Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Peroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
MERCREDI 30 AVRIL 2014
Après deux ans de tractations difficiles avec un patronat féroce d’avarice et de courte-vue, le gouvernement islamiste annonce pour la Fête du travail, demain, une augmentation du smig. Le traitement minimum des fonctionnaires se haussera dès juillet 2014 à 3.000 dirhams, soit environ 250 euros avec un pouvoir d’achat local de 5 à 600 euros. 70.000 agents du Makhzen* sont concernés. Quant aux millions de micro-paysans, d’ouvriers agricoles que je vois lors de mes randonnées champêtres, ils toucheront désormais 12 dirhams de l’heure, hausse donc de 10% mais étalée sur deux ans…
12 dirhams c’est quelques centimes d’euros. La galette salée, pain courant, coûte 1 dirham, le kilo de tomates 4 ou 5 dirhams, une bière (les pauvres boivent) 10 dirhams, et ainsi de suite. Aussitôt ces augmentations mineures annoncées par le président du gouvernement, Abdelillah Benkhirane, la patronne des patrons, une richissime bourgeoise en cheveux, propriétaire entre autres de cette mine d’or que sont les eaux minérales d’Oulmès (où ses ouvriers réclament d’être un peu moins mal payés depuis 10 ans selon une banderole tendue devant la source d’Oulmès…), cette « grande dame », donc fait savoir qu’elle s’est trouvée mal… De gros industriels, fumant des havanes dont le prix d’un seul pourrait nourrir sept jours une famille rurale, tonitruent aussitôt que la compétitivité marocaine est menacée, et autres exagérations…
Pas un patron « social » ne se félicite, du moins en public, de ces pauvres petites augmentations. L’inconscience politique de ces gros bonnets est encore plus forte que leur rapacité, c’est dire… « L’avare n’entre pas au Paradis », disent les mahométans, mais les riches, au Maroc, ne croient plus en Allah, ni au Chaytan** depuis belle lurette… •
* L’Etat royal marocain
** Le diable
Ces gens-là ne voient donc-t-ils pas qu’ils sont au bord du gouffre et que le Maroc n’est protégé que pour un temps s’ils ne modifient pas leurs politiques égoïstes à courte vue ?
J’aime le « Maroc » j’y suis né; mais, si on regardait chez nous,, le chômage de masse , qui augmente de jour en jour depuis l’ouvrier jusqu’au cadre supérieur, Chez nous, en France, les plus riches imposent une politique dite libérale , mais elle n’est libérale que pour ceux qui se déplacent en grosses berline et en avion. La masse attend encore elle aussi avec des banderoles devant les usines fermées à jamais. Quant au paradis, il est représenté par tous nos médias par la fête de la balle aux pieds, ce rêve inaccessible.