Éventuellement pour en débattre, l‘analyse d’Éric Zemmour : – Le rassemblement voulu par Robert Ménard est arrivé trop tard pour influencer les programmes des candidats à la présidentielle. Et trop tôt pour éclairer l’électorat du FN sur l’impasse de la ligne solitaire de sa patronne. [FigaroVox 3.06].
Bien sûr, il y eut le claquement de portes si médiatique de Marion Maréchal-Le Pen. Bien sûr, il y eut la maladresse de Robert Ménard refusant ostensiblement d’être « le marchepied du Front national », alors qu’il s’est allié à ce parti pour conquérir la ville de Béziers. Bien sûr, il y eut les sifflets ici ou là dans la salle, des mouvements d’humeur. Bien sûr, il y eut les désillusions des libéraux modérés découvrant, effarés, la « radicalisation » de la base.
Mais, à Béziers, l’essentiel était ailleurs. Robert Ménard avait voulu ce rassemblement pour faciliter la jonction entre les « Républicains » et le Front national. En tout cas la branche catho-libérale du FN, hostile à la ligne « gauchiste » de Florian Philippot, et la droite souverainiste de LR, hostile à Alain Juppé. Il a échoué sur toute la ligne. Marion Le Pen est rentrée chez sa tante ; et aucun leader de LR n’est venu. La première, malgré son jeune âge et ses convictions solides, ne méconnaît pas les logiques de parti ; et les seconds sont tous devenus des centristes qui appliquent le programme économique libéral voulu par Bruxelles et sont acquis, sans le dire, au multiculturalisme. Alain Juppé dit tout haut ce que tous, même Nicolas Sarkozy, pensent tout bas.
Cette alliance impossible avant Béziers l’est demeurée après. Béziers est donc un échec. C’était écrit. C’était non une question de convictions ou d’ego, mais de tempo. Béziers est venu trop tôt ou trop tard. Trop tard pour influencer les programmes des candidats du FN et des Républicains à la présidentielle. Trop tôt pour éclairer l’électorat du FN et lui faire admettre que la ligne solitaire de sa patronne est une impasse. Une impasse valeureuse et puissante à 30 % des voix mais une impasse quand même, puisque même le général de Gaulle n’a pas gagné la présidentielle au premier tour !
Alors, Béziers restera avant tout la ville où le « peuple de droite » a fait comprendre à ceux qui ne voulaient pas le comprendre où était l’essentiel : immigration, islam. Les journalistes se moqueront ou mépriseront, mais les classes populaires françaises, les fameux habitants du « péri-urbain », craignent avant tout « le grand remplacement ». Car ce grand remplacement n’est ni un fantasme paranoïaque, comme le prétendent les journalistes, ni même une manifestation ridicule de complotisme, comme en sont persuadés les leaders du FN eux-mêmes, mais la réalité, une réalité lente et inexorable mais impitoyable que vivent ceux qu’on ne veut pas entendre. Ce n’est pas pour rien si Renaud Camus fut le personnage le plus acclamé à Béziers et si ses thèses sur la « remigration » font peu à peu leur chemin dans les têtes. Un chemin lent et inexorable… •
Je ne partage absolument pas le constat aussi sévère d’Eric Zemmour, qui tombe dans le travers des commentateurs qui ont immédiatement couiné parce que l’évènement ne leur a pas donné ce qu’ils attendaient. Alors qu’à mon avis, cette réunion n’ambitionnait pas d’offrir un marche-pied à Ménard pour un destin national, ou de relayer le programme détaillé du FN. Un certain nombre d’objectifs dignes d’être notés, ont été atteints, ne serait ce que d’offrir au badaud que j’étais, l’opportunité de rencontrer des intellectuels ou praticiens, que l’on ne connaît la plupart du temps, qu’au travers de leurs écrits. On aurait pu faire l’économie de quelques éclats ou de quelques interviews très clairement à contre temps (je pense à De Kerdrel dans l’hebdomadaire de messieurs Pinault – Giesbert) sans beaucoup de fond, plutôt un ego surdimensionné. Oui plusieurs choses demandent à être améliorées, l’organisation des tables rondes notamment, alors que certaines ont été lamentablement ratées (ayant assisté à celle sur la Défense, je suis sorti furieux d’un tel loupé sur un sujet aussi essentiel). Pour celles qui ont été bien conduites, les échanges ont été riches et ont nouri la réflexion.
EZ met en avant l’islam en France (et non de France, expression inepte, car il n’y a qu’un islam …), et l’immigration. C’est exactement ce qu’en a dit Renaud Camus qui était là, dit, répéter et écrit
(lien http://www.bvoltaire.fr/renaudcamus/lelection-presidentielle-sera-un-referendum-sur-le-changement-de-population,259893
Sur le bilan de ces trois jours, je préfère ce qu’en a dit Philippe Bilger
http://www.philippebilger.com/blog/2016/05/ni-droite-ni-gauche-r%C3%A9actionnaire.html