Un « outrage moral » susceptible de provoquer des « conflits d’intérêts ». C’est ainsi que le spécialiste du Lobbying Corporate Europe Observatory a qualifié l’accord du comité d’éthique de la Commission européenne à l’embauche de José Manuel Barroso par la banque Goldman Sachs.
Celui qui a piloté la législation européenne entre 2004 et 2014 va ainsi devenir président non exécutif des activités internationales de ce géant bancaire très proche de Washington. étonnant ? Pas vraiment. L’événement marque un retour aux sources pour celui qui fut très tôt mêlé aux intérêts de l’empire américain. C’est au milieu des années 70 que José Manuel Barroso est approché pour la première fois.
Alors que le Portugal est susceptible d’entamer un virage plus favorable à l’Union soviétique, les états-Unis dépêchent à leur ambassade de Lisbonne un agent de la CIA, Frank Carlucci. Pour contrer l’influence du parti communiste portugais, le nouvel ambassadeur finance un mouvement d’opposants maoïstes, le MRPP, dont José Manuel Barroso est l’un des principaux animateurs. Le MRPP sapera l’influence soviétique et appuiera l’entrée du Portugal dans l’Union européenne en 1977.
Dans la décennie suivante, Barroso rejoindra le parti social-démocrate. Il intégrera très jeune le ministère de l’Intérieur et dirigera ensuite les Affaires étrangères. En 1995, il part aux États-Unis pour suivre plusieurs formations (sur lesquelles l’homme est toujours resté discret), puis revient au Portugal où il prend la présidence du parti social-démocrate.
Premier ministre de 2002 à 2004, Barroso s’engage sans réserve aux côtés de Washington dans l’invasion de l’Irak et il privatise la société nationale de pétrole portugaise au profit du fonds Carlyle, développé par… Franck Carlucci. En 2004, sur insistance du Premier ministre britannique Tony Blair, il est désigné président de la Commission européenne.