Palais de l’Elysée, la grille du Coq
par Louis-Joseph Delanglade
Parce qu’elle désigne celui qui régnera temporairement sur la France, l’élection présidentielle a toujours, depuis 1965, constitué le moment clé de notre vie politique, un moment « dramatique » au sens étymologique. Cependant, depuis l’adoption du quinquennat, avec comme conséquence évidente un retour plus rapide de l’échéance, la tendance est incontestablement à une certaine hystérisation. On ne peut nier que cette hystérisation malfaisante est, sinon créée, du moins orchestrée et entretenue par des médias qui y trouvent tout leur intérêt. Ces médias exercent un véritable pouvoir auquel, en vertu d’une sorte de droit divin qui les protégerait, il est interdit de porter atteinte – alors même que la liberté, voire la licence, dont ils jouissent ne leur est garantie que par le pouvoir politique.
L’élection de 2017 sera en tout cas le résultat d’un processus étonnant. Pour la première fois, le président en exercice, candidat « naturel » à sa propre succession, renonce à se représenter : renonciation d’autant plus surprenante qu’elle s’accompagne d’un auto-satisfecit qui permet à certains socialistes de continuer à défendre un bilan désastreux. Pour la première fois aussi, les deux partis de l’alternance organisent tour à tour une élection primaire : les deux vainqueurs sont l’un (M. Fillon) en butte à la suspicion générale, l’autre (M. Hamon) présenté comme le probable fossoyeur de son propre camp; d’où ce paradoxe, peut-être temporaire : les deux candidats les plus fringants, Mme Le Pen et M. Macron, sont hors du jeu politicien bi-partisan traditionnel.
Il est possible, voire probable, que M. Fillon se trouve dans l’obligation de retirer sa candidature au profit d’un candidat désigné directement par le seul appareil partisan des Républicains : de toute façon, M. Macron paraît tout à fait capable d’arriver devant l’un ou l’autre dès le premier tour. Il est probable, voire certain, que M. Hamon conduise le PS à l’échec en ne figurant pas au second tour de la présidentielle : il devra dès lors se contenter de faire mieux que M. Mélenchon. Dans les deux cas, le barnum médiatique qui a littéralement porté les deux primaires n’aura servi à rien, si ce n’est justement à hystériser davantage la vie politique.
M. Straus-Kahn, à qui la victoire semblait acquise, avait dû renoncer dès 2011 à l’élection de 2012, permettant ainsi à M. Hollande de se retrouver élu par défaut – avec les conséquences que l’on sait. Si, comme le déclare Me Collard (BFM, 1er février), M. Fillon – à qui la victoire semblait aussi acquise – « ne peut pas rester candidat » car il est désormais « dans une position schizophrénique », il en sera de même de l’élu(e) de 2017 dont la légitimité sera forcément minimale. Cette élection constituerait dès lors un nouveau raté de la vie politique française telle qu’elle résulte des jeux du système (quinquennat) et de l’omniprésence des factions (primaires) conjugués à la médiocrité croissante du personnel politicien. Un pas de plus dans la démoralisation générale et la perte du crédit du politique. Un pas de plus vers une véritable crise politique, peut-être même une crise de régime. •
Pour les anciens, d’âge canonique, ce tableau, si juste, rend sensible la chute vertigineuse de la Ve République, depuis son altitude réelle ou supposée, ou les deux, de 1958 et les bas-fonds où nous voici noyés. La Ve prétendait restaurer – non seulement par la qualité des hommes, mais surtout des institutions – l’autorité, la majesté, l’efficacité de l’Etat. Que reste-t-il de tout cela ?
La Ve fut une tentative de bonne république. Il est même arrivé – fugitivement – qu’on ait à se demander si elle n’était pas en train ou en passe d’y réussir. Ce n’était que dans l’apparence, le discours. La Ve s’est épuisée et nous avec à tenter d’être une bonne république. Comme peuvent l’être plus ou moins d’autres républiques en d’autres Etats, Sans idéologie marquée, sans guerre de religion, sans rupture historique, sans haine de soi … Mais la république en France revient toujours en fin de compte à son origine qui est – au sens plénier – révolutionnaire et antinationale et instaure le régime anarchique et corrupteur des partis.
C’est peut-être dommage mais il semble bien qu’en France toute tentative de bonne république est vouée à l’échec. C’est peut-être, au fond, ce qu’enseigne l’expérience Buisson. La France est sans-toute vouée à sa monarchie constitutive et consubstantielle ou au déclin et à la mort.
Cette situation ne fera que conforter, avec juste raison, la défiance toujours plus grande du peuple envers ses élites.
La gauche a fait le choix d’une autre idéologie que celle du socialisme: une sorte de social-libéralisme libertaire, où les droits individuels, les fantasmes ou les caprices des uns et des autres, le néoféminisme, l’art contemporain,
la lutte contre toutes les discriminations, toutes ces choses dont le peuple se fiche totalement, ont remplacé la défense du prolétariat. En d’autres termes, la gauche dans ses plus gros bataillons s’est ralliée à l’économie de marché et ce n’est pas l’investiture de Hamon qui fera illusion..
Quant à la droite elle avait François Fillon, candidat réactionnaire du XIXème siècle, prônant « le retour de valeurs »; des valeurs cotées en bourse sans doute, habitant un manoir, allant à la messe le dimanche, ce qui en faisait le candidat idéal des retraités, pratiquement élu d’avance……, jusqu’au Penelopegate.
Comme vous le signalez ,, avec l’incapacité des deux candidats censés figurer au 2ème tour, le système va tourner à vide. Le candidat ou la candidate élu (e) ne représentera qu’un QUART de l’électorat La république a un pied dans la tombe,
Le dimanche du 1er tour des primaires socialistes , sur France 5, émission politique vers 18H00, Bernard KOUCHNER a fait cet aveu stupéfiant: pour être élu il faut être menteur, les Français s’en rendent compte.