par Louis-Joseph Delanglade
Quelques jours avant son investiture, M. Trump a manifesté le peu de considération que lui inspire l’Union européenne, flattant la Grande-Bretagne, étrillant l’Allemagne de Mme Merkel et ignorant totalement la France. A y regarder de près, M. Trump n’a fait que dire la vérité. Rien d’étonnant, en effet, à ce qu’il dénonce ce dont tout le monde convient peu ou prou aujourd’hui : la faute impardonnable d’une Mme Merkel qui, dans l’affaire des migrants, a privilégié au détriment de son propre peuple « des valeurs, les droits de l’homme, le vivre-ensemble » (M. Zemmour sur RTL, 19 janvier). Quant à l’Europe, ou plutôt à l’Union, M. Trump la considère avec des yeux américains, explicitant de façon directe le non-dit de son (ses) prédécesseurs à la Maison Blanche : l’union économique de pays européens étant forcément concurrente des Etats-Unis, il se félicite du « Brexit »; de plus, alors que prend forme en Asie et dans le Pacifique, un conflit vital avec la Chine et que la Russie ne représente pas un vrai danger, il pense que les Etats-Unis n’ont plus à se considérer comme tenus par les engagements de défense obsolètes de l’Otan.
Cris d’orfraie de ce côté-ci de l’Atlantique, particulièrement en France : « L’Europe […] n’a pas besoin de conseils extérieurs » (M. Hollande), « [c’est] une déclaration de guerre à l’Europe » (M. Valls). On frise le degré zéro du politique. Même chose avec le choeur des éditorialistes, manifestement effrayés par la perspective d’un désengagement américain. Atteints du syndrome du cabri diagnostiqué par de Gaulle en 1965 (« sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! », mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. »), presque tous proposent ce qui ressemble à une fuite en avant : encore un pas vers plus d’Union, vers le fédéralisme, alors même que la « construction » européenne nous a conduits au bord du précipice. Ainsi, tandis que M. Guetta croit pouvoir lancer sans ridicule un martial « l’Europe serre les rangs » (France Inter, 17 janvier), M. Barbier, plus démagogique et plus dangereux, pense qu’il faut « aller plus loin vers une nouvelle Europe » (France 5, 18 janvier) – c’est-à-dire une Europe fédérale.
Libre à eux de croire que l’Union puisse un jour défendre l’Europe. Il faudrait pour cela qu’elle change de nature. Essentiellement marchande et financière, elle est rien moins que militaire. Nous maintenons donc nos propos des 14 et 21 novembre 2016 dans ces mêmes colonnes : M. Trump « nous place dans une alternative quasi existentielle » et oblige l’Europe à « s’assumer », ce qui suppose comme condition préalable que « l’impotente Union disparaisse ». Que l’Union, qui a failli, le cède à l’Europe, la seule qui existe, celle des nations et des peuples, celle qu’incarnent en toute légitimité les Etats qui la composent. C’est aux Etats souverains que doit incomber la responsabilité, historique au sens fort du terme (pour une fois), de nouer les alliances et rapprochements indispensables. pour maintenir leur rang et assurer leur survie. L’objectif ne doit pas être fédéral mais confédéral. •
A lire aussi dans Lafautearousseau …
A croire que les U S sont des philanthropes et seraient un autre « petit père des peuples » qui nous protégerait de son ombre tutélaire… Alors qu’ils sont comme le fermier qui protège et nourrit son bétail pour mieux le manger … Le slogan » America first » tout comme » Dutshland uber alles » autrefois et le besoin normal de rayonner cher à nos rois sont le cris et la devise plus ou moins affirmêe de tout un chacun . Le sentiment de patriotisme n’est rien d’autre que la manifestation du sentiment de survie
Un Trump n’est pas bénéfique pour l’Europe mais il peut être « salutaire » s’il nous fait prendre conscience que l’UE est forte ensemble sans être tributaire des Américains des Chinois ou des Russes et que notre avenir se joue avec l’Allemagne . Ce n’est pas en pleurant sur le lait répandu, en critiquant ce qui est accompli ou en jouant les Cassandre qu’on construit quelque chose . Trump qui sous-entend qu’il hérite d’une AMérique qui ´est plus « great » joue sur l’avenir du repli sur soi , on verra jusqu’où il peut aller et si c’est possible.
Ceux qui veulent tout détruire pour reconstruire ont de fâcheuses ressemblances avec la révolution républicaine , de 1789 , en France nous savons par expérience qu’il vaut mieux améliorer, peaufiner et modifier ce qui existe déjà et dont certains aspects on fait leur preuve , plutôt. que tout casser et tenter de reconstruire avec les aléas de l’incertitude. Nous ne retrouverons jamais ce que nous avons si allégrement piétinné.
Comme au temps de l’URSS le contrôle des médias par l’oligarchie n’y fera rien ce qui doit mourir politiquement mourra.
La FRANCE va rester SEULE pour assurer la défense de l’Europe, le Royaume Uni s’en va retrouver ses libertés, l’Allemagne ne fait RIEN en matière militaire, et si nous partions NOUS AUSSI laissant les marchands et les spéculateurs entre eux
La comparaison tentée par Cincinatus entre le Royaume de France et « L’UE » ne peut en aucun cas tenir la route. C’est méconnaître l’Histoire, la réalité, les lois de la politique. C’est une comparaison contre le bon-sens., L’UE n’existe que sous la forme de commissions et de bureaucratie. Voyons !
A Cincinatus
Ne vous inquiétez pas : personne ne pourra détruire l’UE. A proprement parler, comme unité vivante, organique, politique et homogène, elle n’existe pas. Ces notions semblent vous être étrangères.
Cet article, même si Cincinatus est aussitôt retombé dans les poncifs et les nuées européistes, est réaliste, équilibré et juste. Il dit comment l’Europe réelle a été abîmée, peut-être discréditée pour longtemps aux yeux des peuples par l’idéologie, le juridisme, le bureaucratisme. Il dit comment l’idée et la pratique européenne pourraient être reprises et relevées. Faut-il s’obstiner dans la voie qui échoue ? LJD a parlé vrai.
D’accord avec vous jusqu’au moment » nous faire prendre conscience que l’Europe est forte » , je préférerais écrire » pourrait être forte » et c’est pas fait vu le délabrement de chacun des états. Et précisément du point de vue militaire.
Notre avenir se jouera avec l’Allemagne, encore une fois, malheureusement, croyez vous qu’elle acceptera par Merkel ou bBruxelles interposé de renoncer à son pouvoir ? Et à son euromark ?
Votre dernier paragraphe est presque contradictoire, pardonnez moi si je ne l’ai pas compris.
Enfin, Trump ne saurait être le Petit père des peuples : la couverture écologique, spéculative… est trop petite à présent. Il peut nous réserver des retours de manivelle pour l’intérêt de son pays.
La seule grande différence c’est qu’on ne sait pas pour quels lobbys il travaille, peut être aucun ? Alors qu’il est notoire que les Clinton et leur suite le faisaient ouvertement, et pas dans l’intérêt de leur pays. De ce point de vue, que Trump annule ou renégocie les traités, Pacifique, Alena, TAFTA… fait l’affaire de tout le monde.
Dire les américains. Serait plus confortable que faire des recherches pour savoir qui s’enrichit à travers des Compagnie, Sociétés opaques et globales. Est ce encore possible ?
Quant à l’èleveur il ne protège pas son bètail pour le manger, s’il est malin, il le fait croître et le vend…