Hilaire de Crémiers et Jean-François Kahn ont été d’accord tous les deux pour louer l’ouvrage que nous vous avions déjà présenté ici-même, et au sujet duquel nous avons donné, le dimanche 18 décembre, une assez courte vidéo de 22′, où Patrick Buisson s’exprime pour Boulevard Voltaire.
C’est « un chef d’œuvre », écrit Jean-François Kahn ; et Hilaire de Crémiers affirme – avec raison – que « le commentaire s’élève jusqu’à la philosophie politique à laquelle sont malheureusement étrangers tous les protagonistes de ce mauvais drame. C’est une leçon. Au-delà de Bernanos et de Péguy, il y a du Maurras et du Bainville dans ce livre magistral. »
C’est que ce livre ne se contente pas d’être une chronique historique, celle du quinquennat d’un président « ondoyant, fluctuant, versatile là où il eût fallu rigueur, constance et cohérence ». A ce sujet, on ne soulignera jamais assez l’importance (pour le pire) qu’a eue l’arrivée de Carla Bruni, bobo de gauche s’il en est, et incarnation de cette mouvance jusqu’à la caricature, dans les « cercles » de l’ex président : nous l’avons écrit, et c’est sans doute là que réside l’une des explications (bien sûr, pas la seule, ni même la principale) des changements entre le Sarkozy « d’avant » et celui « d’après » Carla Bruni…
Chronique historique, ce livre est aussi un programme politique. C’est dans le « non » au référendum de 2005 – « non » à la Constitution européenne – que Patrick Buisson voit, et date, le réveil des classes populaires, oubliées et tenues pour rien par ce que l’on appelle – on se demande bien pourquoi – « les élites ». Avec Richelieu, Vergennes, Talleyrand… on pouvait parler d’élites. Pense-t-on, sans rire, que les actuels ministres des différents quinquennats puissent leur être comparés ? Si seul surnage un Hubert Védrine – pour ce qui est des Affaires étrangères – c’est bien parler par antiphrase que d’employer le terme « élite » pour les ministres qui conduisent, si mal, les affaires de la France. Finkielkraut a d’ailleurs relevé, avec raison, l’inculture ambiante et dominante…
Ce souci qu’ont les classes populaires de leur destin, cette certitude de le voir bafoué par les dirigeants, ce sursaut et cet intérêt pour la mémoire collective, ressentie par elles comme vitale et garante de la cohésion nationale : voilà ce qu’a saisi Patrick Buisson dès les premières années du XXIème siècle ; et ce qu’il aura tenté de faire partager à Nicolas Sarkozy. Parler de Jeanne d’Arc, poser au Mont Saint Michel, évoquer ce temps où « la France se couvre d’un blanc manteau d’églises » … c’est aussi cela qui explique la vraie victoire de 2007, et le siphonage des voix du Front national. Comment, alors, en est-on arrivé à l’échec de 2012 ? C’est que le quinquennat a contredit bon nombre de ces promesses, et c’est là que l’on retrouve, sans aucun doute – même si c’est sans l’exagérer – l’action contraire à toutes ces idées de Carla Bruni, de son monde, de son milieu, de son influence.
Un exemple, cité par Patrick Buisson : la Manif pour tous, où il voit le clivage entre «la France qui défile » et « la France qui se défile », Nicolas Sarkozy et ses proches ne prenant aucune part à ce mouvement qui avait tout d’une lame de fond ; et qui, à ce titre, symbolisa parfaitement le divorce total entre les électeurs « de droite » (même si le mouvement ne pouvait être intégralement circonscrit à un parti, ni à une tendance…) et ceux qui, censément, les représentaient.
« La droite qui défila s’insurgeait contre la tyrannie de ce nouveau Mammon libéral-libertaire… La droite qui se défila s’enfonçait, quant à elle, dans le relativisme moral, ne voyant aucun inconvénient à sous-traiter à la gauche le volet sociétal du libéralisme » : tout est dit…
Curieusement, François Fillon – qui, lui non plus n’avait pas défilé, et s’était défilé, lors de LMPT – raflera, trois ans plus tard, les voix de cette France méprisée, lors de la récente primaire de la droite et du centre…
« Et nunc, reges, intelligite, erudimini… » : et maintenant, rois, comprenez, instruisez-vous… •
A lire ou relire, voir ou revoir dans Lafautearousseau …
Oui ce livre est certes à lire mais aussi à relire et à conserver dans sa bibliothéque comme un livre de fond .
Ce livre nous éclaire sur ces pseudo élites et cette pseudo démocratie Le peuple trime les maitres encaissent .
Chers amis je suis agréablement surpris que Monsieur Jean François Khan l’apprécie .Voilà un homme honnête qui fait honneur à sa profession .C’est rassurant de voir encore de vrais journalistes.qui informent valablement leur lectorat.
Je viens de terminer la lecture de ce livre et je confirme : au-delà des anecdotes pourtant éclairantes sur le comportement décevant de Sarkozy, c’est un très grand livre de fond concernant l’approche historique des événements politiques actuels et la science politique en général, bourré de références bibliographiques qui témoignent d’une vaste culture nourrissant une réflexion profonde et des analyses pertinentes et lumineuses.. Un ouvrage à conserver et relire.