Après l’acte religieux, à 8 heures, l’archevêque de Marseille, Georges Pontier, bénit les navettes dans le Four des Navettes, qui maintient son activité depuis 1781, en présence du maire de la ville et des représentants des différents corps de l’Etat. Nos traditions, nos racines, ce qui constitue, sur deux mile ans, notre être profond, il ne faut pas en parler : il faut en vivre, il faut les vivre, tout simplement. C’est la meilleure et la seule réponse à apporter aux tenants du mondialisme, grand effaceur des frontières, des diversités, de ces différences qui nous enrichissent
A Marseille, l’octave de la Chandeleur, c’est quelque chose ! Rappelons que ce jour – toujours le 2 février – est celui de la présentation de Jésus au Temple ; dans les maisons, on enlève donc ce jour-là les crèches que l’on a installées dès le début de l’Avent (qui commence quatre dimanches avant Noël, donc fin novembre). On les remettra dans dix mois !
Des crèches familiales, à l’intérieur des maisons particulières (ci contre), qui, soit dit en passant, sont un héritage direct de la sinistre Révolution. Lorsque celle-ci déclencha sa persécution de tout ce qui s’opposait à elle – la Terreur… – et notamment de l’Eglise catholique, fermant les églises et assassinant les prêtres « réfractaires », la Provence, ultra catholique et ultra royaliste, réagit d’une façon inattendue : puisqu’on nous ferme nos Eglises, et que nous ne pouvons plus voir nos crèches, qui s’y trouvent, eh ! bien, nous ferons les crèches chez nous ! se dirent les Provençaux. Le Diable porte pierre !
Les sinistres représentants en mission de la sinistre Convention et de sa non moins sinistre Terreur n’en croyaient pas leurs yeux, quand ils arrivaient dans le Midi. L’un d’eux, Albitte – surnommé « le tigre de l’Ain » parce qu’il martyrisa aussi Lyon – fut l’un des plus féroces. Sévissant particulièrement dans le quart sud-est de la France (à Lyon, Marseille, Toulon, à l’armée des Alpes…), c’est lui qui, lors de la séance de la Convention du 17 juillet 1793 – rapportée par le Moniteur, dans lequel était notée l’intégralité de débats de l’Assemblée – brossa le tableau d’un Midi contre-révolutionnaire, le comparant à la Vendée, et se trouve ainsi directement à l’origine de l’expression Vendée du Midi, ou Vendée provençale…
Ce bref rappel historique ayant été fait, il faut reconnaître que c’est, aujourd’hui, une tradition bien vivante et bien belle que la Chandeleur (mot qui vient de chandelle, bougie – donc : lumière – pour célébrer le Christ, lumière des peuples) : il est, de plus, réellement réconfortant – en nos temps de sinistrose – de voir cette foule de jeunes scolaires (mais pas seulement) venus de tous les établissements de la cité, à cinq heures du matin (ci contre : ils se sont évidemment levés bien plus tôt, ou, pour certains, pas couchés du tout) pour assister à une messe matinale aussi recueillie que joyeuse.
L’octave débute le 2 février, à 5h, avec la procession de la vierge Noire. Le départ du cortège est donné sur le Quai des Belges et remonte jusqu’à l’Abbaye de Saint-Victor. Les uns vont à pied, d’autres embarquent, avec la Vierge noire, sur des bateaux conduits par des élèves de l’Ecole de la Marine marchande.
Quand tout le monde est arrivé sur le parvis de l’Abbaye (ci contre), l’archevêque de Marseille, en présence du maire, procède à la bénédiction de la ville, de la mer et des cierges verts de l’abbaye, puis célèbre la Messe solennelle des fêtes de la Chandeleur.
À 8h, l’archevêque vient au Four des Navettes pour procéder à la bénédiction du four (ci dessous), des fameuses navettes, de ceux qui les fabriquent, de ceux qui les vendent et de ceux qui les mangent !
Pour les non Marseillais, il faut savoir que ces navettes rappellent par leur forme (navette signifie bien sûr « petite embarcation ») les traditions orales de la venue des Saintes Maries de la Mer. Quant aux crêpes que l’on dégustera ensuite – mais, là, toute la France est concernée – il s’agit bien sûr, par leur forme ronde, de rappeler le disque solaire, le Christ étant, pour les Chrétiens, le vrai Soleil du monde. •
Rapide reportage en images
A partir de 3 heures du matin, on se concentre sur le Vieux-Port
La statue de la Vierge Noire est embarquée…
…direction la Basilique de Saint Victor, du Vème siècle
A peine débarquée, la Vierge noire est portée à l’intérieur de la Basilique : la Messe va commencer.
Il est cinq heures : sous les vénérables voûtes de la basilique, noire de monde, et malgré la Révolution qui a détruit l’intégralité de l’abbaye – il n’en subsiste que l’église – la même foi depuis près de deux mille ans.
Petit détail mais qui a son importance: contrairement à la première photo illustrant cet article, la bénédiction des navettes n’a pas été effectuée par l’archevêque de Marseille, Mgr Pontier, qui a des ennuis de santé, mais par son auxiliaire, Mgr Aveline.
Marseillais, de parents marseillais et de 3 grds parents marseillais, la crèche se fait le 24 décembre, surtout pas avant.
Et les crêpes, je les ai découvertes en Bretagne. Pas de crêpes dans la tradition marseillaise.
Pourquoi dit-on des cierges verts qu’on accroche au crucifix à la tête du lit : vert t’espèro, tard t’aurai ?
Tout cela est magnifique !
En cette période précaire merci de mettre en évidence nos traditions et de faire découvrir à ceux qui ne peuvent s’y rendre l’enthousiasme des assistants .