On ne résume ni ne commente en quelques lignes qui se doivent d’être brèves un brillantissime entretien de 50 minutes entre Alain Finkielkraut et Régis Debray*, où sont évoquées en profondeur les vraies questions, les questions essentielles qui se posent à la société contemporaine, dont la France, l’Europe, et, au sens ancien, à l’Occident. Si on a le temps, le goût et le courage, on écoute. Faute de quoi, il sera difficile d’émettre sur les idées et les combats de ces deux intellectuels de haute volée, des jugements autorisés.
Nous ne dirons pas qu’ils appartiennent à notre famille de pensée, mais, plutôt, qu’ils s’en rapprochent, qu’ils lui sont souvent tangents et qu’il y a là, pour nous, une pressante invitation à nous y intéresser.
On remarquera notamment l’analyse qui est faite du progressisme, dans ces réflexions qui, d’ailleurs, le déclarent sorti de l’ordre du jour. On remarquera que l’homme y est défini comme un « être de transmission », que celle-ci y est opposée à la pratique moderne, très inférieure, de la communication. On retiendra peut-être encore, cette formule par laquelle Regis Debray constate que « la mondialisation des objets produit la tribalisation des sujets ». « Et ça, ajoute-t-il, ce n’était pas au programme. ». Qu’est-ce qui est donc au programme, vers quoi allons-nous ? « Vers un ressourcement identitaire » est l’une des formules de conclusion de ce passionnant débat. •
* Répliques, sur France culture, rediffusion du 16.07.2016
Merci au site La Faute à Rousseau de nous rappeler ce très bel entretien. Su le mythe progressiste, que Debray qualifie de religion séculière, et donc certains conséquences, avec le marxisme, furent mortifères, il y a deux magnifiques ouvrages des philosophes allemands Karl Löwith ( Histoire et salut ) et Eric Voegelin ( La nouvelle science du politique ) et plus récemment celui de Frédéric Rouvillois ( L’invention du progrès )
Au-delà du fond des propos, un grand merci pour ce moment de « conversation ». Le ton est apaisant et feutré mais les idées saillantes et défendues avec respect, intelligence et rigueur…On en redemande et surtout on espère qu’en naîtra peut-être un livre qui ira plus loin encore. Je rêve d’une conversation à 4 philosophes, Alain Finkielkraut, Régis Débray, Michel Onfray et Fabrice Hadjadj ………où d’autres…….