Par Quentin Périnel
Chaque lundi, Quentin Périnel, journaliste au Figaro, décrypte un mot ou une expression grotesque que nous prononçons au bureau – ou ailleurs – et qu’il faut éradiquer de notre vocabulaire. Lafautearousseau est d’autant plus d’accord avec cette juste chronique [du 12.12] que l’emploi vicieux qu’elle dénonce avait déjà été signalé ici et copieusement moqué dans un grain de sel de Scipion, il y a belle lurette ! Nos lecteurs doués de mémoire s’en souviendront, les agiles le retrouveront dans nos colonnes. Où les anglicismes sont prohibés. Même s’il peut s’en glisser quelques uns malgré tout, tant leur nombre est grand et les habitudes anglo-serviles sont tenaces. Lafautearousseau
C’est « juste la fin du monde », pour citer le titre du dernier film de Xavier Dolan. Une très jolie mise en abîme. Cette expression, c’est précisément la fin du monde. Parce que sérieusement, c’est « juste » exaspérant. C’est « juste » insoutenable. C’est « juste » éreintant. J’arrête ici le massacre, sinon cela risque de vous hérisser le poil – le mien l’est déjà – dès potron-minet. Il est effarant de voir à quel point la société a été contaminée par la tentation d’ajouter ce petit adverbe dans n’importe quelle phrase que l’on veut accentuer ! C’est juste terrifiant. Et contrairement à ce que l’illustration peut laisser penser, les femmes ne sont pas les seules à s’être amourachées de cette tournure de phrase très laide. Tant s’en faut.
« Juste » a remplacé le « trop » qui était à la mode juste avant son arrivée. Désormais, on ne dit plus « c’est trop hallucinant » mais « c’est juste hallucinant ». Voire pire : « c’est juste trop hallucinant », le comble du comble. À titre personnel, j’ai déjà entendu dans un couloir un collaborateur – manifestement très enthousiaste – s’exclamer: « non mais attends, c’est juste hyper intéressant » ! Je vais préserver ici son anonymat afin de ne pas le froisser. C’est un fait : au bureau aussi, cet écart de langage jouit d’une belle popularité. La preuve : vous avez été nombreux, depuis la rentrée, à me suggérer une chronique à ce sujet, agacés par vos collègues qui l’emploient de manière intempestive en réunion. Il était juste très urgent de réagir avant que vous ne vous impatientiez !
D’où vient cette manie ? Son origine est la même que pour beaucoup d’abus de langage de cette espèce : des États-Unis. Et plus particulièrement du jargon des stars d’Hollywood… Notre « juste » est un anglicisme de la pire espèce. « I just called to say I love you », une chanson de Stevie Wonder, en est un exemple. Mais à l’oral, la tournure de phrase est encore plus choquante. On la trouve dans n’importe quel film ou série américaine que l’on regarderait en VO. Or, des films ou des séries US, nous autres Français en sommes fans ! C’est donc là que le bât blesse. C’est la raison pour laquelle en réunion – après nous être nourris de VO tout le week-end – nous parlons comme le héros ou l’héroïne d’une série Netflix. Mon conseil : rappelez à vos collègues qu’ils ne sont ni Jack Bauer, ni Blair Waldorf. •
Pour le bien de cette chronique, vous pouvez évidemment revenir vers moi et me soumettre les horreurs que vous entendez autour de vous. Je vous répondrai à @quentinperinel sur Twitter et qperinel@lefigaro.fr par mail.
l’emploi du mot définitivement qui s’est fait jour depuis quelques années manifeste le même genre d’emprunt tout à fait importun à la langue anglaise, d’autant plus ridicule qu’il véhicule un contresens révélateur d’une méconnaissance de cette langue. Ce mot résulte, en effet, d’une mauvaise traduction du terme definitely qui signifie précisément, exactement .
Bruno
Merci d’apporter toutes ces précisions mais le mal est là et ne nous quittera pas. Ce genre d’expression ne cessera de fleurir car nos jeunes lisent de moins en moins des textes de beaux auteurs et n’enregistrent que ce qu’ils entendent. entre eux, n’ayant plus vraiment de réelles discussions avec leurs aînés lesquels sont supposés détenir un minium de savoir. Le pire se trouve toutefois dans les SMS, qu’il faut lire à haute voix pour être assuré de comprendre de quoi il est question. Encore une ou deux générations et le Français. deviendra une langue morte.d’autant plus que les enseignants sont de plus en plus pâles, ignorants et peu enclins à se battre pour rétablir des vérités simples mais qui deviennent de plus en plus lointaines. Le plus inacceptable, c’est de constater sur l’écran de la télévision des fautes impardonnables. Nous poursuivons notre descente aux enfers sans nous en rendre compte, nous les parents ou grand-parents responsables pourtant de l’avenir de nos « petits ». Prions pour éviter le pire… Dieu sauve la France….
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Dieu – s’il existe, ce qui est tout de même loin d’être sûr – ne sauvera la France et la Civilisation que si elle le veut, si elle y travaille. Le Dieu des Chrétiens a voulu la liberté des hommes qu’il a d’ailleurs créés à son image et à sa ressemblance. Il ne se substituera pas à des volontés absentes. C’est donc à la renaissance des dites volontés qu’il convient de travailler. Ce qui renvoie au « multa renascentur » d’Horace, poète païen.
J’ai envie de dire : si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » mais si Lui la Lumière existe, l’autre, le malin, existe aussi. Le bien existe ainsi que le mal au même titre que le jour et la nuit.. Dieu a donné à l’homme le libre arbitre, aussi celui-ci peut-il exercer son influence dans un sens ou dans l’autre. S’il n’y avait pas de Dieu, il n’y aurait pas le ciel, la terre et les océans, les rêves et les cauchemars et, pour faire court. Dieu habite notre âme et notre esprit. Pas de vie sans Dieu. Pas d’espérance sans Lui, pas d’avenir, de présent et de passé sans Lui. Qu’on le veuille ou non, il est là, omniprésent dans toute Sa Puissance. Bien entendu, on peut nier sa présence, son identité, son degré d’influence, on peut tout nier, mais pas le fait que l’on respire et que cet air nous vient du ciel et de Dieu, La pollution ne vient que des hommes, tout comme d’autres maux qui ne sont que les oeuvres des humains.. La France et la civilisation peuvent connaitre des instants douloureux, des remises en question, mais elles renaitront inévitablement de leurs cendres.Quant à D ieu (écrit ainsi pour les juifs) Il ne vient que si la porte lui est ouverte et nos bras tendus. Il ne va tout de même pas se déranger pour des gens qui ne le méritent pas. Il faut Le mériter. Il faut le respecter. Et surtout, il faut l’aimer, l’aimer d’un amour fou comme seuls les Saints savent le faire.. Et nous à notre petite dimension. Qu’Il est long le chemin qui mène jusqu’à Lui..
À Luc, je précise que l’existence de Dieu se prouve par la métaphysique. Cette preuve relève de la raison et non de la religion.
Sur les expressions malheureuses, il y a le mot » finaliser » , au lieu de « terminer » ou » achever ».
Le mot « fin » est polysémique. Il désigne soit le but (telos en grec), soit le « bout » (Eschaton en grec) « trouver une fin à sa vie, n’a pas le même sens que mettre fin à ses jours ». Réussir sa mort de Fabrice HADJADJ.