par Louis-Joseph Delanglade
Le 13 octobre, en visite officielle à Ottawa, M. Valls dit du Ceta que « c’est un bon accord ». Quelques jours plus tard, il déplore l’opposition wallonne audit accord. Levée jeudi 27, cette opposition a, semble-t-il, permis quelques rectifications de taille : les juges de tout tribunal arbitral seraient nommés par les Etats ; le droit des Etats à réglementer au nom de l’intérêt général serait reconnu ; les entreprises états-uniennes se verraient interdire de pénétrer le marché européen via leurs filiales canadiennes ; une clause dite « de sauvegarde agricole » serait prévue et le maintien des législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.) entériné. Le traité, ainsi amendé, pourrait voir le jour dans quelques années…
En attendant, on doit donc comprendre que le traité, dans sa version primitive, rejetée par la Wallonie mais validée par la France, autorisait : la possibilité pour une entreprise multinationale de porter plainte contre un État adoptant une politique publique contraire à ses intérêts ; l’impossibilité pour un Etat de continuer à réglementer au nom de l’intérêt général ; la possibilité pour une entreprise états-unienne d’inonder les marchés européens via sa filiale canadienne ; l’absence de toute clause de sauvegarde pour l’agriculture européenne ; la possibilité de contourner les législations européennes interdisant certains produits contestés (comme les o.g.m.).
Affaiblissement (explicitement irréversible) de l’Etat, donc de tous ceux qu’il a pour mission de protéger, face aux multinationales, voilà le « bon traité » de M. Valls : son appréciation se passe de tout commentaire. On pourra objecter que la France a bien demandé l’arrêt des négociations sur le Tafta avec les Etats-Unis. Mais, à en juger par les concessions envisagées dans le Ceta initial, faut-il que celles faites à l’idéologie marchande nord-américaine aient paru excessives et malvenues dans un contexte européen qui voit le réveil « réactionnaire » de peuples floués par de prétendues « élites » !
« En Occident, le libéralisme est un dogme absolu » constate M. Servan (Boulevard Voltaire, 28 octobre). De fait, Ceta ou Tafta, l’objectif stratégique primordial est le même dans la guerre que livrent les partisans de la mondialisation libre-échangiste contre les barrières que constituent encore les mille et une différences qui font qu’un Français, un Chinois et un Zimbabwéen sont ce qu’ils sont, différences à travers lesquelles se manifeste leur humanité commune. On prône la liberté de circulation des biens, des services et des personnes, liberté dont tout un chacun a dans l’idée qu’il pourrait en profiter un jour ou l’autre. Mais, derrière, se cache l’autre liberté de circulation, celle des capitaux, celle de la « fortune anonyme et vagabonde », garante de toutes les délocalisations fiscales et de la fin de la souveraineté monétaire des Etats.
« On va au bout du bout de la mondialisation. On détruit les ultimes frontières, celles qui sont dans les lois, les règles, les modes de vie. Celles qui sont dans les têtes », s’indigne Éric Zemmour (R.T.L., 25 octobre). Et il a raison. •
Comme la plus part de nos politiques, à commencer par les deux têtes de l’exécutif, nos dirigeants font essentiellement de la figuration, sous la forme d’une danse du scalp autour des idées reçues du moment. L’absence de culture dans la classe politique, les parcours universitaires plus ou moins brefs, les carrières de militants coupés de la réalité du monde du travail, et l’utilitarisme immédiat de la culture de l’image, ont vidé les discours de substance, et annihilé les capacités aussi bien d’analyse que de sens critique dans l’examen des sujets évoqués. On ne s’étonnera donc point des déclarations convenues d’hommes politiques, aux connaissances souvent essentiellement domestiques, sur un traité international qu’ils n’ont probablement jamais regardé, au mieux par manque d’intérêt, au pire par un déficit de capacité à le comprendre dans ses conséquences, tant les domaines qu’il aborde, les dépassent probablement en savoir et complexité. Le « pourtoussisme » des communicants et la « weakipédisation » des connaissances ne sauraient se substituer à celles-ci, tant l’exercice d’un jugement dépend de la capacité préalable du choix de sujets sur lesquels le porter. Les probabilités nous disent qu’un singe peut théoriquement en tapant au hasard sur un clavier pendant un temps suffisamment long, réécrire la Princesses de Clèves, mais l’éternité n’est pas humaine, et la méthode ne saurait convenir à la manière de gouverner.
Bonjour,
Nos politiciens en charge des affaires de l’Etat sont devenus de simples greffiers, signataires des décisions de l’Union Européenne. Il ne leur est demandé que d’obéir et de respecter à la lettre, la ligne directrice donnée par l’UE, elle-même réceptacle des ordres de Washington.
A quoi servent-ils ? A pas grand-chose, sinon de communiquer la doxa européiste de Bruxelles, qui s’évertue de détruire les nations européennes.
Accessoirement, ils peuvent aussi en tant que simple greffiers, écrire des livres… A scandales.
Bonjour Bergeronnette ,
Oui beaucoup de nos politiciens sont au mieux des greffiers ! j ai envie de dire des grattes papiers nos parlements des chambres d’enregistrement !Puis vous avez les libéraux . Vous savez ils ont même des gardiens de la foi leur religion libérale (hors de la quelle point de salut )qui s’expriment tous les jours de la semaine sur une radio soit le matin et surtout en début d’après midi !C’est le … .Ah en revanche ils critiquent toujours le pape !