Par François Marcilhac
La pré-campagne électorale continue d’étaler son spectacle dégradant, mêlant ambitions personnelles et intérêts partisans, voire infrapartisans : à droite, après la désignation du chef, ce sont les places subalternes, dans le parti ou dans le futur gouvernement, qui sont âprement disputées.
Au centre, Bayrou, qui se voyait déjà en premier ministre de Juppé, se demande de quelle façon il pourra exister au printemps prochain, tandis que Macron est lancé comme une marque de lessive par des médias qui aimeraient en faire le troisième homme du premier tour — comme Bayrou en 2007. Qu’il n’oublie pas alors que la roche tarpéienne n’est jamais loin du Capitole électoralo-médiatique : Bayrou s’en souvient encore. Quant à la gauche, c’est la bousculade depuis l’annonce par Hollande de sa non-candidature, Valls ayant laissé à Cazeneuve l’administration des affaires courantes jusqu’au mois de mai prochain pour gagner la primaire. On pensait que ce dernier avait atteint son niveau d’incompétence en devenant le premier flic de France : on se trompait lourdement. Avec Hollande à l’Elysée, Ayrault aux affaires étrangères et Le Roux à l’intérieur, nous voilà dotés de fortes personnalités pour relever les défis que le pays aura à affronter d’ici au printemps 2017 : car le monde ne va pas s’arrêter de tourner dans l’attente du résultat de nos différentes échéances électorales.
GUERRE INSTESTINE AU FN
Pendant ce temps, le Front national, qui veut apaiser la France, se déclare ouvertement la guerre à lui-même, Marine Le Pen n’arrivant plus à imposer de la retenue à son principal lieutenant, qui dissimule de plus en plus mal son impatience à s’emparer de tout l’appareil, quoi qu’il dût en coûter en termes de cohésion et, finalement, de résultats aux prochaines élections. Qu’importe ! A moins de bouleversements tels, que la paix civile en serait menacée — mais alors la tenue de l’élection serait elle-même compromise —, il ne se fait aucune illusion sur la possibilité pour Marine Le Pen d’être élue en 2017, hypothèse chaque jour plus folklorique quand c’est sa présence au second tour qui devient incertaine. D’où une stratégie de plus en plus agressive d’isolement de Marine Le Pen : purges successives, au risque d’affaiblir considérablement le parti, provocation flagrante à l’encontre de Marion Maréchal-Le Pen contraignant habilement, sous couvert d’appel au calme, Marine Le Pen à descendre de son piédestal incontesté pour devenir, contre sa nièce, la porte-parole du clan Philippot, et à révéler au passage son cynisme peu glorieux sur la question de l’avortement en 2012, consistant, au lendemain de son élection à la tête du parti, à amadouer les soutiens de Bruno Gollnisch. Coup double, la cheffe s’étant égratignée elle-même en tant que femme de conviction.
D’autant que la remise en cause du mariage pour tous et la filiation feront probablement les frais du même cynisme : Philippot n’a-t-il pas déjà préparé les esprits en parlant, à ce sujet, de « culture du bonsaï », Marine Le Pen qualifiant aujourd’hui, sur le même mode, de « lunaire » la question du périmètre et du remboursement de l’IVG ? Lorsque Philippot jugera que l’électorat de la Manif pour tous a fini de se dissoudre dans un soutien peu glorieux à François Fillon, alors la doctrine officielle du FN passera à la trappe cette question sociétale, qui, c’est bien connu, n’est pas la priorité des Français.
IDENTITÉ ET SOUVERAINETÉ
Vous avez dit priorité ? Les commentateurs opposent à l’envi, au sein du camp national au sens large du terme, les tenants d’une ligne souverainiste à ceux d’une ligne identitaire. Or pour un pays comme la France — il en est différemment des empires —, le rapport de la souveraineté à l’identité est analogue au rapport de la nationalité à la citoyenneté : c’est celui du convexe au concave, souveraineté et identité n’étant que les deux aspects, extérieur et intérieur, d’une même réalité : l’Etat-nation. Isoler ces deux concepts comme réellement indépendants, c’est tomber dans le piège des mondialistes, qui ont été les premiers à introduire dans le débat cette fausse opposition en 1992, à l’occasion du référendum sur le traité de Maastrichit.
Il vont plus loin, aujourd’hui : à travers les migrants définis comme résidents — concept neutre destiné à balayer l’opposition entre étrangers et nationaux —, ils veulent finir par imposer une citoyenneté déconnectée de la nationalité, sous couvert de l’universalité d’un droit hors-sol, tandis qu’une contre-identité (multiculturelle) finirait par imposer une gouvernance, plus encore qu’une souveraineté, européenne. Ce n’est pas pour rien que l’Europe s’attaque à la fois aux frontières nationales (Schengen) et à l’identité des peuples européens en exigeant une intégration réciproque des nationaux et des immigrants (doctrine officielle de l’Union européenne depuis 2004). Ce n’est donc pas parce qu’ils sont eux-mêmes convaincus de la pertinence de cette opposition artificielle, que les tenants d’une ligne souverainiste et ceux d’un ligne identitaire ont raison de l’entretenir, à moins de se situer dans une ligne identitaire postnationale — ce qui n’est pas le cas de Marion Maréchal-Le Pen —, ou dans une ligne nationale post-identitaire, où la laïcité tient lieu d’identité de substitution, ce qui est peut-être le cas, en revanche, de Florian Philippot.
REGARDER VERS LA RUSSIE
Toutefois, ne désespérons pas ! L’exemple de la Russie, que la fin du communisme et l’échec de la CEI ont contrainte à se repenser aussi, sinon uniquement, comme une nation — à laquelle, d’ailleurs, s’adressait uniquement De Gaulle —, est là pour le prouver. Tout en prenant en compte, même au plan culturel, le fait musulman, c’est autour de son identité millénaire chrétienne que se construit la nouvelle Russie, laquelle cherche à assumer, parfois non sans conflits ni paradoxes, toute son histoire. Ce que ne lui pardonne pas l’oligarchie mondiale. Car ce n’est pas tant le Poutine restaurateur de la puissance russe qu’elle diabolise que le Poutine refondateur de la nation russe dans son identité et sa souveraineté, avec lesquelles l’« Occident », c’est-à-dire les Etats-Unis et ses satellites européens, avaient cru en finir dans les années 1990. D’où les provocations incessantes à l’égard d’une Russie qui cherche simplement à jouer pleinement son rôle de puissance eurasiatique, « facteur d’équilibre dans les affaires internationales et du développement de la civilisation mondiale », comme le rappelle la doctrine extérieure russe, que Poutine vient de redéfinir via un document d’une trentaine de pages, publié le 1er décembre dernier. D’où, aussi, la désinformation systématique — un vrai pilonnage médiatique — dont son action, notamment en Syrie, fait l’objet, et qui redouble d’intensité alors qu’Alep-est, aux mains depuis quatre ans des islamistes, est sur le point d’être libérée. Cette nouvelle doctrine prend acte, dans l’affaire ukrainienne, de la volonté d’ « expansion géopolitique » de l’Union européenne, qui vise également, aux côtés des Etats-Unis, ou à leur service, à « saper la stabilité régionale et globale ». Elle constate aussi que « le rôle du facteur de la force dans les relations internationales augmente ». Nul ne saurait s’en réjouir, mais les torts ne seraient-ils pas partagés ? On dit que l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche pourrait rebattre les cartes. La diplomatie française n’a aucune raison d’attendre pour recouvrer son indépendance. Plutôt que de s’aligner sur Berlin et de faire semblant de redouter pendant les élections de 2017 une cyberguerre russe visant à déstabiliser le pays, Paris devrait renouer un vrai dialogue avec un partenaire historique millénaire. •
L’ACTION FRANÇAISE 2000
Excusez moi, généralement je suis toujours d’accord avec vos analyses politique mais je trouve votre chapitre sur le FN très mauvais ;Ce n’est vraiment pas le moment de tenter de diviser notre famille politique, d’autant que ce que vous dites est faux, Il est normal d’avoir des divergences de pensée sur certains sujets du moment que la ligne du parti soit respecté et le but à atteindre commun. En revanche prêcher le défaitisme et amener des arguments aux adversaires est une stupidité
Excusez moi, mais je trouve cette analyse à mon goût, elle rejoint celle de Monsieur Buisson et celle d’Alain Wagner. Il reste que si l’on veut retrouver une souveraineté et donc une identité, le moment est venu de le faire. Ce n’est plus le quant, mais le comment. Retrouver la hauteur de la politique de de Gaulle , celle des rois. Copier la grande Russie et en être plutôt l’ami de toujours. L’Amérique va changer , mais qui va remettre notre France en avant. Le front n’est qu’un parti né de la république, est il capable de servir aux prochaines élections de fusible, pour annuler l’absurde idéologie de l’homme universel qui nous conduit tout droit à l’effacement de la France sur la planète.Ne serait il pas préférable d’afficher tout haut les absurdités de l’actuel système oligarchique. La France profonde n’a jamais été autant en phase dans la recherche de vérités. Dans les années 60 on espérait le monde moderne qui devait nous assurer le bonheur; or nous sommes revenus au temps des attentats d’Algérie. Les Français n’ont pas peur, ils prennent conscience du blocage intellectuel de ceux qui imposent une pensée unique qui les prive de liberté. Le Français est un homme libre et donc l’histoire est en route; et l’analyse est bien vue..
J e suis tout à fait d’accord .Je parlais uniquement du paragraphe concernant le F.N. sinon je suis en général d’accord avec l’ensemble des analyses de F .Marcilhac;
Je pense que notre famille de pensée doit rester unie sur l’essentiel et non se diviser
Ce qui est à craindre, mais pas impossible, c’est que les élections ne soient déjà faites……
Bien sûr d’accord avec F. Marcilhac mais sur cet échange à propos du FN cela me donne à penser à La Fontaine.
L’herbe est plus verte ailleurs : USA, Russie…
Les raisins sont trop verts : Jean Marie est trop vieux, Marion est trop jeune…Philippot, trop ….
Donner des arguments à tous ceux qui ne veulent pas du FN et il y en a beaucoup…et entraîner à leur suite un électorat qui se tâte de plus en plus et auquel on tend LA solution confortable : Fillon, Canada dry ou bien pire.
Car, au fond, personne ne veut rejoindre le FN , point barre ( à part les quelques opportunistes technocrates de Philippot.)
Il me semble que c’est le fond de la question, et pour cette position de non engagement, nous paierons.
Les uns veulent voter Zemour, d’autres De Villiers, d’autres Buisson sorti du chapeau…Tous en position de ne pas se présenter, décidément les raisins sont trop verts ou alors, façon Fernand Reynaud , avec deux croissants. Pour autant, ils ont leur place, leur rôle,leur utilité. Bien que Buisson ait montré, quelque soit son talent littéraire, sa folie des grandeurs en se croyant capable de manipuler son pantin Sarkozy. Grand penseur naïf.
Or, La France politique est tellement effondrée qu’on prend ces journalistes, sages ou penseurs pour des présidents…n’importe qui, n’importe quoi mais pas Marine Le Pen herself.
Évidemment qu’il y a de quoi critiquer, de quoi être déboussolé, mais je constate que tout est fait, dit, ècrit, pour installer, même dans la même famille politique, comme l’écrit JP Lussan, ( famille ? ) une défiance systématique, généralisée de tout ce qui émane de MLP. C’est l’histoire de la lettre volée de Poe.Elle est là, là, qui d’autre ? Contaminés par les médias, minés par le travail de sape des amis de JMarie, qui n’a rien à faire d’une nouvelle élection perdue, les poissons rouges ne veulent pas connaître le contexte de l « ´ islam est compatible… » ni se souvenir d’autres propos, d’autres mesures bien établis pour permettre à l’islam qui voudra, qui restera de se faire compatible avec la république. Même si ici le mot république n’est guère prisé, pour l’instant c’est la réalité.
Les phrases de Zemour sont justes, à propos de l’islam, même si c’est un journaliste qui fait des scoops. Il a tord de lui aussi, prescrire le non à MLP. Responsabilités. Qu’ils nous disent, lui et les meneurs poissons rouges, comment on commenceà commencer ?comment pour appliquer leurs fins on en prend les moyens ? comment le mille pattes se met à marcher ? Par quel pied? LA légalité d’abord pour tenter d’éviter la guerre civile, …
Ils devraient tous être avec MLP pour la conseiller, l’orienter, LA soutenir., pour entraîner leurs suiveurs, » likers » de ce monde étriqué, pour tenter de sortir, si c’est encore possible de ce cauchemar . Rassurez vous elle n’aura jamais les 50, 01%, ni même ce qui fût annoncé dans ses beaux jours.
Écueuré, moi qui n’ai pas de parti, de voir le tableau d’ensemble du manque d’imagination, de projet pour la France, les poissons rouges contraints de baver d’envie vers les peuples de Russie ou des USA, alors que la France en fût capable et servit de modéle. Au jour où nous sommes, mi décembre, il eût fallu un mouvement d’enthousiasme, de chaleur, un élan….
Certains reprochent à Marine d’être allés en Guyane pouponner des pandas blessés, ça fait du bien de voir son sourire d’enfant, que tant d’agressivité plus ou moins gratuite, lui ont fait passer. Je crois que le mieux pour elle serait de laisser tomber ce pays dans l’état où le laissent les précédents présidents, délibérément et d’aller s’occuper de chats et de chevaux en Bretagne. Les cerveaux d’huître ne LA méritent pas, et au delà ne méritent pas une dernière alternative.
Oups, en Guyane ce sont des paresseux, pas des pandas.
Au moins battons nous pour elle jusqu’aux élections. On ne peut pas rester toujours sur la route à se lamenter tout en regardant passer ceux qui nous mènent à la ruine sans réagir.
JP Lussan, bien mieux dit qu’un long commentaire.
Moi, au contraire, je trouve le chapitre sur le FN très bon et même pénétrant.
François Marcilhac alerte au contraire sur le risque de division de notre famille de pensée. Ce n’est pas rendre service à la Droite ( au sens large) que dénier la réalité. L’école maurrassienne, pour penser claire et marcher droit à commencer par nous apprendre à réfléchir par nous même et à libérer la parole. C’est ce que fait Marcilhac. Je propose donc de le remercier et de l’inciter à poursuivre ses analyses sur la crise que traverse le premier parti de France.
Bien à vous Jean-Pierre
Bien loin de moi l’idée de critiquer Fd Marcilhac, pour répondre à Papy, Et au contraire j’attends ses analyses avec impatience. Comme vous le dîtes, Papy, réfléchir par nous mêmes et libérer LA parole. Mais elle est libérée cette parole, ce n’est plus une alerte, personne de dénie ce fait, sauf peut être les adhérents et encore…
Je reconnais que mon épanchement était trop long, sous le coup du dernier attentat de Berlin, et piqué par le titre de l’article qui reprend avec humour le slogan du FN. Mais l’humour n’est pas un argument, et le slogan n’est qu’une vista.
Je comprends malgrè tout que toute la responsabilitè de cette catastrophe viendrait de Pillipot. Peut on débattre encore quand l’auteur sait même ce que le susdit aurait dans la tête » il ne se fait pas d’illusions… » et pourtant, en effet il y aurait de quoi le critiquer ce Philippot…
On peut même aller jusqu’à LA théorie complotiste de l’infiltrè pour détruire de l’intérieur, et pourquoi pas aussi des amis de Jean Marie qui dans la « famille » dont parle JP Lussan sont éparpillés partout pour faire perdre, au prix de la France, celle qui a osé s’émanciper. Croyiez vous que le fondateur malin comme un marin se laisserait faire? Je n’en sais rien.
Il semble impossible d’influer sur cette » brave fille » malgré toutes les alertes, et elle se claquemurera, justement parce que personne ne va vers elle. Voilà ce que je voulais dire.
Oui, ce n’est qu’un être humain, femme, sa photo de Guyane m’a touché en face des horreurs quotidiennes. Peut on reprendre ce qu’on sait de son programme, militaire notamment et en débattre ? Et là, je vous laisserai la parole, trop peu au fait de ce domaine.
Meme quand on n’est pas totalement d’accord avec FM ,ce qui peut parfois arriver ,( assez rarement , et parfois partiellement ) il est incontestable qu’il va toujours au coeur des questions importantes et que sa lecture est toujours stimulantes pour la reflexion. . Je trouve ici ,tout particulierement , son analyse de la question souveraineté/identité lumineuse..
Je ne saurais reprocher a Philippot son souverainisme .
Par ailleurs je suis visceralement opposé a l ‘ assistanat social comme philosophie de base.
Mais l’idée de Nation est consubstantielle a celle de solidarité . Or soixante dix ans de gestion socio-économique aberrante due au socialisme rampant allié depuis Pompidou au capitalisme et a la financiarisation du monde nous ont amené a la résurgence de ce que l’on appelait jadis le proletariat ,sous deux formes : »souchienne » et « immigrée » la premiere ayant le sentiment ( probablement justifié ,au moins en partie) que la seconde reçoit un traitement de faveur ,ne devrait pas exister ,et entraine de considerables nuisances que ses dirigeants refusent de voir .
Quoi qu’il en soit le traitement social de ce que les visionnaires de l’économico-monde, nos dirigeants , considerent comme « un bassin de de main d’oeuvre » ou les entreprises peuvent piocher au gré des besoins et qui doit etre pris en charge par l’Etat en cas de « non-besoin » est devenu une necessité humaine incontournable……
On prete a François Hollande une formule qui résume parfaitement la question : » Ca n’est pas cher puisque c’est l’Etat qui paye…….. »
On peut craindre que Philippot ,d’origine socialiste et technocratique partage cette conception en plus du fait qu’il voit la ,clairement, « un bassin de votes « ……..
Marine Le Pen se trouvant dans la situation du cameleon mort d’épuisement sur un tissu écossais ,obligée qu’elle est de conserver l’électorat de base du FN (Tendance Marion principalement) et d’y ajouter les voix des » habitants du bassin » ,y compris ,un jour peut-etre,une part de ceux de confession musulmane….. D’ou son refus affiché de l’idée du « Grand Remplacement » pourtant si évidente .
Dans l’immediat on la sent pour le moins irrésolue ,et si elle ne trouve pas rapidement une solution cela pourrait lui couter cher.
Je fais partie de ceux qui esperent qu’elle la trouvera ,dans le souci qu’elle affirme en permanence du bien du Peuple ,que Marion me parait representer davantage que Philippot qui conserve d’ailleurs du socialisme des tendances foncierement dictatoriales.