Verdun. Crédits photo: Service Historique de la Défense
Par Vincent Trémolet de Villers
Vincent Trémolet de Villers montre ici [Figaro, 17.05] comment, l’affaire BlackM est révélatrice d’une époque de « profanation intégrale » où il n’y a plus ni silence ni recueillement. Une analyse sur le fond des choses. LFAR
Il faut n’avoir jamais arpenté le paysage lunaire où reposent les villages martyrs: Beaumont, Fleury, Cumières… pour envisager de commémorer la bataille de Verdun par un concert de rap. Il faut n’avoir jamais lu une page de Barbusse – « chacun sait qu’il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son corps entier, tout nu, aux fusils braqués d’avance » – pour dire comme Black M, le chanteur invité, « on va s’amuser ». Il faut ne rien connaître des paroles de poilus – « c’est vraiment une vision de mort, de destruction acharnée, ce ravin. Des morts partout, dans toutes les positions». – pour affirmer comme notre secrétaire d’État aux Anciens Combattants que la vague d’indignation qu’a provoquée l’organisation de ce concert est « un premier pas vers le fascisme ». C’est avoir oublié, enfin, que Verdun, c’est 300.000 morts français et allemands dont 100.000 sans sépulture et que seul « le silence des consécrateurs convenait au repos des hommes qui avaient accepté en silence, qui avaient souffert en silence, qui étaient morts en silence » (Montherlant). Plongés dans la nuit de l’inculture, nous devons donc supporter les provocations, les approximations, les manipulations du gouvernement (contre lequel sur ces sujets l’opposition se montre bien timide et laisse le champ libre au Front national). Comme si le souvenir des soldats morts au combat était un moyen de «faire plaisir aux jeunes» et l’Histoire, un outil sondagier circonstanciel. La France a ainsi voté une résolution de l’Unesco déniant tout lien historique entre les juifs et le mur occidental (le mur des Lamentations), voire le temple de Jérusalem !
Nous avons entendu un ancien ministre de l’Économie devenu commissaire européen affirmer qu’il ne croyait pas « aux racines chrétiennes de l’Europe» transformant ainsi une réalité indiscutable en acte de foi. Nous avons supporté les mots sidérants d’un secrétaire d’État chargé de la mémoire de nos soldats traitant de « fascistes » ceux qui par les maigres moyens des réseaux sociaux ont voulu empêcher de voir transformer l’ossuaire de Douaumont en arrière-plan d’un divertissement de masse. Tout cela n’empêche pas l’inculture de se montrer arrogante. Nous recueillons les fruits d’un enseignement moral sans fondement, sans hiérarchie, sans profondeur, où le seul impératif est de traquer le « fascisme » renaissant et le retour d’un « ordre moral nauséabond ». Un antiracisme hors-sol qui surveille, punit et ne comprend plus rien.
Selon cette grille, la civilisation était du côté de Black M et la barbarie du côté des lecteurs de Ceux de 14. C’était un Noir contre les Blancs, un jeune contre des vieux, la modernité contre les réacs. Que le chanteur s’en soit pris autrefois aux «youpins», aux « pédés », aux « kouffars » (les mécréants dans la terminologie de Daech) ne comptait pas. Les mêmes qui traquent « les dérapages » et curent comme un coquillage l’esprit d’Éric Zemmour pour y trouver une pensée criminelle ont pris la défense du rappeur, victime selon eux « du politiquement correct » . Il fallait vraiment être un pinailleur pour ne pas accepter l’évidence: Black M à Verdun, c’est bien, puisque Robert Ménard et Marion Maréchal-Le Pen sont contre !
« Tout est culture », proclamait Jack Lang il y a vingt-cinq ans, le tag comme une fresque de Piero della Francesca. « Tout est histoire », proclamons-nous aujourd’hui, et rien ne distingue la «plainte d’un blessé dans la nuit glaciale et pluvieuse» (Genevoix) et les rythmes d’un morceau de rap. Les faits, les hommes, les lieux, les dates sont des outils jetables pour politiciens et communicants. Dans nos temps de « profanation intégrale » (Alain Finkielkraut), il n’y a plus ni silence ni recueillement. Ni dignité, même. Tout se vaut et tout se vautre dans la médiocrité.
« On oubliera, écrit Roland Dorgelès dans Les Croix de bois. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qui l’aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois…» •
Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/Opinions du Figaro et de Figarovox.
Quelque soit son numéro, 1ère, 2ème, 3ème, 4ème ou 5ème, la république se moque éperdument des Français. Leur sacrifice depuis la révolution dite française jusqu’aux guerres coloniales du XXe s., ne comptent pour rien. Après tout, la république n’est plus à un crime près ! Après le régicide de la famille royale, le génocide vendéen, le populicide des guerres mondiales et de décolonisation, la république fait un pas de plus dans le mémoricide, « révélation d’une époque de profanation intégrale » ! Peut-être, mais alors que dire des années de la Terreur où la république, toujours elle, a laissé faire et même encouragé la profanation de la basilique Saint-Denis. En matière de profanation, la république a déjà une longue expérience, elle est même devenue experte en la matière. Il faut avoir un profond mépris pour l’histoire et être d’une profonde inculture pour défendre « les valeurs de la république » !
Notre méprisable république porte un regard méprisant sur tout ce qui exalte l’Homme…..
J’ai effectué mon service militaire à VERDUN ( juillet 1965 à octobre 1966, donc durant les cérémonies du cinquantenaire de la bataille, où j’ai rencontré nombre d’anciens. Toute la région transpire la souffrance: Douaumont et son ossuaire, la tranchée des baïonnettes…..
Un individu comme Black M ( M comme quoi???????????: mémoire, musique , ou ………, Si la Ville veut quand même donner un petit air festif, qu’elle choisisse quelques jeunes qui intérprèteront » la Madelon »
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commentaire précédent incomplet/ Un individu comme Black M…………………………n’a rien à faire sur ce haut lieu de l’héroïsme et de la souffrance.
La république tue pour faire le bonheur des autres. Elle tue et elle interdit tout, sauf le voile intégral. Encore une fois elle nous porte la guerre , interne cette fois. La république, pardon les gestionnaires athées de cette outil de gestion, ne font que reprendre les idées de leurs ancêtres révolutionnaires, vous savez ceux que l’on a appelé sous Robespierre, les terroristes, du mot terreur. Et les Français s’étonnent des paroles du pape…Oui nous descendons aux enfers, mais qui vote ces hurluberlus. Mon père a été porté disparu à Sommauth, proche de Sedan,aux cotés de ses soldats et amis Sénégalais, c’est une famille détruite. Mais certains mal pensant médiatiques voudraient y voir une couleur de peau.
Est-ce que quelqu’un a jamais envisagé d’organiser un concert à Treblinka, à Sobibor, à Majdanek, à Auschwitz ?
Et à Verdun, on peut ?
La bonne question …