Combien ont été collées de ces affiches, connues de tout le Midi dans les années 1970 et 1980 ? Au rythme de 15 à 20 000 par an, au bas mot 400 000, sur une vingtaine d’années.
Montmajour devint, pour un grand nombre de Provençaux et gens du Midi, synonyme de royalisme, de rassemblement royaliste. Les Baux ont ensuite pris la relève. Le vieil insigne des Camelots du Roi en était le symbole – il s’agissait d’un rassemblement d’Action française – et l’affiche sang et or en lettres bâton dessinées, le signe reconnu …
Début mai, mettant à profit les ponts nombreux qui le ponctuent, les affichages démarraient. Simultanément, à Marseille, Nice, Aix-en Provence, Avignon, Montpellier et à l’ouest jusqu’à Perpignan et Toulouse, au Nord jusqu’à Lyon. Chaque ville et région activait ses équipes qui recouvraient villes, routes et carrefours. Si bien que de Menton à Perpignan, de Marseille à Lyon ou Grenoble, le rassemblement royaliste du mois de juin était annoncé. Partout. C’est ce que constataient ceux qui roulaient en voiture dans le Midi. Parfois des équipes de provenance différente faisaient leur jonction au détour d’une route ou d’un village. Occasion de joyeuses retrouvailles.
Imprimées à Marseille – les premières années en Espagne, grâce au concours d’un ami Valencien, passionné par l’Action française, rencontré en mai 68 dans la multitude carliste du rassemblement de Montejurra – les affiches de Montmajour et des Baux de Provence, par leur esthétique, leur présence massive chaque année, dans les rues et sur les routes du Midi ont été pour beaucoup dans l’écho et la popularité des rassemblements royalistes de Provence …
Mais elles s’intégraient à tout un système de communication de divers ordres : communiqués de presse, notamment dans Le Méridional, le grand quotidien régional d’après-guerre, au temps de Gabriel Domenech son rédacteur en chef et de Robert Oberdorff; des distributions de tracts par milliers; des caravanes sonorisées, avec musique et annonces. En bref, une campagne de communication globale tous azimuts d’un mois et demi …
Ajoutons qu’il fallait aussi expliquer et, suivant le conseil de Maurras, donner des raisons. Que voulaient bien dire, politiquement, nationalement, ces rassemblements annoncés partout et dont la presse régionale comme nationale disait ensuite le succès dans de nombreux comptes rendus, articles, reportages, du Monde au Nouvel Obs ? Expliquer, donner des raisons, ce fut l’objet du Manifeste de Montmajour [1971], devenu Manifeste royaliste dans une réédition de 1972 [Illustration]… Il est bien possible que nous y revenions. •
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“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”