Mais pas dans la même proportion. Le général demande une augmentation progressive jusqu’à 2%, alors que, nous, nous ne cessons de demander que le budget de la Défense retrouve son niveau de 1960, soit un budget de 4% du PIB : 1% pour chacune des trois Armes, et 1% pour le nucléaire.
Cependant, le fait que le plus haut gradé de l’Armée française ose prendre la parole publiquement sur le sujet, et pour demander une augmentation des crédits militaires est, en soi, une bonne chose, et une initiative à soutenir. D’autant plus qu’un autre général, Vincent Desportes, a immédiatement apporté son soutien aux propos de Pierre de Villiers.
Ecoutez les 7 minutes de cet entretien entre le général Vincent Desportes et un journaliste de France info. Nous ne partageons pas du tout l’opinion du général sur l’Europe de la Défense, qu’il exprime dans les toutes dernières secondes de cette intervention, mais tout le reste est très « bon à prendre » et permettra à ceux qui ne sont pas très au fait des choses militaires d’avoir une image plus précise des – tristes – réalités ; et du sort lamentable que le Système réserve à nos soldats, dont la compétence, le bon esprit et le dévouement ne sont plus à signaler… •
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Le général Vincent Desportes soutient le général Pierre de Villiers
Augmenter le budget de l’Armée conventionnelle pour que les soldats aillent faire les gugusses – et malheureusement les morts ! – dans des régions où nous n’avons plus rien à faire, Centrafrique ou Mali ou fassent les supplétifs des Étasuniens au Proche-Orient ? Pour que les généraux se fassent plaisir avec des armes sophistiquées et donc inutilisables ?
Ah non ! Augmenter budgets de la Police, de la gendarmerie, du renseignement, cent fois oui !
L’ennemi est-il en Afghanistan ou à la fois sur nos frontières et dans nos banlieues ?
Lorsque j’ai fait la session nationale de l’IHEDN en 1996-1997 (49ème session) j’ai pu constater combien tous ces mirlitaires ne se souciaient, à part deux ou trois, que d’avoir des matériels qui les valoriseraient… Des gamins avec des maquettes… s’en servir ? Ah ça, jamais !
Trente ans que les États-majors beuglent et qu’ils ne font rien contre le véritable ennemi…
Pas un sou pour les chars Leclerc, les SNLE ou le porte-avions ! Quintuplons le budget de la lutte intérieure !
En total désaccord avec toi, cher Pierre, sur ce point précis. Ce n’est pas parce que tu as vu trois ou quatre militaires idiots qu’il faut en déduire que l’Armée française est idiote. Je suis professeur, comme tu le sais, et si tu savais le nombre d’incultes, d’ignares (je pèse mes mots) qui sont catalogués « professeurs » !… Il y a même une prof d’histoire (avec des Terminales, s’il te plaît) à qui j’ai appris l’origine du mot « tsar », puisqu’elle l’ignorait. Quand je lui ai dit que le mot venait de « césar » elle n’a rien trouvé d’autre à dire, dubitative, que « tu es sûr ? ». Ce à quoi j’ai répondu, évidemment, « non, je plaisante !… » Comme disait Bainville, « à ce stade, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle… » Alors, faut-il supprimer pour autant l’enseignement ?
Pour en revenir à l’armée, oui à un budget digne d’une grande puissance. Avoir une police à la hauteur n’est nullement incompatible avec le fait d’avoir une armée, elle aussi, à la hauteur. Pourquoi opposer les complémentaires ? Les budgets militaires explosent dans le monde entier (et pas seulement en Chine). Si la France veut rester la France, dans le monde de demain qui sera aussi dangereux sinon plus que celui d’aujourd’hui et d’hier, il faut qu’elle ait une armée digne de ce nom.
Mais non, cher François, ce n’est pas « trois ou quatre militaires idiots » que j’ai vus, c’est beaucoup plus ; à mon époque, il y avait exactement 84 auditeurs dont 28 militaires, des colonels qui avaient de l’avenir, les meilleurs de leur génération, promis à des grades d’officiers généraux et qui effectuaient en même temps une scolarité à l’École de guerre). Et, de fait, tous ont obtenu, quelques années plus tard, trois ou, pour la majorité, quatre étoiles (je dois à la vérité de dire que dans ma promo, il n’y a eu aucun 5 étoiles).
À part chez l’un d’eux (dont je pourrai te donner le nom en privé), aucun ne se posait la question essentielle : « Pour qui et pour quoi combattons nous ? ». La plupart se contentaient de faire joujou avec des objets précieux et hors de prix, à faire faire « vroum-vroum » à leurs chars, avions et corvettes.
Mais lorsqu’on leur parlait de « tuer des ennemis », ils s’effaraient, se réfugiant derrière la « décision politique », se lavant les mains de toute implication, de toute responsabilité. Ces gens-là se veulent presque moins citoyens que les autres, abdiquant, sous prétexte d’abnégation et de discipline, leur esprit critique.
« Ne jamais compter sur l’Armée » devrait être un postulat maurrassien. De Boulanger à Pétain, ces « hors-sol » nous ont toujours fait tutoyer les catastrophes. Et si De Gaulle a réussi, c’est qu’il était un militaire atypique : il pensait.
Pour le reste, il faudrait discuter : dans l’état où nous sommes, ennemi de l’intérieur compris, est-ce que c’est bien le moment de vouloir jouer à la super-puissance qui envoie sur les mers du monde entier pour mener une politique ambitieuse des hommes et des engins ?
Nous sommes en Afrique pour préserver les intérêts de Vincent Bolloré et de Louis-Dreyfus et de quelques autres, n’est-ce pas ?
Bien d’accord avec vous, François ; il y a d’ailleurs autre chose : tous ces béats de la « construction européenne », qui nous ont seriné pendant des décennies que « l’Europe, c’est la paix », se trompent ; rien, absolument rien ne nous garantit qu’il n’y aura pas , tôt ou tard, un conflit entre pays européens, trop de divergences persisteront toujours entre les peuples qui constituent l’UE.
Mais, M. Bully a raison sur ce point : les officiers formés depuis, disons une quarantaine d’années, ne sont plus que des pantins timorés. Ceci a été délibérément voulu par nos dirigeants irresponsables et ignares. Quant aux expéditions en Afrique et au Moyen-Orient, elles n’ont été décidées que par l’inénarrable pantin élyséen qui s’est servi de sa fonction régalienne de « chef des Armées » pour montrer aux Français qu’il « fait quelque chose pour la FRANCE »… incapable qu’il est faire ce qu’il devrait à l’intérieur de notre pays.