L’hôtel-restaurant Château-Frontenac… avec vue sur le Saint-Laurent
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Peroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
MAI-JUIN 1984
Vu d’avion, le Saint-Laurent, dans sa plaine verte, c’est comme le Nil… Mais au sol, c’est comme la Suisse ou la Belgique. Propre et triste. Et bien plus anglais ou américain qu’on ne l’imagine, en rêvant de loin à ce haut lieu de la Francophonie… Enfin, il y a tout de même, à Montréal, le balcon du plus beau discours de De Gaulle, avec celui de Mostaganem sur l’Algérie française.
Drôle de pays que ce Québec où on vend des timbres dans les pharmacies; où il y a un Parti progressiste conservateur; où deux stations du métro montréalais font référence au pape Pie IX, cet apôtre de la Réaction; où les lilas éclatent à peine les neiges fondues; où les trappeurs (ou des mecs en ayant l’air) partant pour le Grand Nord n’emportent plus une hache mais une raquette de tennis…
Et quel provincialisme malgré les cafés comme à Paris, les gratte-ciel comme à New-York, les trois millions d’habitants de Montréal ! Et puis cet accent geignard, incompréhensible et dont les Québecquois indépendantistes sont si fiers et au sujet duquel ils rappellent sans cesse que c’est l’accent des paysans berrichons ou poitevins venus au XVIIe siècle peupler la Nouvelle-France ! Du coup, on n’ose rien dire, de peur même d’insulter notre Histoire.
L’heureuse surprise lors de ce reportage, c’est de constater la quasi-absence de délinquance dans cet immense Montréal, avec ses villas sans volets; sa jeunesse nette et sage en ville; sa circulation tranquille et son stationnement facile : Québec-Ville : oui ça ferait une jolie petite capitale d’un Etat francophone nouveau, résistant farouchement à la yanquisation, dans l’océan hostile et doucereux de l’Amérique septentrionale. Cependant l’emblème de cette capitale têtue ne serait ni la flèche d’une cathédrale ni la colonnade d’un palais mais, très prosaïquement, les fausses tours d’un castel de la Belle au bois dormant revu par Walt Disney : l’hôtel-restaurant Château-Frontenac… Avec vue sur le Saint-Laurent, lequel, sous le soleil, se donne soudain des airs de Bosphore, quoique baignant un site mi-breton mi-norvégien… (FIN) •
Là, je n’aime pas trop cette ironie quelque peu dénigrante. Et personnellement, je préfère la ville de Québec, qui est quand même la capitale politique de la province et dont les vieux quartiers sont bien français d’allure tandis que Montréal se réanglicise à tout va, sans parler en plus de l’immigration musulmane à laquelle on accorde un peu trop d’accommodements (dé) raisonnables. Et je suis pour un Québec (la ville et la province qui porte son nom) indépendant et francophone, même si les partis indépendantistes ne sont pas brillants en ce moment.