Raphaël Glucksmann, fils d’André Glucksmann
Par Olivier Maulin
Raphaël Glucksmann publie un essai pour opposer sa vision de la France au « repli » qui tenterait aujourd’hui notre pays. Las, l’idéologie ne fait pas bon ménage avec l’intelligence. C’est ce qui est analysé ici avec brio par Olivier Maulin [Valeurs actuelles, 3.11]. Raphaël Glucksmann est symptomatique, emblématique, d’une pensée et d’une oligarchie qui se sentent aujourd’hui menacées par l’émergence d’une nouvelle ère, d’un nouveau cycle de l’Histoire, contraires à leurs utopies et qui, quoiqu’elles l’exercent encore très largement, redoutent la perte prochaine de leur hégémonie culturelle et idéologique. D’où, plus tard, politique. Ingénument, faussement naïf, Raphaël Glucksmann s’en alarme, s’en lamente, alerte ses semblables. On l’a même observé très agressif, jeudi dernier au soir, sur BFM-TV chez Ruth ElKrief, affronté à un Zemmour exact et impitoyable… Nous sommes en pleine actualité – pour lui très négative – et ce trop gentil jeune-homme est notre adversaire. Lafautearousseau
Les raisons d’être inquiet aujourd’hui ne manquent pas. L’immigration massive que l’on nous vend depuis trente ans comme une chance pour la France se retourne en partie contre nous ; une cinquième colonne que l’on est incapable d’évaluer a commencé de nous poignarder dans le dos ; l’évolution économique mondiale lamine notre modèle social et culturel ; l’Europe, qui était censée être notre avenir, s’avère être un ectoplasme incapable de nous protéger.
Mais tout cela n’est que broutilles pour le jeune Raphaël, fils du philosophe André Glucksmann récemment disparu. Un an et demi après avoir publié un « manuel de lutte contre les réacs » plutôt comique, l’essayiste a en effet repéré la seule et véritable inquiétude actuelle : les maurrassiens sont en train de prendre le contrôle de l’histoire, dessinant à la France « un visage grimaçant d’angoisse et de ressentiment »… C’est pour répondre à ces bardes « sortis du néant dans lequel d’antiques trahisons les avaient relégués », manière délicate de renvoyer à Pétain ceux qui auraient l’audace de penser différemment de lui, que notre nouveau « nouveau philosophe » a pondu un livre laborieux pour rallumer la lumière et éclairer les ténèbres réactionnaires qui lentement se posent sur le pays en menaçant de l’asphyxier. Problème : loin d’être un projecteur, sa lumière est une petite loupiote qui se met très vite à clignoter et qui faute de jus finit logiquement par s’éteindre piteusement.
Il y a au moins un point sur lequel on sera d’accord avec notre intellectuel en culottes courtes : ses idées ont bel et bien perdu la partie et ce n’est pas son livre prétentieux et bavard qui y changera quelque chose. Pour un homme de gauche habitué à arbitrer les élégances, c’est probablement un crève-coeur.
La France de Glucksmann fils est un gag. C’est une pétition de principe, une idée pure, l’abstraction dans toute sa splendeur. La succession des travaux et des jours, l’année liturgique, les grands cycles paysans ayant marqué les paysages, les moeurs et les mentalités ? Pas un mot. Trop réel. La France est cosmopolite, universaliste, révolutionnaire et européenne. Mieux : elle l’est depuis toujours ! Elle est une promesse pour tous les hommes et en tout lieu et n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle est « déterritorialisée ». Bref, cette France est davantage nichée dans la brousse du Burkina Faso ou dans le coeur d’un Érythréen que dans le fin fond de la Creuse ou dans le coeur d’un vieux Français aux pieds enfoncés dans une glaise suspecte.
Les Français descendraient d’un voleur de poules
Ce bon vieux Renart (ici sur une miniature du XlVe siècle) serait la preuve,
selon Raphaël Glucksmann, que notre identité est « trouble »…
Sans surprise, Glucksmann déplore ainsi le manque d’ardeur de notre pays à accueillir les « réfugiés » et loue la chancelière allemande d’avoir transformé le sien en une immense journée « portes ouvertes ». Loin de l’effrayer, la formule magique de la mémère (« Nous y arriverons »), qui commence à inquiéter même les plus raisonnables, est pour lui la preuve que la politique est avant tout affaire de conviction.
L’acmé de la France de Glucksmann se situe évidemment le 26 août 1789, jour de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais à la différence de certains républicains qui la font carrément naître ce jour-là, notre historien magnanime lui reconnaît bel et bien une histoire avant la glorieuse révolution. Mais une histoire… progressiste ! Il s’enhardit en effet à fouiller notre passé lointain pour y trouver les prémices de cette France éternellement désincarnée, faisant mystérieusement appel au personnage de Renart, tiré du roman du même nom écrit aux XIIe et XIIIe siècles, en lequel il voit le « père fondateur de notre identité » et la preuve que cette identité est « trouble ». Est-ce par simple plaisir d’affirmer que les Français descendent d’un voleur de poules que notre farceur est allé chercher là sa référence arbitraire ? Nul ne le saura probablement jamais. Quoi qu’il en soit, il faudrait rappeler à notre historien de la littérature que cet amusement carnavalesque pour clercs qu’est le Roman de Renart ne va pas sans l’ordre dont ce roman s’amuse et que la culture médiévale ne connaît pas le conflit qu’il lui prête entre un idéalisme dominant et des antimodèles contestataires. Le carnaval est nécessaire à l’équilibre de la société et les deux vont ensemble : retirer l’un à l’autre pour l’ériger en modèle n’a tout simplement aucun sens.
Mais tout est bon pour tenter de prouver que l’identité française est fluctuante de toute éternité, fondamentalement « déracinée », un mot que l’auteur affectionne. Le destin de cette France est donc de se dissoudre dans le réel pour ne demeurer qu’une idée, un phare dans la nuit, une déclaration de principe, celle-là même que l’ancienne secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme, Rama Yade, avait naguère fait placer dans une sonde spatiale et envoyé sans sommation dans l’espace infini, déclenchant par là même un fou rire universel.
Estimant qu’il symbolise au mieux les « conservateurs », Glucksmann convoque également le Tartuffe de Molière sans comprendre que celui-ci a changé de camp. Le Tartuffe clame en effet aujourd’hui qu’il est un « patriote cosmopolite »; il assure la main sur le coeur qu’il est républicain mais se montre favorable au multiculturalisme; il prétend aimer la France mais la France qu’il dit aimer porte en elle son principe de destruction et ne se réalisera véritablement que dans sa complète dissolution. Le Tartuffe aujourd’hui s’appelle Glucksmann. •
IL A DIT
« NOS PLUS GRANDS HOMMES, CEUX QUI ONT SU LE MIEUX EXPRIMER ET REPRÉSENTER L’ESPRIT FRANÇAIS, ONT TOUS FAIT L’EXPÉRIENCE DU DÉRACINEMENT. » Raphaël Glucksmann
Notre France, de Raphaël Glucksmann, Allary Éditions, 260 pages,18,90 €.
C’est donner beaucoup d’importance à cet individu que de le dénoncer. Mais s’il faut le faire, disons que c’est avant tout parce qu’il est le symptôme de cette prétendue élite aussi déracinée et volatile que les marchés financiers. Pour lui, les peuples, enracinés dans un lieu et une histoire n’existent pas, il n’y a que des populations constituées d’individus interchangeables, réduits à leur fonction de production, de consommation et d’échange. C’est exactement le point de vue des ultra-libéraux, qui ne rêvent que de détruire les vieilles nations parce que c’est le cadre dans lequel les vieux peuples continuent à exister charnellement et à résister à la montée de la tyrannie libérale et au règne de l’argent. Pour cet individu, l’immigration est une religion. C’est aussi le point de vue des libertariens américains, disciples de David Friedmann, Murray Rothbard ou Peter Nozick, libertariens, c’est-à-dire les ultralibéraux, qui sont favorables aux USA à une immigration sans frein, tout simplement parce que cela sert les milieux patronaux en fournissant une main d’oeuvre bon marché. Cela est particulièrement évident pour la Californie dont les immenses plantations agricoles ont besoin d’une main d’œuvre servile. La gauche et les ultra-libéraux s’engagent à leur fournir cette main d’œuvre. La gauche des bons sentiments rejoint les intérêts les plus sordides. Il en va de même en France où l’on voit l’alliance des no-borders et du Medef pour encenser l’invasion migratoire. Un paradoxe de notre temps. Des bobos américains se plaignaient du fait que le défaite de Clinton, la candidate des marchés financiers et de Wall Street allait remettre en cause l’admission dans l’armée des transgenres. Les ouvriers de la ceinture de rouille qui vivent dans des mobil-homes apprécieront à leur juste valeur les préoccupations de cette gauche. En France, c’est la même chose, la gauche se moque du sort des plus modestes mais fait du mariage pour les homosexuels une grande cause nationale. Et après elle s’étonne que par exemple dans le bassin houiller lorrain, elle perde les unes après les autres les municipalités. En effet la France réelle ne ressemble que de très loin au quartier du Marais.
Tout n’est pas à jeter et écouter l’autre n’entraîne pas forcément un agrément.
Savoir conserver ce qui est bon et rentable pour soi en prenant chez les autres ce qu’il y a de positif et d’innovant n’a rien de répréhensible. Les voyages dit-on forment la jeunesse et sortir de son cocon est une expèrience enrichissante.
Les croisés ont ramené d’Orient un art de vivre et une médecine nouvelle , après plusieurs invasions la France s’est construite et affirmée une identité commune. . Je pense que l’exagération dans un sens ou dans l’autre est comme toujours contre productive . Nous sommes le résultat de notre histoire complexe et multiculturelle où les rois se sont alliés à des princesses étrangères et su enrichir le patrimoine des arts .
La démarche effectuée par une caste de privilégiés pour imposer l’idéologie de l’homme universel semble apparaître au grand jour pour quelques intellectuels, il était temps, car les gens du peuple de France, l’ont compris depuis des décennies; et ce malgré les mensonges assénés par les médias à solde. La France se meurt non par manque de courage politique de son peuple, mais par sa bravoure gratuite et infondée. Ce n’est pas d’hier; qui n’a pas dans sa famille un « Poilu » qui a répondu présent au carnage imposé par des dirigeants. Allez dans les campagnes et regardez les photos de ses jeunes hommes bardés de médailles affichées à la tête du lit des anciens ou sur la cheminée. La France profonde est vivante, mais elle est tellement désinformée qu’il y a peu d’espoir de voir renaître sa gloire. Pour revivre dans notre pays , dans notre Europe, il nous faut retrouver la vérité de l’histoire, celle de la géopolitique mondiale, qui se dessine, et cela passe par un souverain dynamique, volontaire, qui devra faire face aux privilégiés actuels qui mentent pour préserver leurs avantages. J’ai dit un souverain et non une palanqué de profiteurs qui voudraient retrouver une place à la place des actuels privilégiés, Une révolution suffit. Comme son nom l’indique, la révolution a bouclé sa circonférence. Ce souverain devra rapidement répondre à la demande non formulée de son peuple; et s’il croit à son peuple il trouvera facilement les réponses. Les Français ne sont pas aussi opposés à la gestion saine du pays, ce ne sont pas des rebelles, des opposants à vie; ils rêvent d’un royaume serein ou il fait bon vivre. N’est ce pas la vision des enfants qui ont visités le Prince. Le libéralisme mondialisé a fait descendre les gens de France dans l’esclavage mondial; et comme chacun sait: le continent Européen et donc la France sont actuellement les oubliées des marchés planétaires, que se partagent déjà, la Chine, La Russie, L’Amérique. L’ Europe et donc la France de nos gestionnaires actuels à l’idéologie mondialisée est vouée au chômage et à la misère; et les Anglais l’ont bien compris.
La proposition récurrente selon laquelle il ne faudrait pas parler de tel ou tel ou de ceci ou de cela, parce que c’est donner trop d’importance à l’intéressé, ou qu’on ne le supporte pas, ou que l’on se refuse à le lire ou à l’écouter, doit être rejetée comme irresponsable, incompatible avec notre engagement. Il faut tordre le cou à ce type d’abstention hautaine et individualiste, qui nous met hors-jeu. Nous devons y être â fond.
Autre chose : arrêter de laisser croire ou de laisser dire que nous ignorons le caractère évolutif de toute identité vivante. Nous savons cela ; c’est même une banalité, un pont aux ânes.
En revanche, nous devons affirmer qu’il y a des conditions â l’évolution paisible, féconde, non destructrice, d’une identité aussi construite, aussi ancienne que l’identité française.
Ces conditions sont :
1. Le temps, l’étalement dans le temps long
2. La dose : compatible avec l’impératif d’une assimilation progressive et acceptée
3. La compatibilité du ou des éléments qui s’offrent à être intégrés avec le génie de l’identité préexistante considérée.
4. D’où le nécessaire processus d’« appropriation » des dits éléments acquis, qui signifie aussi dans une certaine mesure leur « modification ».
Toute volonté d’intégrer massivement (Dosis facit venenum), brutalement, rapidement, passivement, indistinctement, des éléments identitaires nouveaux, a fortiori s’ils sont trop hétérogènes, voire carrément hostiles, est vouée à l’échec.
Identité vivante, évolutive, assimilatrice : évidemment. Mais pas n’importe comment. Pas au risque de détruire.
je ne crois pas au repli sur soi . Par contre je crois qu’une nationalité se mérite et qu’il est dangereux de faciliter comme on le fait l’accès l’installation et la vie quotidienne de ceux qui migrent au dépens des autochtones. Nous créons des Etats dans l’Etat.
« A Rome faites comme les romains » c’est aux arrivants de se couler dans le moule .
Assez de passe-droits, d’accēs aux aides sociales de repas spéciaux medecins etc et langue française obligatoire. A partir du moment où on opte pour un pays c’en est fini de la double nationalité.
Il y aura peut être un peu moins de postulants.
Franchement, qui croit au repli sur soi, sauf des débiles ? La question n’est pas réductible à une telle formulation. On peut s’ouvrir au monde entier quand on ne pratique pas l’abandon de soi. C’est dans ce dernier cas que nous sommes. Ne nous trompons pas de contexte !
Nous on n’y croit pas mais pour que ce soit le cheval de bataille de certains et que ça fonctionne il faut en prendre compte.
Tout à fait d’accord pour l’essentiel.