Le 23 septembre dernier, nous avions critiqué notre ministre de la des-Education nationale, qui s’était couverte de ridicule en réagissant aux propos de Nicolas Sarkozy sue « nos ancêtres les Gaulois » *. Elle avait commencé sa déclaration par un vaniteux « la ministre de l’Education nationale que je suis connaît parfaitement… etc. etc. » Sauf qu’elle se plantait sur toute la ligne, confondant l’auteur du livre évoqué avec un autre, ne donnant pas le titre exact, citant comme soi-disant « première phrase » une phrase tirée d’un autre ouvrage… Bref, comme disent les élèves en cours de récré, elle s’était « vautrée », et en beauté ! Les plus cultivés des dits élèves (si, si, il y en a toujours…) en rigolent encore sous les préaux…
Un lecteur nous a envoyé la lettre écrite, de son côté, par un professeur agrégé d’Histoire, à notre ministre, aussi ignorante que prétentieuse : nous ne résistons pas au plaisir de de lui céder la parole.
Madame Vallaud Belkacem, Ministre de l’Education nationale
Vous avez voulu répondre à l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy : « La ministre de l’Éducation que je suis connaît PARFAITEMENT les premières phrases de ce livre, Tour de France par deux enfants, d’Ernest Lavisse, sous la IIIe République : « Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule et les habitants les Gaulois. ». Pas de bol, comme dirait votre chef de l’Elysée, car, ce faisant, vous commettez une série d’erreurs historiques :
1. La phrase en question n’est nullement la première phrase du Tour de France par deux enfants, livre qui n’est pas de Lavisse, mais de G. Bruno, pseudonyme d’Augustine Fouillée. Ce manuel de lecture commence par une évocation de la guerre de 1870 : « Par un épais brouillard du mois de septembre, deux enfants, deux frères, sortaient de la ville de Phalsbourg en Lorraine […] par la porte de France. » Ce manuel scolaire ayant été tiré à 8,5 millions. d’exemplaires, je m’étonne que « la ministre de l’Education que [vous êtes] » l’ignore.
2. Ce manuel n’était pas seulement en usage « sous la III° république » mais aussi sous la IV°, bien marquée à gauche, et durant les débuts de la V° République.
3. Lavisse, dans ses manuels de Cours moyen et Cours moyen et Certificat d’Etudes, Armand Colin, réédition 1929 et 1934, ne dit rien de cela ; il parle du pays et non du peuple : « Il y a deux mille ans, la France s’appelait la Gaule. La Gaule était habitée par une centaine de petits peuples », ce qui est historiquement exact ; il ne s’agit pas d’un « roman historique » que vous et vos semblables, notamment les socialistes historiens, stigmatisez. Si vous aviez quelque connaissance du latin, que vous détestez tant, vous sauriez que Jules César écrivit les « Commentarii de Bello Gallico ». Vous ajoutez ensuite : « Oui, il y a parmi nos ancêtres des Gaulois, mais aussi des Normands, des Celtes, des Burgondes… Les Niçois nous ont rejoints, les Corses, les Franc-Comtois, la Guadeloupe, la Martinique et puis après aussi des Arabes, des Italiens, des Espagnols… C’est ça la France. »
Vous commettez à nouveau plusieurs fautes historiques dans ce bric-à-brac :
1. Erreur qu’un élève de sixième (d’avant votre réforme du collège) n’aurait pas commise : les Celtes sont les Gaulois habitant la Gaule centrale, la Gaule celtique, « qui ipsorum lingua Celtae » nous dit César livre I, 1, entre Gaule Belgique et Gaule Aquitaine. Mais comme vous méprisez le latin…
2. Vous mélangez allègrement peuples et territoires et, apparemment, la chronologie des invasions n’est pas votre tasse de thé, même au harem (d’Archimède).
3. Vous considérez comme autres ancêtres des Français, des peuples qui étaient éminemment Gaulois comme les « Franc-comtois », en réalité le peuple gaulois des Séquanes qui vivaient, après le traité de Verdun de 843, dans la Lotharingie de Lothaire et non dans la Francia occidentalis de Charles le Chauve. Mais à Sciences po, je doute qu’on enseigne le traité de Verdun et la naissance de la Lotharingie.
4. Il serait bon et même nécessaire de rappeler que ces invasions ne concernaient que quelques dizaines de milliers d’hommes, voire quelques milliers pour ce qui est des Normands, alors que la Gaule gallo-romaine était peuplée de 10 millions de Gaulois, soit 1/6 de l’empire romain, alors que la France compte 10 millions d’habitants vers le XIIème siècle, 20 millions sous Louis XIV et près de 30 millions au début de la Révolution. D’un point de vue génétique les apports des peuples germaniques, des Normands et des pillards Sarrazins et Maures au Moyen Age et Barbaresques, du XVème siècle à juillet 1830 – que vous devez bien connaître – et autres « migrants » et envahisseurs ont été démographiquement infimes, au total et sur 15 siècles, de l’ordre de 4 ou 5 %. Les historiens sérieux, au premier rang desquels Fernand Braudel dans L’identité de la France, livre dont le titre seul doit provoquer chez vous un haut-le-cœur, et Pierre Chaunu, soulignent que, jusqu’au XIXème siècle, la population de la France était à plus de 90 % héritière des gènes des gallo-romains. La France terre d’immigration est une légende (une sorte de « roman historique de gauche et anti-français ») colportée dans la bobosphère des journaleux/show-bizeux/cultureux parisianistes, faux historiens mais vrais pseudo–intellectuels – sans le « z’ ».
5. Dans votre énumération vous oubliez – mais je doute que ce soit un hasard – les Arméniens, survivants du génocide perpétré par vos grands amis musulmans, les Turcs. Par ailleurs, aveuglé par votre idéologie multiculturaliste, vous faites un contre-sens sur ce qu’a dit notre ancien Président de la République : il ne dit pas que seuls les Français nés Gaulois, sont Français, il dit exactement le contraire : on ne nait pas Français / Gaulois, on le devient ; il parle comme de Beauvoir ! Cela devrait plaire aux féministes hystérisées de votre entourage… Puisque vous prétendez « connaître parfaitement » le Lavisse, vous devriez, et vous auriez dû, Madame le Ministre, vous inspirer du frontispice où Ernest Lavisse s’adresse à l’Enfant (et non l’« apprenant » cher aux ayatollahs de l’Education qui grouillent et scribouillent dans votre ministère) : « Dans ce livre tu apprendras l’histoire de la France. Tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle, et parce que son histoire l’a faite grande ». Cela aurait évité la destruction de son histoire et de l’Histoire en général ainsi que la francophobie qui règne dans les programmes et manuels d’histoire de la réforme du collège de 2016.
Veuillez croire, Madame le ministre, à l’expression de ma considération.
Jean–Michel Lambin
Agrégé d’histoire, ancien professeur en Hypokhâgne et Khâgne •
Quel régal, cette lecture!
Un seul reproche à ce texte excellent : Sarkozy dit « on ne nait pas Français / Gaulois, on le devient ; il parle comme de Beauvoir ! ».
Outre que c’est « Beauvoir » qu’il faut écrire et non « de Beauvoir » (on ne mets jamais la particule quand le nom n’est pas monosyllabique ou ne commence pas par une voyelle), outre cette erreur de plume, on a l’impression que ce distingué professeur fait la moure devant la belle phrase et la belle idée de Sarkozy.
Oui, on devient français, comme on entre dans une famille ; et on en adopte alors l’histoire, les joies, les tristesse et même les querelles…
Comme quoi, il est beaucoup plus facile de devenir ministre de l’Education Nationale que professeur agrégé d’histoire. Il suffit simplement qu’elle ouvre la bouche pour que l’on puisse s’en apercevoir ! La France n’existe plus. Elle n’est qu’un décor de théâtre qui s’enlaidit de plus en plus et les responsables de cette tragédie ne sont que des marionnettes décérébrées qui occupent pourtant des postes clés, et qui plus est, gonflés d’orgueil.
Qui croit encore que l’on devient ministre par sa compétence ? Que nenni ! On le devient par la souplesse de sa colonne vertébrale. Sinon … Quand on est ministre on ferme sa gueule ou on s’en va constatait en son temps un ancien maire de Belfort. Quoique je me demande parfois si
dans ce monde là, l’élève n’est pas le maître …
Dans les confidences d’Hollande à ses deux compères, journalistes du Monde,, le locataire de l’Elysée parlant de Mme Najat Vallaud Belkacem aurait dit » qu’elle est très forte en langue de bois, que ce n’est pas une intellectuelle,qu’elle n’a pas fait l’ENA, mais qu’elle est ambitieuse… « .Il aurait pu ajouter qu’elle est rentrée à Sciences Po grâce à un concours spécial réservé aux gens de la diversité (sic).Mais là, bien sûr, la doxa vintage prohibe ce genre de précision. Cela me rappelle dans un registre différent, le sinistre Peillon,, son prédécesseur, prétendument agrégé. De fait celui-ci, selon la presse qui rapportait les propos du président de l’association des agrégés, avait obtenu ce titre au tour extérieur.Il n’avait jamais réussi le concours de l’agrégation.Tout en brocardant les titres universitaires (les pseudos intellectuels de Mme Najat), les socialeux à le mentalité envieuse et petite-bourgeoise, tente en catimini de s’approprier toutes sortes de titres; de privilèges et de prébendes.Si le philosophe Arthur Schopenhauer vivait encore, il les aurait pris comme exemple phare de son chapitre sur les pharisiens (maîtres de la duplicité et de l’hypocrisie).
On pourrait se demander s’il est utile de revenir sur le massacre de notre école, désormais ouvertement utilisée comme champ d’expérimentation de divers fantasmes, même les plus pervers.
Je signale le livre de la journaliste du NouvelObs Carole BARJON (généralement peu militante et plutôt neutre) « Mais qui sont les assassins de l’école ? » chez Robert Laffont, Sept 2016, 18 €. On ressort meurtri de cette lecture, car nous parlons de l’avenir de nos enfants. En désaccord avec elle sur un point, elle met Claude Allègre dans le même sac que le reste des politicards depuis Haby. Liens ci-après sur ce livre
http://www.lepoint.fr/societe/ils-ont-tue-l-ecole-19-09-2016-2069481_23.php#xtmc=violaine-de&xtnp=1&xtcr=8
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-les-fossoyeurs-de-l-ecole-demasques-24-09-2016-2071000_1886.php#xtmc=brighelli&xtnp=1&xtcr=6