Par David Desgouilles
Qui pointe ici et moque avec talent la nullité du journalisme politique, tel que le dernier débat Juppé-Fillon l’a de nouveau démontré [Antidote, 25.11]. Si le débat entre les deux finalistes fut soporifique, ce n’est pas seulement parce que Juppé et Fillon ont été sur la défensive. La mise en scène grotesque du duel avait de quoi exaspérer. Le fait n’est pas anodin ou sans importance : l’inculture et la prétention des journalistes en lice pour de tels débats contribue à abaisser davantage encore s’il se peut le politique et ses acteurs. Théoriquement des hommes d’Etat, qui devraient se comporter et être traités comme tels. Ce n’est pas le cas. David Desgouilles a bien raison de le signifier aux uns et aux autres. LFAR
Depuis quelques années, notre consoeur Natacha Polony fustige le journalisme politique qui tend à ressembler au commentaire sportif. Jamais elle n’aura eu autant raison qu’à l’occasion de ce débat. Tout y était. Pour ma part, j’étais sur France 2 et j’ai eu l’impression dès le début qu’on allait assister à la finale de coupe du monde. L’arrivée des joueurs au stade. Ouf, ils n’avaient pas leur casque sur les oreilles, les supporters n’aiment pas ça. La reconnaissance de la pelouse, c’est important. Les allers-retours avec le plateau, et les consultants qui nous expliquent qu’un tel a de l’avance sur l’autre au classement. Que le second doit « tout donner » pour faire son retard. On s’enquiert de la forme des joueurs. On s’interroge sur le rythme du match qui s’annonce. Viril ? Musclé ? Attentiste ? Un petit tour vers les reporters présents parmi les supporters des deux équipes. L’ambiance est là. Cela manque tout de même de drapeaux et de cornes de brume. Retour sur le plateau. Le vieux consultant FOG est là qui analyse le jeu des deux protagonistes. Si FOG est là, c’est que le match est sérieux. Du niveau d’un Brésil-Allemagne.
Mais le débat commence, et on est déçu… Presqu’aussi ennuyeux que le premier match. Les équipes sont défensives. Quelques tacles virils mais corrects. L’avant-match nous avait promis une finale de coupe du monde, et on a droit à un Créteil-Belfort. D’un coup, on prend l’envie d’aller à la buvette. Et on épargne le résumé du match au lecteur. Parce qu’il va lire ce texte certainement de bon matin, et qu’il ne faut pas le rendormir.
On en arrive donc à l’après-match. Des reporters partout, encore une fois. Au bord du terrain, pour recueillir les impressions des joueurs. Ont-ils le sentiment d’avoir bien joué ? Tel Didier Deschamps, ils esquivent les questions et font montre de langue de bois. Et retournent aux vestiaires. Formidable scoop : l’un des reporters parvient à obtenir la réaction de l’épouse d’un des deux joueurs vedettes. Isabelle a apprécié le jeu d’Alain, on s’en doute. Retour plateau. On refait le match, mais manque Eugène Saccomano. Il faut bien reconnaître que Nathalie Saint-Cricq n’a pas les qualités de l’ancien commentateur de RTL et Europe 1. Qui a bien joué ? Qui a gagné ? FOG cause tactique. Il appelle ça « méthode » mais c’est de la tactique.
On en arrête là. On se demande si tous ces gens sont conscients du ridicule de leur mise en scène. Sont-ils dupes ? Qu’on se rende compte ! La moitié d’un journal télévisé, la suppression de « Parents mode d’emploi » qui a peiné ma fille cadette, pour un débat qui concerne quatre millions de personnes alors que 41 millions d’électeurs ont dédaigné cette primaire dimanche dernier. Ils vont faire quoi, lorsque ce sera la vraie finale de la vraie élection présidentielle, en mai prochain ? Prendre l’antenne à huit heures du matin ? Accompagner les joueurs dans leur échauffement ? Les interroger depuis leur salle de bain ? Aligner les débats à quatre, à cinq, à sept commentateurs en plateau, jusqu’au soir ? Suivre les véhicules des finalistes avec motos sous les vivas des supporteurs ? Sont-ils à ce point conscients du dédain qu’inspire la politique aujourd’hui, pour oser mise en scène si consternante ? Poser cette question, c’est y répondre. Le journalisme politique et le journalisme sportif ont aujourd’hui complètement fusionné. •
David Desgouilles
Blogueur et romancier. Il est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l’affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015). Son prochain roman de politique-fiction, Dérapage, paraît le 11 janvier 2017 aux éditions du Rocher.
Chers amis bonjour ! Le jeu des mille Francs avec Lucien Jeunesse! lui au moins avait la gouaille française , et l’humour français !;
Heureusement le ridicule ne tue pas sinon nos deux pseudo protagonistes tombaient raides !La poignée de mains !je pensais qu’ils tomberaient aussi bas !
Débat insipide s’il en est !L »Europe point du tout ! L »Euro que neni ! La crise de migrants vous n’en approchez point ! minable débat !!
vive le roi
Ö pâles reflets d’une FRANCE moribonde….
le chi, le chimi, le chili, le chilimi, chimili, il manque notre papi Mougeot dit Coluche. C’est long et pénible d’entendre des médias bavarder sans profondeur sur des sujets qui sont notre vie quotidienne; mais le serveurs de soupe sont fort bien payés pour nous distraire, nous les moutons de Panurge..
L’en,jeu de ce débat était bien trop important pour prendre le moindre risque d’un côté ou de l’autre, chacun jouant en vue des présidentielles. Fillon a l’avantage d’être un sportif automobile de très bon niveau, donc habitué à tout maitriser, mine de rien. Et puis il est jeune, par rapport au grand-père Juppé qui devrait prendre sa retraite. Le débat était à la hauteur des téléspectateurs, qui ont suivi tranquillement celui-ci. Ne nous surestimons pas…
Chere Solange , Vous dites le débat était trop important pour prendre le moindre risque .Certes , mais alors et c’est mon opinion la démocratie fait qu’elle nous entraine vers des calculs qui conduisent à la médiocrité.Donc il faut abolir ce système qui d’ailleurs n’ a pas le monopole des libertés que nous devons à la France mais non à la démocratie.
Cordialement et respectueusement.
Bien d’accord, Camelot. Salut :
Le débat permet surtout d’augmenter l’audience de la chaine. Les deux hommes savaient ce qu’ils avaient à dire et comment. Quant aux téléspectateurs, les convaincus par l’un ou l’autre n’ont certainement pas changé d’avis en les écoutant., d’autant plus qu’il y a suffisamment d’écrits pour se faire une idée de la France qu’ils veulent mettre en place aujourd’hui et demain, en attendant le Roi, ce qui arrivera un jour inévitablement puisqu’il reste une ampoule sainte.
Sans doute faut-il que la France tombe au plus bas pour qu’elle puisse remonter avec l’aide de la Vierge Marie.. La France s’est toujours relevée, Ses racines chrétiennes lui assurent une longévité sur les siècles. Restons confiants, la France est et restera une terre bénie et unique que rien ne peut ébranler et qui se redressera le temps venu dans toute sa splendeur.. Vive la France et vive le Roi. Restons unis dans la prière et l’espérance.