Le radeau de la méduse au Louvre
par François Davin
Mardi soir [28 juin], David Pujadas clôt son Journal sur un petit reportage, assez bien fait, d’ailleurs, sur le tableau Le radeau de La Méduse. On aime ou on n’aime pas Géricault, mais, au début, « la voix » se cantonne à l’art lui-même : bon; peu à peu, on sent que l’arrière-fond politique va arriver, les allusions montent, « la voix » s’extasie sur le fait que Géricault ait mis un noir au centre et au sommet du tableau : « c’est lui, le héros du tableau », dit « la voix », à laquelle il ne manque que le sanglot, et qui ne se rend évidemment pas compte – dans la plus parfaite bonne conscience qui caractérise, justement, les « bonnes consciences » auto-proclamées… – qu’elle fait du racisme inversé, aussi misérable que l’autre.
Mais le pire est à venir : In cauda venenum, ce sont les dernières paroles qui se veulent assassines : l’affaire se passait sous la Restauration, le commandant du navire ne naviguait plus depuis vingt ans, et il était royaliste; vive donc le grand, l’immortel Géricault, bon républicain, lui, qui dénonce le fait, dans son tableau, non moins immortel (du moins, pour « la voix »).
Fermez le ban, la messe est dite (pardon, Robespierre !), les méchants et mauvais royalistes sont sonnés, renvoyés dans les cordes par « la voix » : tout est bien qui finit bien, nous sommes en République et nous vivons dans le meilleur des mondes : ouf, on a eu très peur mais ces temps-là sont révolus, on est sauvés !
Sauf que…
Sauf que cette pauvre « voix » omet de parler du « tout », du contexte, ce qui est le devoir le plus élémentaire de tout historien, fût-il d’art.
Et, si l’on replace ce fait divers tragique dans son ensemble, on est bien obligé d’admettre une vérité fort dérangeante pour le Système établi, qui trouve ses fondements dans la Révolution (cf le préambule de notre actuelle Constitution). Car cette funeste Révolution a déstabilisé tout un pays – la France – et même tout un continent – l’Europe -, pendant plus de vingt ans. En France, même, elle a fait environ huit cent mille victimes (avec le Génocide vendéen), auxquels elle a ajouté le million et demi de jeunes Français morts – pour rien – pendant les inutiles guerres napoléoniennes.
Comment voudrait-on que cette monstrueuse saignée humaine – inédite dans l’Histoire – n’ait pas produit un grand nombre de dégâts collatéraux, privant le pays d’un très grand nombre de citoyens qualifiés, dans tous les domaines, et notamment dans la Marine : l’exemple peut-être le plus frappant étant, bien sûr, celui du chevalier de Charette (ci contre) entré au Gardes Marines en 1779, lieutenant de vaisseau à l’âge de vingt-quatre ans, et comptant onze campagnes à son actif en à peine trois ans (Amérique, Mer du Nord, Russie, Barbaresques…). Roi de la Vendée, « laissant percer du génie » – comme le disait Napoléon – il sera misérablement fusillé à Nantes, en 1796.
La Révolution a ainsi décapité tous azimuts, et le peuple de France et ses élites, Bonaparte continuant le travail jusqu’en 1815. Comment voudrait-on qu’une telle folie sanguinaire n’ait pas eu de conséquences ? Et que l’on n’ait pas manqué de cadres lorsque, enfin, les Bourbons revinrent sur le trône ?
Certes, l’épisode du naufrage de La Méduse n’est pas glorieux, et aurait pû, et dû, être évité. Mais Louis XVIII avait tant à faire – et il le fit si bien – qu’il est malhonnête, comme l’a fait « la voix » du JT de France2 d’étendre aux royalistes le choix malheureux d’un homme qui certainement, dans des conditions normales, n’aurait pas été choisi pour commander un navire, quel qu’il soit.
Qu’est-ce que j’en sais ? Ceci : avant la Révolution, la France de Louis XVI est maîtresse absolue des mers. Elle vient de vaincre les Anglais et sur terre et sur mer, ce qu’aucun roi de France n’avait fait jusqu’alors, pas même Louis XIV, le plus grand roi du monde. La Royale vient de faire traverser l’Atlantique – aller-retour – à toute une armée française, au nez et à la barbe des Anglais, qui n’en purent mais. Et les Etats-Uniens d’aujourd’hui savent très bien que c’est cette armée qui, débarquée sur le sol américain, vainquit les Anglais, ce qui aurait été impossible aux Insurgents, réduits à leurs propres forces.
Et, à peine quinze ans après, ce pauvre Napoléon fut incapable de faire traverser à son armée les malheureux trente kilomètres séparant, par la Manche, la France de l’Angleterre.
Que s’était-il donc passé, pour expliquer un tel retournement de situation ? Oh ! rien : la Révolution. Puis l’auto-sabordement par une République d’incapables de notre flotte, maîtresse des mers, en deux temps-deux désastres : Aboukir (où nos bateaux non coulés furent tout simplement recyclés dans la Royal Navy !…), puis Trafalgar, où le reste de notre puissance descendit au fond de l’eau, laissant pour plus d’un siècle la suprématie mondiale aux Anglais.
Alors, c’est bien beau de ne pas apprendre l’Histoire aux Français; c’est bien beau, même, de leur en raconter une mensongère et travestie – quand d’aventure on leur en parle. Il n’empêche : les faits sont les faits, et ni Géricault, ni le mauvais esprit, ni les mensonges n’y changeront rien. Si la France a perdu son rang, c’est à la Révolution qu’elle le doit, puis, depuis 1875, à l’instauration de la funeste République, malheureusement devenue son Régime, un Régime dégénérant en un monstrueux Système, qui – tel un virus – poursuit son oeuvre de déconstruction nationale encore aujourd’hui… •
Il faut également préciser que la flottille de La Méduse était composée de 4 navires: l’Echo, La Loire, L’Argus. Ces trois autres navires étaient aussi commandés par des royalistes, Cornet de Venancour, Gicquet des Touches et de parnajon. Cornet de Venancour avait de surcroît émigré comme Duroy de Chaumareys, mais en plus, et à la différence du pauvre Chaumareys, il avait fait toutes les guerres du Directoire et de l’Empire dans la marine de guerre anglaise, ce qui fait qu’il fit preuve de ses compétences et mena les trois autres navires bon port. Moralité: Le royaliste le plus efficace est celui qui combat sans état d’âme la république.
N’attendez aucune objectivité de la part de la République Française et après tout c’est un bel hommage qu’elle nous fait ,, à croire que si elle était objective et reconnaissait ses erreurs sa popularité serait moindre. A croire qu’elle a encore peur de nous . Quel compliment !
On peut tout dire de Pujadas sauf qu’il ne connait pas son métier. La manipulation est son domaine.
Après toutes ces années les plaies ne sont pas encore fermées et celui qui osera dans l’enseignement primaire ou secondaire effleurer la question n’est pas encore né. Stéphane Bern est encore là? Cela m’étonne tous les jours…
On croit naïvement sans doute que le Ministère de l’information n’existe plus ; il n’a jamais autant existé puisqu’il s’est métastasé dans de multiples structures comme le Ministère de la Culture et celui de l’Intérieur, au CSA et toutes les structures dites indépendantes en charge du contrôle de l’opinion et dans les chaînes de télévision elles-mêmes.
Les journalistes de télévision ne sont pas des journalistes mais des commissaires à l’information d’État. Il y a autant d’objectivité et d’esprit critique chez eux qu’il y en avait chez les journalistes soviétiques à l’époque de Brejnev.
Quand on voit comment nos journalistes falsifient l’actualité, il ne faut pas s’étonner de leur absence d’objectivité sur l’Histoire de France. Il faut se rappeler que pour eux, notre Histoire commence en 1789 et que rien d’intéressant n’existait avant.
Pour connaître cette Histoire de France, il faut éteindre sa télé et ouvrir un livre, par exemple, celui écrit par Jacques Bainville que l’on trouve facilement en librairie pour 11 euros ( chez Tempus ). D’ailleurs, on se demande comment c’est encore possible dans une France libanisée et en pleine guerre idéologique.
Après votre fort juste commentaire ci-dessus, comment pouvez-vous écrire par ailleurs :
« l’idéologie de gauche continue de dominer,… » Je ne crois pas. ?
Les deux commentaires concernaient deux textes différents. Je persiste cependant à dire que l’idéologie de gauche est en perte de vitesse mais cela ne retire rien aux moyens dont la Gauche dispose encore pour exercer sa domination.
On entend partout le retour des nations, des frontières, de la souveraineté etc.. que la gauche a abandonné. Je crois que les idées qui progressent sont celles-là. Mais il n’en demeure pas moins que les socialistes ont installé partout des partisans qui travaillent à leur cause.
On constate que la presse écrite de gauche, la télévision également de gauche sont de moins en moins regardés et lus, preuve de la défiance des citoyens à leur égard. Mais les journalistes et les patrons de presse de gauche sont toujours en place.
Nous sommes d’accord.