Jean-Edern Hallier est mort à 60 ans, le 12 janvier 1997, il y a donc vingt ans : c’est la raison pour laquelle, dimanche, et malheureusement à une heure beaucoup trop tardive (22h35), France 5 a tenu à célébrer cet « anniversaire » et à lui rendre hommage, en diffusant un documentaire d’une petite heure sur « L’Idiot international », un journal « politiquement incorrect » (documentaire signé Bertrand Delais).
On y a retrouvé cet écrivain « libre et sans peur » que les lecteurs de Je Suis Français – qui fut, d’une certaine façon, une première mouture de Lafauteraousseau – avaient pu découvrir, grâce à l’entretien qu’il avait accordé à Pierre Builly et François Davin.
« Je suis à la fois nationaliste, régionaliste et chrétien » entend-on dans ce documentaire : des propos qui avaient été tenus presque mot pour mot (en parlant également de la monarchie, et d’une façon positive…) dans l’entretien de JSF. « C’est le vent de la polémique qui chasse les miasmes et met de l’air pur, du ciel pur. La polémique est nécessaire aux périodes de grands bouleversements de la pensée ou de la politique. » entend-on également.
Loin de nous la tentation de faire parler les morts, mais que dirait Jean-Edern, aujourd’hui, alors que plusieurs lois scélérates – qu’il faudra évidemment abroger, le plus vite étant le mieux – restreignent la liberté de pensée et d’écriture, aboutissant, de fait, à une autocensure certaine d’une très large part de l’opinion ?
D’après ce que l’on peut déduire de l’entretien dont nous parlions plus haut, il semble que l’on puisse au moins être sûr que ce genre de lois ne serait certainement pas de son goût, et que cet anarchiste inclassable ne se serait pas très facilement laissé enfermer dans leur carcan. Et que, face au « politiquement correct » qui veut nous étouffer, se serait levé « l’homme de la liberté, l’homme qui n’avait pas peur » comme dit de lui Gilbert Collard, qui rapporte ce mot de Jean-Edern : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour les emmerder ? » et conclut, non sans raison : « Aujourd’hui, c’est l’homme qui nous manque. »
Oui, face au monstre, face à ce hideux « politiquement correct », ce sont aussi des hommes comme Jean-Edern Hallier qui nous manquent. Nous sommes heureux de l’avoir approché, ne serait-ce qu’une fois, et d’avoir fait partager à nos lecteurs d’alors un peu de cette liberté intérieure qui était la sienne et qui l’habitait tout entier. •
En effet, dans la bonne trentaine d’entretiens pour JSF, réalisés avec Pierre, celui de Jean-Edern fut l’un des meilleurs, mais, en réalité, je pense pouvoir dire qu’ils ont tous été intéressants et enrichissants. Je garde un souvenir excellent de Genivève Dormann, Pierre Chaunu, Pierre Boutang, Jean Raspail, Michel Déon, Jean d’Ormesson… et des autres, dont Jean-Edern, Place des Vosges (excusez du peu !), On va travailler à mettre tout cela par écrit, à disposition du public (c’est déjà fait pour deux ou trois, d’ailleurs…).