Par Jean-Philippe Chauvin
Réflexions qui font suite et complètent – dans la même ligne anti-aéroport – notre grain de sel, publié hier lundi*.
La manifestation de samedi à Notre-Dame-des-Landes contre la construction d’un aéroport Vinci a été un beau succès de participation mais la détermination du gouvernement, qui ressemble plutôt à de l’obstination dans le mauvais sens du terme, ne semble pas faiblir, loin de là, et cela malgré la demande répétée de la Commission européenne d’effectuer une étude d’impact environnemental globale de ce projet déjà vieux d’un demi-siècle. N’étant pas un chaud partisan de cette Commission et de cette « Europe-là », je n’en suis que plus à l’aise pour constater la contradiction de ce gouvernement qui, tous les jours et dans la bouche même du président actuel de la République, vante « l’Europe, l’Europe, l’Europe ! » mais s’en émancipe sans ambages quand icelle ne va pas dans le sens de ses délires aéroportuaires (entre autres)… Tout comme je peux pointer du doigt l’autre contradiction qui consiste pour ce gouvernement à valoriser la COP 21 et ses préconisations, et, dans le même temps, à ne pas vouloir, concrètement, les mettre en œuvre : sacrée hypocrisie !
L’actuel comte de Paris, il y a quelques années déjà, dénonçait ce projet absurde en rappelant quelques autres grands travaux qui, en Espagne ou au Brésil, avaient été inutiles et, parfois, abandonnés, neufs, sans avoir jamais été exploités : les contribuables et l’environnement en avaient été les victimes, non consentantes, et la cupidité coupable des promoteurs de ces projets n’a pas toujours été sanctionnée comme on aurait pu légitimement l’espérer. La République française qui, à défaut d’avoir construit la France, la bétonne allégrement, poursuit sa misérable œuvre d’enlaidissement du pays quand, dans le même temps, elle cède certains de nos joyaux patrimoniaux à quelques grandes fortunes ou à quelques groupes de financiers avides : cette politique de Gribouille, si elle ne me surprend pas, me désole. Il y aurait tant à faire, pourtant, dans le meilleur sens du terme !
Ce dimanche matin, le garde des sceaux, M. Urvoas, n’a pas hésité à menacer de sanctions judiciaires, au nom du « délit d’opposition à l’exécution de travaux publics », ceux qui oseraient encore entraver ce projet d’aéroport : cette véritable criminalisation de la liberté d’expression et de manifestation n’a provoquée aucune réaction visible au sein de la classe politique ni des « ligues de vertu » qui, d’ordinaire, s’émeuvent du moindre « dérapage » de quelques polémistes qui croient encore au pamphlet et à ses vertus éducatrices. En écoutant, puis en réécoutant les propos de M. Urvoas, j’avoue avoir été abasourdi devant une telle violence légale (puisque conforme au Droit, à défaut, à mon sens, d’être légitime dans ce cas-là) et devant l’apathie de journalistes qui n’ont rien relevé de choquant dans cette diatribe qu’ils n’auraient peut-être pas manqué de relever en des temps plus apaisés.
Ainsi, Créon parle, et c’est la République qui parle par sa bouche !
Il faudra bien, pourtant, que le royaliste que je suis en appelle à l’esprit d’Antigone : quand la légalité oublie ce qu’elle doit à la légitimité, il est bon de la dénoncer ou, du moins, de ne pas la respecter…
En ce sens, le chouan ou le zadiste qui manifeste pour préserver le bocage de Notre-Dame-des-Landes est et sera toujours plus légitime à mes yeux que les décisions de cette République des bétonneurs estampillée Vinci… •
Le blog de Jean-Philippe Chauvin
* A lire aussi dans Lafautearousseau …
Pareil acharnement de politiques à construire un aéroport dont apparemment beaucoup ne veulent pas dans la région, ne peut qu’engendrer une suspicion des plus légitimes de la part de ceux qui n’ont qu’une confiance limitée dans le système, et dans les serviteurs qui le font tourner. On sait trop comment fonctionnent les appels d’offre et les attributions de marchés publics pour rester béatement approbateur devant pareille pugnacité du sérail politique à imposer son projet, et à sanctionner ses opposants. Il est tentant d’imaginer des hypothèses que la morale et le code réprouvent, générant des obligations inégales en quantité et réciproques en qualité, car dans ces milieux, tout le monde tient tout le monde en son état, mais surtout porteuses de futurs échanges de bons procédés, sans qui le système ne pourrait se perpétrer à l’identique, au risque de favoriser nouveaux entrants toujours préjudiciables à la stabilité des rentes établies. Mais l’imagination débridée ne saurait bien entendu remplacer une réalité, faite de cette probité exemplaire, d’honnêteté, et de d’équité dans laquelle la République s’est toujours drapée depuis sa création, avec l’air exagérément apprêté, et les vêtements trop voyants, des dames de petite vertu. Toutefois, l’acharnement précité peut également venir, même non-exclusivement, de la remarquable capacité des organisations administratives à développer leur propre entropie, conduisant à l’instar des systèmes physiques à une baisse de l’information jusqu’à l’immobilité totale de ses composants, en l’occurrence, la prise de décision ou son annulation. La gabegie administrative nous a abondamment instruits de ce genre d’évolution, d’autant plus forte et rapide lorsqu’ amplifiée par l’imbécilité chronique d’une idéologie hypocrite et partageuse avant de produire, on aura nommé le socialisme petit bourgeois, celui des notables intéressés, des clercs lotionnés, et des porteuses de circulaires, dont on retiendra la leçon principale : Une mauvaise action a toujours sa raison.
Il faut aussi séparer le bon grain de l’ivraie. Plusieurs individus de N D des Landes, sont venus à CALAIS aider les no borders., pas de collaboration avec cette racaille.