Pléthore de candidats à la candidature : à droite, à gauche, bientôt au centre et jusque dans le résidu qui subsiste du parti écologiste où, déjà, trois candidats se sont déclarés.
Et voilà Macron qui arrive dans l’arène, après Montebourg, son prédécesseur à l’Économie. Il est donc tant de gens qui s’imaginent qu’ils sont faits pour être un jour, l’un ou l’autre, chef de l’État ! Mettons à part ceux qui se présentent comme des témoins de leurs convictions et qui comptent les faire valoir à cette occasion, tel Frédéric Poisson à droite.
Tout le reste a, paraît-il, des « idées », et affirme unanimement que la solution se trouvera au bout « d’un débat d’idées ». Ils le pensent aujourd’hui, mais s’ils perdent demain, alors ? Croit-on que pour cela ils changeront d’idées ? Quelle hypocrisie ! Ah, « ces débats » dont ils se gargarisent tous ! Comme si, pour remplir la fonction de chef de l’État, il fallait passer un concours ; et encore un concours de « débatteurs », comme on dit pour essayer de parler français ! Ces prétendus « débats » qui n’en sont pas tant ils sont complètement formalisés, vont devenir l’actualité française pendant neuf mois !
Chacun y va donc de son livre, son programme, ses « idées », ses « réformes », la présentation de ses « cent premiers jours », comme s’il y était. Quand ce n’est pas la même chose, ça se ressemble, puisqu’il s’agit de faire face aux mêmes échéances et aux mêmes nécessités. Car la France est malade, tout le monde le sait. Malade de quoi ?
De son État impotent et prépotent, de ses finances obérées, de son économie étouffée sous des charges accablantes, de son chômage endémique, de ses fonctions régaliennes dont la justice, l’ordre intérieur, les finances, la défense même et la diplomatie, sont détournées de leur finalité, de son éducation dite nationale qui n’a plus rien de national et qui est devenue un immense « foutoir », de son administration pléthorique et inefficace autant que tatillonne, de ses innombrables gabegies qui alimentent le système clientéliste dont vivent les apparatchiks, enfin, et maintenant surtout, d’une insécurité permanente due à une folle politique d’immigration et à une non moins folle politique de la ville qui font que des quartiers entiers échappent pratiquement à tout contrôle et que n’importe quoi peut survenir à tout instant.
Les gens avertis le prédisent et le Premier ministre l’a, lui-même, annoncé : les attentats n’ont fait que commencer. Qu’une tension extérieure s’ajoute à la tension intérieure, un drame… et qu’arrive-t-il ? Dans un tel cadre, il n’y a que Hollande qui se croit un chef d’État et qui va encore pérorer, de jour en jour, pour nous le faire accroire.
Et les autres ? Et Macron qui vitupère le système mais qui en fait partie ? Peuvent-ils l’être davantage ? Et chacun de s’illusionner et de donner ses recettes. « Il n’y a qu’à », « faut qu’on », tout y passe en quarante recettes et cinquante points, sauf que l’essentiel n’est jamais abordé. Puisque à aucun moment ces candidats, qui ne vivent que dans l’espoir d’être élus, ne remettent en doute le régime dont ils attendent tout par principe et qui est la cause véritable et proportionné de tous ces maux qu’ils détaillent en vain. Ils prétendent remédier aux conséquences. Comme toujours ! Conséquences inéluctables « d’une cause qu’ils chérissent ». Alors, au vrai, « tout changer pour que rien ne change » ? Quelle inutilité ! Que d’énergie et d’argent gaspillés ! Tout ça pour être au second tour devant Marine Le Pen, car c’est ce à quoi se résument toutes ces superbes stratégies.
A l’heure où tout est bousculé dans le monde, comme le Brexit en a donné l’exemple, où les prochains référendums italien et hongrois risquent de bouleverser la donne européenne, où l’élection présidentielle aux États-Unis révèle de nouvelles lignes de force, où les tensions se multiplient sur la planète et où la sécurité et l’avenir même des Français sont en jeu, est-il permis de se payer le luxe de tels concours de beautés, de tels psychodrames partisans, de telles violences politiciennes qui ajoutent encore à la division de la nation ? Tout éclate, tout est éclaté.
Il y aurait incontestablement mieux à faire. La France a des atouts ; elle aurait une politique à mener, comme le montre encore le dossier de ce numéro de Politique magazine. Elle n’aurait besoin que d’un vrai chef d’État. Dans l’état actuel des choses, rien ne permet hic et nunc d’en dire plus. Mais les circonstances pourraient amener la France à s’en choisir un hors des contraintes des partis. Tout est possible. Il ne faut pas désespérer. n
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