Non au match du déracinement, vive Leicester ! C’est du moins ce qu’écrit notre confrère et blogger David Desgouilles, avant même que la compétition en question ne se joue. Les sportifs seront-ils d’accord ? En tout cas, sa dénonciation de l’océan de fric qui recouvre le sport mondialisé d’aujourd’hui, comme du déracinement corrélatif qui l’envahit, nous l’approuvons. Evidemment. LFAR
6 Avril 2016
Ce soir, l’amoureux de football que je suis ne regardera pas le match opposant Paris à Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions. Il se trouve que la résiliation de mon abonnement à Canal + ne m’a pas incité à basculer vers la chaîne qatarie BeInSport qui retransmettra le match. Il arrive un moment où il faut mettre ses actes en conformité avec ses convictions. Le football mondialisé de mercenaires que j’exècre repose essentiellement sur les droits télés, et donc sur les abonnements aux chaînes à péage.
Ce match est justement emblématique de ce football-là. Le Paris SG appartient depuis quelques années au fond souverain de l’Etat qatari ; Manchester City l’avait précédé en devenant la propriété d’un dignitaire richissime d’Abou Dabi. Ces deux clubs, qui n’ont jamais gagné cette compétition, dépensent des sommes folles depuis l’arrivée de leurs propriétaires actuels afin de rattraper les autres géants européens, Bayern de Munich, Barcelone et Real Madrid. Certes, Abou Dabi a été bien plus dépensier que le Qatar, mais au match du déracinement, c’est bien le PSG qui a déjà gagné le match. Son adversaire joue la continuité avec son histoire ancienne alors que le club français préfère faire du passé table rase ; City souhaite miser sur la formation et aligne davantage de joueurs anglais que Paris de joueurs français ; le club britannique maintient un lien avec ses supporteurs alors que le PSG les remplace petit à petit par des spectateurs friqués. Bref, si on devait avoir une préférence entre ces deux clubs mondialisés, elle irait vers celui de la perfide Albion, ce à quoi il est impossible de me résoudre, aussi je préfère ignorer le match.
Puisque nous en venons au football du pays de Sa Gracieuse Majesté, terminons sur une note d’espoir. De l’autre côté du Channel, c’est actuellement Leicester City, un club au budget lilliputien par rapport aux géants de la Premier League, qui domine le championnat le plus réputé et le plus dépensier du monde. Emmené par le jeune français N’Golo Kanté qui a ébloui le match Pays-Bas-France de son talent, ce petit poucet a aujourd’hui de bonnes chances de remporter le titre. Un peu d’air frais, enfin, dans cet océan de fric. ♦
David Desgouilles
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