Quand Alstom gagne des marchés aux Etats-Unis, en Inde, dans la péninsule arabique ou en Extrême-Orient, c’est son « savoir-faire » et la « qualité France » qu’elle vend. Et c’est très bien. Mais les autorités de ces pays exigent que les machines soient construites sur place, donnant du travail aux ouvriers et entreprises locales.
La France, elle, quand elle « passe commande », respecte les procédures légales d’appel d’offres, et peut, parfois, « acheter étranger » : il y a des cas où cela peut se justifier. Mais pourquoi, lorsque la SNCF achète 44 locomotives de manœuvre à l’Allemand Vossloh, les Pouvoirs Publics n’exigent-ils pas ce qu’exigent les Etats-Uniens, les Indiens, les Arabes, les Orientaux ? A savoir, que les locomotives soient construites sur place. En l’occurrence, chez et par Alstom ?
Cherchez l’erreur…
L’économiste Elie Cohen rappelle cette évidence de bon sens : pour des entreprises fortes, donc une économie saine, il faut une stratégie, donc une volonté politique, et donc, aussi menée sur le long terme. Or, depuis ses origines, le Système – étant devenu sa propre fin – ne cesse de glisser vers le court-termisme, et se préoccupe surtout de lui-même, de préparer les élections, et plus de soutenir notre Economie, nos entreprises. Des exemples ? Après avoir follement « laissé partir », il y a longtemps déjà, Péchiney, puis Alcatel, on commence à démanteler Areva, et on vient de vendre aux USA l’activité « Turbines » d’Alstom…
Pourquoi s’étonner, alors ?
Le baron Louis disait à Louis XVIII : « Faites-moi de [la] bonne politique, je vous ferai de bonnes finances… » C’est pareil aujourd’hui : faisons – ou refaisons – un bon régime politique, et on pourra faire de la bonne Economie … •
L’économiste Elie Cohen ne brille guère par sa singularité par rapport à l’économiquement correct ultralibéral et européiste. Je lui préfère l’hétérodoxe Jacques Sapir et sa chronique sur Alstom et les méfaits de la financiarisation de l’industrie, et les négligences françaises à tout niveau face à l’impérialisme juridique américain au service de l’industrie de leur propre pays lorsqu’Alstom a du vendre quasiment de force sa division de turbine électro-nucléaire. Cf à ce sujet le livre de Jean-Michel Quatrepoint « Alstom, un scandale d’état ».
Le fait que nous mentionnons Elie Cohen ou citons l’une de ses réflexions ne vaut pas approbation de son orientation idéologique, qui n’est évidemment pas la nôtre. Dans bien des cas – d’accord avec vous – Jacques Sapir nous intéresse bien davantage.