Au portail de Notre-Dame : La Galerie des Rois
ARGUMENTAIRE. Les bonnes raisons de restaurer une monarchie couronnée ne manquent pas. Cet article en donne quelques-unes avec la force de l’évidence : la monarchie, où le roi au sommet de l’État incarne l’unité historique, sociale et politique de la nation, est sans nul doute le meilleur des systèmes institutionnels. Celui qui redonnerait aux Français confiance et foi en l’avenir !
PAR YVES MOREL
Deux cent vingt-deux ans après la Révolution, les carences de notre république sont patentes. Des gens de gauche se prennent même à rappeler les mérites de notre ancienne monarchie ! Cela ne laisse d’ailleurs pas d’étonner en des temps où l’on n’a jamais autant exalté la République et les « valeurs républicaines ». Faut-il voir là le chant du cygne d’un régime aux abois ? Nos politiciens louant sans cesse la République ressembleraient alors à l’orchestre du Titanic jouant à pleine puissance pour tenter de conjurer l’angoisse des passagers devant l’imminence du naufrage. Mais on ne colmatera pas les brèches sans changer de cap. Où l’on découvre alors une évidence : le meilleur des systèmes politiques n’est pas forcément celui qu’on croit.
LA MONARCHIE PRÉSERVE DU CLIMAT DE GUERRE CMLE DES DÉMOCRATIES PARTISANES.
L’avènement d’un roi découle de sa qualité d’héritier direct de la couronne dans l’ordre de primogéniture et non d’une lutte électorale entre candidats de partis opposés. Ce mode de dévolution du pouvoir préserve l’État des conséquences néfastes des changements d’orientation politique inspirés par des idéologies, des principes et des programmes opposés. Elle couronne en quelque sorte la vie démocratique du pays. Le pays ne se divise pas en camps ennemis à chaque nouvelle élection et ne s’exténue pas dans des luttes internes, facteurs de haine.
LA MONARCHIE ÉQUILIBRE LES RAPPORTS DE FORCES.
Quand elle n’est dépassée par aucun principe supérieur, la démocratie livrée à elle-même contient les ferments de sa perte. Car la loi du nombre lui permet de soumettre les minorités. Lors de l’élection présidentielle, la minorité qui subsiste peut représenter jusqu’à 49 % des Français ! Elle fracture donc le pays en deux et transforme structurellement les citoyens en frères ennemis. À l’inverse, le roi, au sommet de l’échiquier politique, représente l’intégralité de ses sujets, sans clivages.
LA MONARCHIE EST CONSENSUELLE.
Élire un président, c’est comme donner le match à arbitrer au capitaine de l’une des deux équipes en lice. On doute forcément de sa partialité. A l’inverse, le roi n’étant pas le chef d’un parti et n’ayant pas conquis le pouvoir à l’issue d’une compétition qui a divisé son peuple, jouit de la confiance spontanée de tous les Français.
LA MONARCHIE GARANTIT L’UNITÉ DE LA NATION.
L’existence d’une même famille royale à la tête de la nation renforce puissamment son identité qui, en république, est beaucoup plus abstraite, indistincte et insaisissable. Une dynastie familiale ancre profondément un peuple dans l’histoire et rend sensible sa continuité à travers les siècles.
LA MONARCHIE RESPECTE L’INTÉGRITÉ DE SES SUJETS.
Elle permet à chacun de retrouver son unité morale par le sentiment de sa place dans l’histoire et dans sa terre natale, avec et parmi ses compatriotes. En incarnant l’identité de la nation dans sa continuité historique, l’institution monarchique permet à l’individu de préserver ou de retrouver la sienne. Ce qui est impossible avec la mystique républicaine qui donne une vision tronquée de l’histoire de France en faisant remonter toutes ses valeurs à la révolution de 1789, voire à celle de 1793. L’identité de la France est ainsi confondue avec celle de la République, fondée sur la négation du passé monarchique et chrétien de notre pays. La conception de notre identité collective relève ainsi d’une option idéologique et partisane. Elle est donc différente d’un parti à un autre, d’un individu à un autre, susceptible de se modifier suivant l’évolution des idées.
LA MONARCHIE SAIT D’OÙ ELLE EST ET OÙ ELLE VA.
Faute d’un symbole charnel et spirituel de la continuité de la nation dans le temps, nos compatriotes ne savent plus ce qu’ils sont, d’où ils viennent, où ils vont, ignorent leur passé ou en ont une idée erronée, se trompent sur leur avenir, se montrent incapables de le préparer et voient dans les évolutions l’occasion d’une révolution culturelle. Ainsi en est-il allé du mariage pour tous conçu en France comme un instrument de subversion morale, ce qu’il n’est pas au Royaume-Uni – bien qu’il y soit condamnable -, ou de notre culte frénétique de la « diversité » et du pluralisme ethnoculturel qui nous ramène à l’Empire romain d’Occident du Ve siècle.
LA MONARCHIE PRÉSERVE DES DÉRIVES AUTORITAIRES.
Toutes les républiques européennes proclamées depuis le XIXe siècle ont dégénéré en dictatures : Italie (Mussolini), Portugal (Salazar), Espagne (Franco), Allemagne et Autriche (Hitler), Russie (Staline)… En revanche, aucun des royaumes n’a dérapé de la sorte dans la toute-puissance politique. Étrange, non ?
LA MONARCHIE A UNE VISION DE LONG TERME DANS TOUS LES DOMAINES.
Vaut-il mieux dépenser l’argent public en bâtissant des châteaux comme Versailles ou en commandant des sondages d’opinion mesurant la cote d’impopularité dun président ? Le temps paraît donner raison à la première option.
Sans cette clef de voûte indispensable qu’est la monarchie, notre pays dérive à tous les vents, à la manière d’un bateau démâté. La Révolution et la République ont transformé le majestueux navire de la France en radeau de la Méduse transportant une population perdue, hagarde et dépenaillée. Et le fait est d’autant plus remarquable que la monarchie française, de par l’absolue continuité familiale qui la caractérisait (la race capétienne régna sans discontinuité pendant près de mille ans) et ses origines nationales (les Français ne prirent jamais leur roi à l’étranger) était plus qu’aucune autre adaptée à sa fonction symbolique et unitaire. Oui, il est urgent de la restaurer. •
« La Révolution et la République ont transformé le majestueux navire de la France en radeau de la Méduse. »
Repris du numéro de juillet-Août de Politique magazine – Dossier : Le royalisme aujourd’hui > Commander ou s’abonner ici !
Tout ceci est fort juste mais pour ce qui concerne la France plusieurs questions se posent :
1- A quel moment les querelles dynastiques vont-elles enfin cesser ? Le dernier communiqué du secrétariat du Comte de Paris ne laisse aucun espoir là-dessus. A sa mort, on risque d’avoir un prince handicapé dont les affaires seront gérées par un conseil de Régence.
On peut fortement douter que cette configuration recueille l’adhésion du peuple français. Bref, la monarchie française crève de ses querelles dynastiques.
2- Une restauration de la monarchie s’appuierait sur quelle base juridique, quel projet politique, quelle offre constitutionnelle ?
Cette restauration ne va pas s’appuyer sur la Constitution républicaine de 1958 en remplaçant tout simplement le président de la République par un roi. Le dernier texte de portée constitutionnelle signée par un roi fut, si je ne me trompe, la charte constitutionnelle de 1830. L’adhésion du peuple français à un tel texte très daté me semble très improbable.
Du côté des légitimistes qui soutiennent un prince espagnol, c’est encore plus simple, puisqu’il n’y a pas de texte constitutionnel, la monarchie étant par nature, « réglée ».
A mon avis, dans les conditions actuelles, le courant monarchiste et la Maison de France vont, hélas, continuer de végéter pendant de longues années.
Il est certain qu’à ce jour, je ne parierais pas un kopeck sur la possibilité de restaurer la monarchie dans les trois mois. Mais dans le fond, je n’en sais rien. Quelle est la capacité de survie du régime actuel face aux épreuves, aux situations nouvelles, qui s’annoncent ? Dans l’Histoire, les changements majeurs que l’on croyait impossibles surgissent avec une rapidité, une soudaineté, une radicalité que l’on n’imaginait même pas. Dans l’histoire récente, celle que les générations actuelles ont vécue, l’effondrement du système soviétique il n’y a pas trente ans, s’est effectué selon un tel mode très surprenant, même si, aujourd’hui qu’il a eu lieu, on a tendance à penser qu’il était prévisible … Faillible mémoire !
L’actuel Comte de Paris, incompétent et irréaliste, a toujours été un problème pour la Maison de France et pour son propre père. Il continue ses folies inconsistantes. Son avantage actuel est d’avoir quatre-vingt trois ans. Son fils Jean est, lui, sérieux, réfléchi, très déterminé à jouer pleinement et sans entraves son rôle de Chef de la Maison de France lorsque son père aura disparu. C’est une chance, à mon avis, et les royalistes seraient sages de le soutenir à fond. Dans ce cas, les dispositions successorales farfelues arrêtés par l’actuel Comte de Paris n’auront guère de chances de s’appliquer. La Famille de France s’incarne déjà dans le foyer du prince Jean de France, son épouse et ses quatre enfants. C’est là qu’est la jeunesse, la vie et le futur. Ce ne peut être dans un vieux couple narcissique, rancunier et stérile. Ce ne peut être non plus dans un « prince espagnol » – par définition même.
Quelle drôle d’idée de croire qu’en cas de crise assez grave pour faire apparaître la nécessité d’un roi, la question de la forme constitutionnelle serait première ou constituerait un obstacle ! Dans un tel contexte, les actes politiques nécessaires sont accomplis et, à leur suite, les juristes rédigent une constitution, puisque les Français en ont la religion.
Première démocratie européenne et monarchie plus monarchique qu’on le croit en France, très ignorante du sujet, la Grande Bretagne se passe fort bien d’un texte constitutionnel unique, selon la religion française des trxtes et du juridisme idéologique.