Le duc et la duchesse de Vendôme avec leurs trois premiers enfants, Gaston, Antoinette et Louise-Marguerite. Depuis, Joseph est venu agrandir la famille.
PROPOS RECUEILLIS JEAN-BAPTISTE D’ALBARET
ENTRETIEN. Enfants, éducation, rapports familiaux, politique, relations avec les royalistes… Après avoir fait visiter le domaine de Dreux et sa chapelle royale, le prince Jean a répondu aux questions de Politique magazine.
Monseigneur, vous venez d’avoir un quatrième enfant. Que représente pour vous la famille ?
La famille est au centre de mes préoccupations. J’y trouve un équilibre personnel et une façon de m’inscrire dans la grande tradition capétienne. Dans L’art politique français, un livre qui m’a marqué, Jacques Trémolet de Villers explique que le passage des Carolingiens aux Capétiens fut un moment déterminant de notre histoire. Le premier souci d’Hugues Capet fut en effet d’associer son fils à la couronne et, ainsi, de perpétuer une dynastie qui bâtira ce qui constitue encore aujourd’hui notre pays. La France est une nation millénaire parce que la monarchie a consacré la famille plutôt que l’individu ! Chaque fois que les Orléans ont négligé cet aspect, ils ont eu à le regretter.
Quelle éducation souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?
Avec mon épouse, la duchesse de Vendôme, nous voulons leur transmettre les principes de vie chrétienne et leur donner le goût de l’ouverture aux autres malgré une société qui a tendance à se replier sur elle-même. Nous veillons évidement à développer leurs capacités intellectuelles, mais nous portons une attention toute particulière à l’équilibre de leur personnalité. C’est pourquoi l’environnement est primordial. Il doit être paisible. Proche de Paris tout en étant à la campagne, le domaine de Dreux est idéal de ce point de vue.
C’est pour cet environnement que vous vous êtes installé ici ?
Pas uniquement mais Dreux est un lieu qui m’est cher, entré chez les Capétiens il y a bientôt mille ans ! De nombreux souvenirs m’y attachent puisque j’ai passé ici presque toutes mes fins de semaine et périodes de vacances quand j’étais étudiant. Ma mère, la duchesse de Montpensier, y a longtemps vécu. Joseph est né à l’hôpital de la ville dont Louis VI le Gros et le premier comte de Dreux, frère de Louis VII, furent les bienfaiteurs. C’est dire la longue histoire familiale qui nous relie à Dreux à travers les siècles.
Mais ne vous êtes-vous pas coupé d’un certain nombre d’activités que vous aviez quand vous habitiez à Paris ?
Ce n’est pas tout à fait juste. Le mode de vie que j’ai choisi m’a permis de prendre du recul et de me recentrer sur l’essentiel. La vérité, c’est que j’oriente désormais mes activités vers une logique de projets là où elles étaient plutôt déterminées par une logique de structures : j’ai réduit la largeur pour étirer la longueur ! L’efficacité et le volume de mes engagements me semblent avoir ainsi gagné en puissance et en profondeur.
Quels sont aujourd’hui vos principaux engagements ?
Le premier, hic et nunc, consiste à évoquer auprès des visiteurs du domaine de Dreux l’histoire vivante de ma famille qui est aussi celle de notre pays. Avec mon association Gens de France, nous espérons obtenir des subventions pour faire venir des groupes de jeunes défavorisés ou marginalisés. J’ai déjà pu constater à quel point il manque à ces adolescents un enracinement et des perspectives. À travers l’histoire de la chapelle royale, nous leur parlerons de la monarchie et de la chrétienté, ce qui, croyez-en mon expérience, n’a rien d’une gageure. Le deuxième est mon action au service de mon pays. Colonel dans la réserve citoyenne, qui fait le lien entre l’armée et la nation, j’ai également l’honneur de parrainer le 4e régiment de chasseurs de Gap. Enfin, et c’est un troisième engagement, je participe à un certain nombre de commémorations internationales et d’événements officiels ou familiaux, en relation avec les familles royales étrangères. Bien sûr, il me faut combiner ces différents engagements avec la gestion de mes forêts et les obligations familiales. Tout cela prend du temps ! Je prolonge également mon action en faveur du patrimoine, en réfléchissant particulièrement aux questions de la succession Orléans et de la Fondation Saint-Louis.
Justement, la succession et vos rapports avec la Fondation n’ont-ils pas un peu brouillé l’image de votre famille ?
Comme nous sommes en République, certains estiment sans doute que les Orléans devraient se laisser marcher sur les pieds. J’ai même entendu que nous devrions léguer tout l’héritage à l’État. Mais l’État a déjà pris la moitié des affaires de la famille ! Certaines choses auraient sans doute pu se dérouler autrement mais nous n’avons aucune raison de nous laisser faire. J’ai parfois le sentiment que la Fondation voudrait s’affranchir de la famille en gérant les choses de façon indépendante, ce qui n’est pas admissible. Quant à ce que rapportent les médias de nos relations familiales, n’y accordez pas une importance démesurée. Il peut y avoir chez les Orléans des incompréhensions et des querelles comme dans toutes les familles. Mais je vous assure que ses membres sont heureux de se retrouver aussi souvent qu’ils le peuvent à l’occasion des mariages, des baptêmes ou des vacances. Nous sommes 39 cousins germains et Joseph est le 107e cousin issu de germains. À l’heure où nous nous parlons, un 108e est déjà né ! Les Orléans sont une belle et grande famille.
Quel regard portez-vous sur notre pays et ses dirigeants ?
Je suis effaré par les dégâts économiques et sociaux et par l’incapacité de notre classe politique à les prendre en considération. Focalisés sur leurs intérêts propres, nos dirigeants sont coupés des préoccupations quotidiennes des Français. Quand je considère l’état de la France, je constate un déclin dont la manifestation la plus patente me semble être des institutions à bout de souffle qui ne garantissent plus l’impartialité ni la durée – ces vertus capétiennes ! – indispensables au développement d’une grande ambition nationale. Quel gâchis si l’on considère dans le même temps les innombrables atouts dont dispose toujours notre pays… Il faudrait rétablir l’homme au coeur de la problématique économique et sociale. Je fais cependant une distinction entre la politique telle qu’elle se pratique à Paris, dans l’antichambre des partis, et celle qui s’exerce au niveau local où les élus font souvent un travail admirable. Je le vois ici à Dreux. Avec la duchesse de Vendôme, nous sommes très impliqués dans la vie municipale car nous croyons beaucoup aux vertus de l’enracinement. Ce qui nous ramène à la famille : depuis les Manif pour tous, auxquelles j’ai moi-même participé deux fois, elle est au coeur de l’esprit de résistance aux forces qui veulent détruire l’écosystème anthropologique et culturel de notre pays. Cet esprit de résistance me touche particulièrement. Sa seule perspective est le bien commun. Quelle formidable espérance !
Pour terminer, Monseigneur, pouvez-vous nous dire quelles sont vos relations avec les royalistes ?
Les relations existent, notamment avec les mouvements comme l’Action française, la Restauration nationale, la Nouvelle Action royaliste, l’Alliance royale. J’ai même parfois des échanges avec des groupes dits « légitimistes » plus ouverts que les autres. Cela dit, pour des raisons évidentes, le prince ne peut s’engager dans l’action militante de ces mouvements. Il définit le cadre général de son action et les royalistes, pour ceux qui le souhaitent, intègrent leurs propres actions dans ce cadre général. S’il y a – ou il y a eu – des divergences de vues, ce qui est d’ailleurs normal, les relations sont donc bonnes. Mais il faut comprendre que le prince a sa propre manière d’agir. Chacun fait ensuite avec ses qualités et ses défauts ! ■
Repris du numéro de juillet-Août de Politique magazine – Dossier : Le royalisme aujourd’hui > Commander ou s’abonner ici !
Le Duc de Vendôme : un Prince qui agit.
Ce n’est pas la Famille qui nous fera retrouver notre souveraineté nationale pour être libre de décider de notre destin entre Français.
Le Prince Jean a une fonction politique qu’il exerce comme il l’entend encore faut-il qu’il l’exerce vraiment pour se faire connaître des Français, ce qui est bien loin, malheureusement; d’être le cas.
Cording se trompe.
Le Prince a raison : on ne retrouvera pas notre souveraineté sur la base d’une société décomposée. Elle commencera à se reconstruire à partir des familles. Et s’achèvera par le recours à sa famille-chef. Alors, recouvrer notre souveraineté collective redeviendra sérieusement possible.
Et puis Cording est de ces royalistes – quelques uns mais bruyants – qui commencent par critiquer les Princes, ce qui leur évite de se remettre d’abord eux-mêmes en question. Commençons par reconstruire un mouvement royaliste intelligent, puissant et sérieux. Après, nous aurons le droit de parler.
Hé, oui ! Sur la famille, c’est le Prince qui a raison. Il a senti ce que Cording dans sa précipitation critique, n’a pas senti. Et il l’a senti parce qu’il est le Prince, en charge du Tout, même s’il ne règne pas.
Sans famille, sans une société de familles, la première de toutes les communautés naturlles, pas de souveraineté possible. C’est une belle leçon !