Par Ph. Delelis
Une chronique qui, surtout, pose les bonnes questions. LFAR
Le Consumer Electronics Show (CES) – le plus grand salon mondial consacré à l’électronique grand public – s’est achevé dimanche à Las Vegas.
Sans avoir de penchant geek particulièrement affirmé, on ne peut manquer d’être fasciné par les fonctionnalités des nouveaux objets connectés présentés lors de cette manifestation.
On est également frappé par l’écart qui va croissant entre, d’une part, l’évolution des technologies – qui semblent continuer à vérifier l’idée de progrès – et, d’autre part, la stagnation, la régression, la dispersion (selon les points de vue) du débat politique. Le clivage gauche / droite, le système bipartite, les alliances traditionnelles, une laïcité consensuelle… tout cela a disparu ou est en voie de redéfinition drastique. Résultat, les sondeurs perdent le Nord, leurs boussoles s’affolent, les matrices dévissent…
On n’en finirait pas de rechercher les raisons de cette dernière situation mais, à supposer qu’on les trouve (ce qui n’est pas si compliqué d’ailleurs), il n’est pas certain que cela changerait quelque chose. Dès lors, pourquoi ne pas aider la politique à retrouver sa rationalité perdue en lui insufflant un peu de technologie ? D’autant que, au CES, les entreprises françaises ont brillé en nombre et en qualité : il ne faut pas chercher très loin les idées géniales qui pourraient redonner du lustre à la politique hexagonale.
Il en va ainsi, par exemple, de cette montre pour diabétique qui donne instantanément le taux de sucre dans le sang : utile pour tout candidat se promenant dans les comices agricoles mais plus encore dans les inaugurations de caves et autres fêtes de la Saint-Vincent. En effet, comment expliquer certaines déclarations à l’emporte pièce sinon par quelques abus bachiques ?
Autre innovation : une magnifique station de sauvegarde automatique des données; plus de trous de mémoire, plus d’oublis de déclarations précédentes, la cohérence retrouvée ! Comment s’en passer dans ce monde où tout va si vite ? Mais ce n’est pas tout : voilà un feu arrière connecté qui se fixe derrière le casque du motard ! Chacun sait maintenant que ce moyen de locomotion est particulièrement adapté aux responsables politiques à l’agenda complexe.
Cet accessoire essentiel garantira leur sécurité (et leur géolocalisation mais l’option est désactivable). Autre objet indispensable : ce petit robot de 40 centimètres qui se déplace en silence et qui sait jouer à cache-cache avec les enfants. Mais pourquoi pas les électeurs ?
Après tout, ce sont de grands farceurs également. Et enfin, un stick que l’on peut faire sonner à distance avec son téléphone portable pour retrouver ses objets perdus ! L’entreprise ne dit pas si ça peut servir pour les idées égarées, les programmes communs, les doctrines oubliées mais why not ? •
Politique magazine – 01.2017