage du capitaine au Maréchal est évident. Il ouvre surtout un débat qui n’est pas près de se refermer. Un ouvrage fouillé, intéressant et parfois troublant. •
De la capture à Verdun à la rupture avec Pétain / Une autre histoire de Charles de Gaulle. Jean-Baptiste Ferracci, éditions de Paris, 130 pages, 18 euros.
Roselyne Bachelot, Dominique de Villepin, Michel Rocard, Jean-Yves Le Drian et certainement bien d’autres hommes et femmes politiques doivent leur engagement dans la vie publique à la Première Guerre mondiale. Car la plupart d’entre eux ont connu leurs grands-pères, ces Poilus qui ont fait la Marne, Verdun, les Dardanelles, le Chemin des Dames. Tous ou presque ont vu leur enfance bercée par ces récits de guerre, ces histoires souvent terribles et tout aussi souvent tues qui ont forgé leurs convictions.
C’est à une véritable enquête que se sont livrés les deux journalistes, Caroline Fontaine et Laurent Valdiguié, réussissant le tour de force de faire replonger certains de ces puissants gouvernants dans les archives de leur famille, quitte à ce qu’elles découvrent la vérité sur des secrets bien gardés. C’est le cas de l’actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian dont un des grands-pères est « mort de boisson » mais qui s’est révélé être un valeureux soldat. Tout aussi inattendue est l’histoire d’un des deux grands-pères de Michel Rocard qui a croisé le chemin d’Hermann Goering. Plus cruelle et compréhensible est celle d’un des aïeux de Cécile Duflot (son arrière-grand-père) qui répétait souvent : « Au cul ! Vous pouvez vous les foutres au cul les médailles ». Une certitude : tous ceux qui ont répondu aux demandes des auteurs sont fiers de leurs ancêtres et reprennent leur héritage à leur compte. Nous voilà rassurés. •
Mon grand-père était un poilu – Caroline Fontaine et Laurent Valdiguié, éditions Tallandier, 240 pages, 18,90 euros.
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“Que de confusions lexicales ! … Récapitulons un peu, autrement il serait impossible de regarder clairement…”