Par Eugénie Bastié
L’abbé Guillaume de Tanouärn, qui célébrait la messe à Sainte-Rita depuis plusieurs mois, revient sur l’expulsion musclée de l’église mercredi dernier et s’explique dans cet entretien avec Eugénie Bastié [Figarovox, 3.08]. A noter que nous n’intervenons pas en terrain proprement religieux, ni dans les querelles et oppositions qui s’y manifestent. Simplement, croyants ou non, nous estimons qu’un combat intelligent pour la défense de l’héritage catholique de la France doit être mené et que les royalistes ne peuvent s’en désintéresser. En particulier, dans le contexte de guerre de civilisation qui, de fait, nous est menée. LFAR
Vous avez été expulsé ce matin de l’église Sainte Rita que vous occupiez depuis plusieurs mois. Pourquoi vous êtes-vous installé dans cette église ?
Cette église a été construite en 1905 par un groupe anglican qui s’appelait les Catholiques apostoliques, dont l’objectif était d’annoncer la fin du monde aux autres chrétiens. Ce groupe spirituel tombé en déshérence a décidé de louer cette église à des autoproclamés gallicans, catholiques dissidents qui ne payaient pas le loyer. L’association a donc décidé de vendre à un promoteur. La communauté catholique s’est trouvée abandonnée et m’a demandé de venir célébrer la messe, ce que j’ai fait. A l’heure de l’expulsion, nous en étions à deux messes pleines chaque dimanche célébrées à Sainte Rita.
Il y a des centaines d’églises pas toujours pleines dans Paris. Pourquoi insister sur celle-là ?
La destruction programmée de Sainte Rita pose la question de toutes les églises vides de France. Elles doivent être reconnues comme des lieux sacrés, et protégées même si elles ne sont pas «rentables». Si nous voulons continuer à être une civilisation, il nous faut continuer à avoir ces lieux où soufflent l’esprit, même si ils ne sont visités qu’épisodiquement.
Pourquoi avez-vous choisi de célébrer la messe au moment de l’expulsion? N’est-ce pas une mise en scène ?
J’ai voulu que cet événement ne soit pas qu’une simple expulsion administrative, mais prenne une dimension spirituelle. J’ai célébré cette messe comme le seul au revoir possible à cette église, dans un très grand recueillement.
Est-ce une affaire de patrimoine ou de symbole ?
Alors que l’actualité nous présente de manière urgente la nécessité d’un concordat avec l’islam de France pour construire davantage de lieux de culte musulmans, la destruction de l’église Sainte Rita apparaît comme le signe d’un nouveau recul de l’Église dans l’univers culturel français. Si à travers l’affaire Sainte Rita nous pouvons poser avec force la question du respect des églises en France et de leur entretien, alors nous n’aurons pas tout à fait perdu notre temps.
Le combat est-il terminé ?
Nous sommes tout sauf résignés. Nous sommes très contents qu’un simple acte administratif, qui devait passer inaperçu dans la moiteur de l’été soit devenu un sujet qui intéresse la France entière, une France qui envers et contre tout, malgré sa déchristianisation, se reconnaît d’une manière ou d’une autre dans le catholicisme.
En ce qui concerne l’affaire Sainte Rita elle-même, nous avons fait la démonstration que le recours de l’État à la force légale est insuffisant et qu’il faut organiser une véritable concertation citoyenne, pour montrer que la destruction n’est pas une fatalité et qu’un ou plusieurs communautés chrétiennes sont prêts à racheter l’église.
Combien faudrait-il pour racheter l’église ?
Cinq millions. Mais je crois que grâce à Sainte Rita, patronne des causes désespérées, cette affaire ne fait que commencer… •
L’abbé Guillaume de Tanouarn est prêtre et docteur en philosophie, auteur de nombreux livres. Ancien membre de la fraternité Saint-Pie X, il a rejoint l’église de Rome en 2006. Son dernier ouvrage, Délivrés. Méditations sur la liberté chrétienne, est publié aux éditions du Cerf. Il célébrait la messe à l’église Sainte-Rita depuis octobre 2015.
Journaliste et essayiste
Ses idées
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Richard sur Mathieu Bock-Côté : « Devant le…
“Tombé, il y a quelques années, par hasard, sur un document d’archives dans lequel Oppenheim regrettait…”