Naïm Kattan, Juif irakien arabophone et francophone, maintenant canadien d’Ottawa
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Peroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
MAI-JUIN 1984
A Montréal, que de regards vides, blafards, de cheveux filasses, d’yeux gris ou aqueux ! Et quel monument de tristesse que cette vaste basilique Saint-Joseph-du-Mont-Royal où, dans une petite chapelle voisine du sanctuaire, je déchiffre les ex-votos, dont celui-ci qui me laisse pantois par sa crudité dans ce pays si « convenable » : « Guérison d’un chancre en 18 jours. Honneur à Saint-Joseph ! »
Je ne retrouve de la vivacité dans les traits, les regards, les mouvements que dans une paroisse libanaise à l’autre bout de Montréal où, après la messe, chez le curé, on me présente Joséphine, venue directement du Chouf, après un nouveau massacre-surprise de chrétiens par des musulmans druzes. Elie, lutteur gréco-romain de l’équipe officielle libanaise et combattant des Forces libanaises (les « Phalanges », selon mes confrères roses ou rouges pour suggérer le côté fasciste…); Tony le thésard qui n’a pas pu finir son mémoire à Beyrouth, à l’Université jésuite Saint-Joseph à cause de sa condamnation à mort par les doux « fedayin » palestiniens dont la cause est si chère dans les salons et salles de rédaction parisiens, etc.
♦
Jeux de mots francophones lus en autobus sur les réclames des compagnies aériennes locales :
A NOUS YORK !
TÔT RONTO !
♦
Rencontre longtemps désirée, quand j’étais au Proche-Orient, et enfin arrivée au Canada, avec Naïm Kattan, Juif irakien arabophone et francophone, maintenant canadien d’Ottawa, la capitale fédérale où il conseille culturellement le gouvernement. Son roman écrit directement en français, Babylone, en dit plus en 10 pages, sur l’Orient arabe, sur la relation éternellement passionnelle entre cet Orient-là et l’Occident latin, que tous les orientalistes du monde, sans parler de mon pauvre petit Radeau de Mahomet…
Cependant le lieu où on écrit, le climat, les arbres, les passants, les variations des cieux ou des eaux (le Tigre et l’Euphrate comptent tant dans la vie des gens en Mésopotamie, et cela depuis le Paradis terrestre !…) doivent grandement influencer les plumes car je ne retrouve pas les piments du Kattan de Babylone dans ses écrits nord-américains… L’écrivain me reçoit si chaleureusement que je n’ose pas lui confier ma déception… (A SUIVRE) •
Le Radeau de Mahomet – Poche – Janvier 1999
Setadire sur Trump : une victoire qui passe…
“Ce qui m’amuse ce sont les Français qui n’ont jamais mis un pied au E.U. et…”