Face au fondamentalisme islamiste, l’hésitation est fatale
Une réflexion de Mathieu Bock-Côté – comme toujours pertinente et profonde . Rappelant des principe de sagesse politique perdue. Et venue de Montréal.
Les attentats qui ont frappé la Belgique provoquent chez certains d’étranges sentiments : ils se disent las, ils voudraient que cela cesse par enchantement et ils en appellent surtout à la venue sur terre de la Paix, à la manière d’un principe rédempteur venant civiliser les hommes et les empêchant de s’entretuer. Ils voudraient qu’on déclare la Paix à l’humanité, et que chacun, inspiré par ce grand élan du cœur, range ses fusils et ses bombes. Quand une bombe saute dans un métro, ils publient sur les réseaux sociaux des symboles de paix et chantent Imagine ou Give Peace a Chance. Il y a peut-être quelque chose de beau dans cette conviction sincère que l’amour nous sauvera. Il y a aussi peut-être une forme de naïveté aussi exaspérante que paralysante.
La paix n’aura pas lieu
Car en attendant la parousie, en attendant cette sublime délivrance, ce ne sont pas les déclarations de paix qui sauveront les peuples et les protégeront mais la résolution à faire la guerre à un ennemi intérieur et extérieur, l’islam radical, qui s’est décidé quant à lui à humilier et soumettre la civilisation européenne. Devant le fondamentalisme islamiste, ses militants résolus et ses convertis qui sont manifestement attirés par sa fureur guerrière et sa cruauté revendiquée, il faut d’abord compter sur de bons services de renseignement, sur des policiers aguerris, sur des soldats d’expérience, sur des frontières efficaces et sur une ferme volonté de le combattre. En un mot, il faut avoir les moyens de se défendre, de le combattre et de le vaincre.
La guerre. Pour bien des Occidentaux, c’est un gros mot. Et répondre par la guerre à la guerre, ce serait apparemment une réponse simpliste. Nos bons esprits progressistes qui n’en finissent plus d’admirer leur propre grandeur d’âme voudraient qu’on se penche plutôt vers les racines profondes de l’hostilité entre les hommes et refusent de comprendre, parce que cela offusquerait leurs principes, que la violence est constitutive de l’histoire humaine. On peut la réguler, la contenir, la civiliser même : on ne pourra jamais l’éradiquer et en venir à bout une fois pour toutes.
Nos bons esprits, en un mot, s’imaginent toujours que la réponse militaire à une agression terroriste est une dérive populiste faite pour alimenter les simples d’esprit. Ils souhaiteraient qu’on parle d’exploitation sociale, de lutte à la pauvreté, de dialogue entre les civilisations. Ils s’imaginent que si chacun s’ouvrait à l’Autre, l’humanité se délivrerait des conflits (sans s’imaginer qu’en connaissant mieux l’autre, il se peut qu’on s’en méfie davantage). Ils veulent se réfugier dans la stratosphère des discours généreux et pacifistes pour éviter d’avoir à sortir leurs canons, leurs fusils et leurs blindés. Ils veulent s’extraire du conflit au nom de la conscience universelle et surplomber les camps en présence. En d’autres mots, ils veulent fuir le réel qui égratigne leurs principes splendides.
La violence, en quelque sorte, est un fait anthropologique irréductible, et il est sot de croire qu’un jour, les hommes vivront à ce point d’amour qu’il n’y aura plus entre les groupes humains des conflits à ce point profonds qu’ils puissent dégénérer en conflits armés. La guerre est l’expression politique de la violence. Évidemment, d’une époque à l’autre, la guerre change de visage. Aujourd’hui, elle ne se fait plus vraiment en uniforme. Elle prend la forme d’une guérilla s’appuyant sur une cinquième colonne installée dans des forteresses islamistes comme Molenbeek. On a tort de parler du terrorisme en soi. Le terrorisme n’est que le moyen avec lequel les islamistes nous font la guerre.
La guerre de religion est la plus sauvage d’entre toutes
On ajoutera qu’il ne s’agit pas d’une guerre classique mais d’une guerre d’éradication qui nous a été déclarée par des fondamentalistes musulmans qui sont prêts à l’ultime sacrifice pour nous rayer de la carte ou nous soumettre à leur Dieu. La guerre de religion est la plus sauvage d’entre toutes parce qu’elle déshumanise radicalement l’ennemi – il est transformé en représentant du diable qui ne mérite pas sa place sur terre. Au vingtième siècle, elle s’est maquillée en guerre idéologique mais il s’agissait encore une fois de rayer de la surface de la planète ceux qui ne communiaient pas à la bonne foi ou de les y convertir de force.
Entre le fanatisme des enragés d’Allah et le laxisme mollasson des sociétés occidentales, il y a un contraste fascinant et on ne peut que souhaiter que ces agressions à répétition contre des villes et des pays au cœur de la civilisation européenne réveillent leur instinct civique pour l’instant endormi. L’histoire est une source infinie de méditation et de méditations. Ce n’est pas un drapeau blanc qui a stoppé Hitler mais la ferme résolution des alliés à lui faire la guerre pour le vaincre et éradiquer le nazisme. Ce ne sont pas de belles âmes dissertant sur la paix universelle qui ont empêché l’armée rouge d’occuper l’Europe occidentale mais l’armée américaine qui y avait installé ses bases.
De même, devant l’islamisme, qui bénéficie à la fois de l’appui d’États étrangers et de réseaux bien implantés dans les grandes villes européennes, et qui peut manifestement frapper n’importe quelle cible, qu’elle soit aussi banale qu’une terrasse de café ou stratégique qu’un aéroport, il faudra apprendre à faire la guerre de notre temps. Devant l’ennemi, il faudra moins pleurer et larmoyer qu’être révolté et en colère. Et d’abord et avant tout, il faudra nommer l’ennemi. Non pas « la religion ». Non pas « le fanatisme ». Mais l’islamisme, qui s’est aujourd’hui juré de casser le monde occidental. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.
Ce qui a stoppé Hitler c’est l’écrasement de l’Allemagne, laquelle avait cherchée à se réarmer pour échapper aux conditions de misère que lui imposait le traité de Versailles, et ce réarment a été rendu possible par l’expérimentation des prototypes en Union Soviétique, le doublement du tonnage de la Flotte accordé par les anglais, le désarment des français cachés derrière leur ligne Maginot etc. Quand la seule victoire de cette guerre, la prise de Narvik, fut gagnée par le colonel Monclar, alors qu’il avait été programmé qu’on la perde (voir Fabienne Monclar : Monclar, le Bayard du XX° siècle), la Norvège fut évacuée brutalement laissant le terrain libre aux troupes allemandes pour contrôler le passage du fer suédois de Gellivare et Kiruna qui passait par la Norvège dont la mer n’était pas gelée, et qui était indispensable à l’armée allemande.
Ce qui a empêché l’Armée rouge d’occuper l’Europe, c’est Yalta, le partage du monde. En vertu de cet accord les Soviets ont été obligé d’évacuer l’Autriche, de mettre bas les pattes en Grèce et de cesser leurs prétentions sur la Corée du sud, dont Monclar était encore là pour s’apercevoir qu’on y rejouait la trahison de Narvik.
Diviser pour régner, cela a permit de tirer les marrons du feu pour créer l’État hébreu.
Monsieur Roumens Beaudoin cite des faits historiques qui ne manquent pas d’intérêt mais ne sont pas directement en lien avec l’analyse plus générale et clairvoyante de Monsieur Mathieu Bock-Côté sur le phénomène de plus en plus inquiétant de l’islamisme militant et agressif pour la survie des sociétés occidentales et la nôtre en particulier. Pour ma part, je souscris entièrement à l’analyse de Monsieur Bock-Côté et souhaite que de plus en plus de monde en France se réveille au monde des réalités que Monsieur Bock-Côté décrit et qui n’est pas un monde de merveilleuses chimères universelles dont un certain nombre de gens (quoique, combien ?) semblent malheureusement être encore adeptes.
C’est curieux cette fâcheuse habitude de distinguer islam et islamisme ! Cette distinction exonère l’islam se sa nature intrinsèquement perverse et totalitaire.
On ne s’attaque pas au terrorisme sans Services de Renseignement. Ceux de la France sont en ruine. Depuis le Livre Blanc de Sarkozy en 2008 … Tout est résumé en cinq minutes par Xavier RAUFER sur un site voisin.
http://www.bvoltaire.fr/xavierraufer/face-au-terrorisme-le-gouvernement-est-tetanise-des-lapins-dans-des-phares,246574
Au sujet de islam et islamisme, avis absolument partagé avec @ose, pseudo distinction par un pseudo académisme. Là aussi tout est résumé par l’exégète kabyle Ferhat Mehenni: « l’islamisme est l’islam en mouvement, et l’islam est l’islamisme au repos ». Mais c’est trop fort pour Valls et Cazeneuve …