Par Jean-Philippe Chauvin
Les acteurs de la prochaine présidentielle sont désormais nommés, et le spectacle a déjà bien commencé, accumulant surprises et trahisons, petits meurtres entre amis et ressentiments… Quelques célébrités politiques sont déjà défaites, avant même que la campagne officielle ne débute : le « dégagisme » évoqué par les partisans de M. Mélenchon a joué à plein, ses victimes étant Mme Duflot, MM. Sarkozy, Juppé, Valls, sans oublier le président en exercice qui, lui, se dégage aussi et tout seul de cette campagne qui ne le concerne plus directement. Mais cette « sortie des artistes » atteint désormais ses limites, et le fait que M. Hamon, candidat officiel du Parti socialiste, dépasse désormais M. Mélenchon dans les études d’opinion, en est le premier signe et cela pourrait augurer d’un combat plutôt classique, malgré la « nouveauté » toute relative d’un Macron. Mais la prudence s’impose et j’éviterai soigneusement, à ce jour, de faire un pronostic : n’insultons pas l’avenir, car l’histoire n’est jamais écrite avant que d’avoir lieu.
Les trois prochains mois nous réservent sans doute bien des surprises, mais ce spectacle électoral m’incite plutôt, tout en le suivant et en m’y engageant, à proposer « autre chose que ce qui existe » présentement : la Monarchie héréditaire et successible (ce dernier terme étant ardemment défendu par mon ancien professeur d’université Claude Nières, qui le préférait même à « héréditaire ») a le mérite immense de préserver la magistrature suprême de l’État des appétits et des ambitions politiciennes tout en chargeant (et le terme n’est pas inapproprié) une famille de cette représentation symbolique de l’État et le roi lui-même de la responsabilité de l’arbitrage politique. Cela n’empêche évidemment pas la vie parlementaire et le débat politique, mais, lorsque la « première place » est prise, les risques d’une dérive et d’abus de pouvoir sont plus limités (sans, pour autant, disparaître complètement, les hommes étant ce qu’ils sont, et la Monarchie n’ayant pas vocation à faire des hommes parfaits…).
Qu’elle apparaisse lointaine en ces temps d’élection présidentielle n’empêche pas la Monarchie d’être toujours nécessaire : peut-être est-ce le spectacle contemporain de cette lutte des clans et des chefs pour un bail chez Mme de Pompadour* qui fera, a contrario, réfléchir nos concitoyens et avancer dans les esprits l’idée royale… Dance cas, l’élection du printemps aura au moins servi à quelque chose ! •
* Le palais de l’Élysée a appartenu à la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV…
Un sondage, et même des sondages, comme celui mettant Hamon devant Mélenchon, ne fait pas une élection. Je pense que Mélenchon a plus de chances que Hamon en raison de la clarté de son positionnement politique depuis 5 ans contre Hollande et sa politique, et ses gouvernements et frondeurs d’opérette.
Le PS même version Hamon est pris en étau entre Macron et Mélenchon. Mortel !
Un exemple de « monarchie héréditaire et successible » fonctionne actuellement dans un système de démocratie constitutionnelle et parlementaire d’une manière intelligente, digne, honnête et dévouée: cet exemple est donné par le Roi d’Espagne Philippe vi. Nos politiciens seraient bien inspirés de le proposer à notre pays.’
un jour il faudra trancher: chauvin ou mourras ? dur!
Vous donnez l’exemple de l’Espagne, que vous voudriez voie adopté en France. Vous avez d’ailleurs publié dans « Le Monde » un forum pour promouvoir cette monarchie démocratique que vous appelez de vos voeux. Cependant que signifie « démocratique »? Si cela signifie conforme à l’idéologie dominante, outre que je ne pense pas que cela vaille la peine (l’Espagne connaît tous les maux qui nous tuent), sachez que le rétablissement d’une monarchie n’a été toléré par le système en Espagne que parce qu’il permettait de détruire le régime franquiste qui l’avait installée et que le roi a trahi en se parjurant. Un régime qui, malgré ses défauts, était tout de même à la fois traditionnel et nationaliste. Rien de tel en France. Ne comptez donc pas sur l’oligarchie pour soutenir un changement de régime ; elle a trop besoin de notre faiblesse. La seule démarche possible est le renversement du régime actuel. Ensuite, la monarchie, si nous réussissons à l’instaurer, sera ce que les circonstances en feront, démocratique ou non. Au demeurant, si elle est « démocratique », ce ne pourra pas être au sens idéologique du terme, mais au sens d’une attention aux besoins du peuple français, à sa représentation et sa protection.