Le point de vue de Gérard Leclerc
Nous vivons un curieux moment, en cette dernière année de quinquennat de François Hollande. Inquiétant, à certains égards. Comment expliquer ce recours à la violence de toute une frange de la jeunesse d’extrême gauche ? Il est vrai que certains désignent des excès de répression policière. Mais même si certains faits sont à déplorer, la balance n’est pas égale entre la police et ceux qu’on appelle les casseurs et l’on peut s’inquiéter à juste titre de la charge qui repose sur nos forces de l’ordre, sans cesse sollicitées en cette période d’état d’urgence. Elles n’avaient vraiment pas besoin de cela alors que le pays doit faire face à la menace terroriste. On parle d’extrême fatigue de la part d’unités sans cesse sur la brèche.
Par ailleurs, comment qualifier le débat public, qui enchaîne polémiques sur polémiques, avec diabolisation de l’adversaire ? Serions-nous condamnés aux échanges de noms d’oiseaux entre « fachosphère » et « bobosphère » ? C’est vrai que l’usage de certains mots peut s’avérer meurtrier sur le plan psychologique et moral. Mais arrive un moment où l’injure perd de son efficacité, tant elle devient banale jusqu’à l’insignifiance. Ainsi, à la suite de la polémique sur l’opportunité d’un concert à Verdun, animé par le rappeur Black M, la ministre de la culture a cru bon s’en prendre à « un ordre moral nauséabond » et le Secrétaire d’État aux anciens combattants a été jusqu’à prédire : « C’est le début du totalitarisme et je dis que c’est vraiment le fascisme qui nous attend. »
J’avoue que les bras m’en tombent. Totalitarisme, fascisme, et quoi encore ? Le rôle des autorités est tout de même d’apporter un peu de sagesse et de mesure, surtout lorsque le climat public est à l’échauffement. Quand les ministres en rajoutent, il faut s’attendre à un pugilat généralisé. Souhaitons dans l’immédiat, avec quelque ironie, qu’il tourne à la confusion totale pour que chacun reprenne ses esprits, en s’apercevant que personne ne gagne à ce petit jeu. Il est quand même désolant que la commémoration de la bataille de Verdun se transforme en bataille verbale. Espérons que les esprits se calment et que François Hollande et Angela Merkel puissent retrouver l’élan du geste magnifique, accompli par François Mitterrand et Helmut Kohl pour mieux sceller le pacte de paix qui rassemble nos deux peuples. •
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mai 2016.
Enfin Gérard, ne vois-tu pas que nos ministres sont entrain de baisser leurs pantalons et que tu les en empêche ?
Pour ce qui est de Verdun, mon grand-père commandant d’artillerie a eu la jambe arrachée par un obus français venant de l’arrière. Transporté en ambulance, pour être opéré, celle-ci fut détournée et les pansements du commandant furent arraché et ses papiers volé, si bien qu’il arriva mort à Dugny où il est enterré.
Longtemps on a cru dans ma famille à un crime crapuleux jusqu’au jour où reprenant l’enquête j’ai compris qu’il s’agissait d’une exécution politique. Il avait, en transformant ses canons, percé le front en septembre 1915 (offensive où Blaise Cendrar perdit sa main) et permis la capture de 23 000 adversaires. Si sa méthode avait été acceptée la guerre était terminée en 15 jours.
Tu vois qu’entre ces pantalons baissés et l’assassinat de mon grand-père il y a une continuité. Donc ne soit plus sidéré, et si tu sais prier, prie.
Baudouin