Une matraque, du sang, et un insigne de CRS. La CGT n’a pas fait dans la dentelle pour sa dernière affiche. Le slogan n’est pas non plus un modèle de subtilité nuancée : « La police doit protéger les citoyens et non les frapper. »
C’est un retour aux sources pour la confédération de la Porte de Montreuil. Aux temps héroïques où Clemenceau, en 1906, envoyait l’armée pour mater les grévistes de la toute jeune CGT qui venait d’être fondée dix ans plus tôt. Ou plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les grèves insurrectionnelles de la CGT de 1947 laissaient craindre que les communistes français n’imitent leurs camarades de l’Est, et provoquaient la réaction du socialiste Jules Moch, ministre de l’Intérieur, qui s’appuya sur les Compagnies républicaines de sécurité. CRS qui seraient traités de SS, vingt plus tard, par de jeunes fils de bourgeois qui se prenaient pour Jean Moulin et confondaient de Gaulle et Pétain. Alors, la CGT et les ouvriers ne mangeaient déjà plus de ce pain gauchiste-là.
Mais voilà, l’eau a coulé sous les ponts de la Seine, et le sang aussi, le sang de Charlie, de l’Hyper Cacher et du Bataclan. Les CRS ne sont plus les SS qu’il était de bon ton de détester, mais des flics de la République qu’on embrasse. Même le vieux rebelle Renaud avoue sa passion nouvelle pour ces policiers qu’il vouait naguère aux gémonies arpégées.
L’affiche de la CGT est pire qu’un crime, c’est une faute. Une faute de goût, une faute de temps. Après qui court-elle ? Les « casseurs » de Notre-Dame-des-Landes ou de la Nuit debout place de la République à Paris ? Les jeunes qui crient à la discrimination parce que la police est encore la seule à combattre – ou plutôt à faire mine de combattre car les ordres des supérieurs et des politiques interdisent tout travail sérieux – la loi des caïds de la drogue dans les banlieues ? Croit-elle qu’elle va retenir ses innombrables ouvriers et même militants qui l’abandonnent pour le vote FN en cassant du flic ?
Les patrons de la CGT, comme les élites des autres syndicats et des partis politiques, sont à des années-lumière de leur base. Aujourd’hui, ce sont les classes populaires qui réclament l’ordre et la protection de la police, contre les trafiquants de drogue et les djihadistes. Entre les deux, il n’y a parfois d’ailleurs qu’une question de temps. Déjà, en mai 1968, le cinéaste italien Pasolini disait : « Entre un CRS et un étudiant gauchiste, je choisis un CRS car lui est un fils d’ouvrier. » Plus la centrale ouvrière perd ses adhérents, plus elle retrouve des réflexes gauchistes dont on la croyait vaccinée. Le gauchisme est la maladie sénile du communisme. •
Confuse époque !
On pourrait pasticher Zemmour en écrivant qu’il faut cette affiche (centrale ou marginale, la question ne sera pas posée) pour qu’il trouve enfin des mérites à la CGT, celle d’avant bien entendu.
Bon, elle n’est plus un ramassis de bureaucrates incapables de penser l’économie moderne, c’est déjà ça !
Le confusionnisme à base d’analogies superficielles, maladie chronique du zemmourisme !
Faut-il choisir entre la bureautechnocratie syndicale au format du Système et la même lorsqu’elle dévie vers un semblant de radicalisation ? Faute de représentativité, on fait ce qu’on peut mais on est les mêmes.
J’espère que vous ne faites pas partie de ceux qui nous bassinent avec l’excellence du système allemand, car que dites-vous alors du syndicalisme représentatif parce qu’obligatoire ?
Je n’ai ni à juger le modèle allemand ni à le prendre pour modèle. Tout de même la représentativité syndicale autour de 7%, c’est un peu faible pour être sérieux.
Parleriez-vous vous-même autant de la CGT si elle pesait vraiment 7% ?
Je ne comprends pas le sens de votre question.