Le « dégagisme », pour reprendre l’excellente expression de Mélenchon, avait touché tout le monde, jusqu’à hier, montrant l’exaspération des Français face à ces hommes ou femmes politiques – pas forcément âgés, d’ailleurs… – qui incarnent depuis trop longtemps tout ce qu’ils ne veulent plus voir : Cécile Dufflot fut la première virée, puis Sarko et Juppé (et NKM) ; puis Valls et Montebourg (et Peillon) ; Hollande, jugeant plus prudent de ne pas se représenter, s’auto-dégagea lui-même. A un près, on se croirait dans la comptine des Dix petits nègres, magistralement employée par Agatha Christie dans son chef d’œuvre : disparaissant l’un après l’autre, à la fin, « N’en resta plus qu’un. / Un petit nègre se retrouva tout esseulé / Se pendre il s’en est allé… »
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Bayrou était, non pas le dernier des Mohicans, mais le dernier des vieux caïmans, le dernier dinosaure, sur l’avenir duquel les très engoncés politologues – en l’occurrence, paléontologues – dissertaient longuement. Ne s’étant présenté à rien, il n’avait pas été formellement « dégagé », jusqu’ici, mais il a fait le même calcul que Hollande. Habilement (ou hypocritement : chacun son choix) il s’est lui aussi auto-dégagé, mais habillant ce sabordage du joli nom d’alliance, ou de pacte, pour sauver les apparences.
Tout content, le sémillant Macron – toujours sans programme complet et, donc, sans « chiffrage », et qui a commencé sa dégringolade dans l’opinion, après ses multiples déclarations ineptes et insanes – a accepté ce « baiser de la mort », voyant le seul côté arithmétique des choses, pensant qu’il suffisait d’ajouter des chiffres sondagiers à d’autres, et croyant qu’il tenait, là, « un tournant dans la campagne ».
Laissons-les tous les deux à leurs illusions, et tâchons de raisonner froidement. Cette alliance contre nature va-t-elle peser d’un grand poids pour Macron, ou va-t-elle au contraire être pour lui un grand poids, certes, mais un grand poids mort, un insupportable boulet, qui va l’entraîner dans sa dégringolade ?
On ne peut que pencher pour la seconde interprétation, lorsque l’on jette un œil sur les trois tweets suivants de Bayrou, précédant le quatrième, qui les contredit à angle droit. Cette cuisine électorale (élu, sans vergogne, par les voix « de droite » (?) maire de Pau, Bayrou refuse sa voix à « la droite », pour la présidentielle ) étant justement ce qui écœure les Français, ce dont ils ne veulent plus, et ce qui a conduit au « dégagisme de tous ». La simple lecture de ces trois tweets, suivie de celle de leur tweet contraire se passe de tout commentaire, et formera notre conclusion, qui s’impose d’évidence :
Faisant preuve de charité Chrétienne, ce qui n’est pas tellement dans mes habitudes, envers les profiteurs de Marianne, je propose de dédicacer une très belle chanson à François BAYROU: l’opportuniste de Jacques DUTRONC: je retourne ma veste….. je l’ai tellement retournée qu’elle craque de tous côtés……
Sa boursouflure Bayrou 1er fait alliance avec Son Enflure Macron l’esbroufe. Bienvenue au royaume de l’ego surdimensionné dans son écrin de vacuité
Monsieur Macron, ce produit marketing issu du croisement de la finance sans racines et de la banlieue racailleuse, vient de nous apprendre, lors d’un voyage à Londres, que l’art français eh bien voyez-vous, ça n’existait pas ! Moi qui pensait naïvement que Racine, Molière, Fragonard ou Corot … Eh bien non, détrompez-vous ! Il n’y a qu’un art » en France » riche de toutes les diversités. C’est le rappeur subsaharien Black M. qui va être content. Nul doute qu’avec ce genre de proposition, Monsieur Macron eût accueilli avec bienveillance un Arno Breker ou un Albert Speer, il y a quelques décennies. Mais bon, je suis sans doute mauvaise langue. On dit que Monsieur Macron n’a pas de programme. Mais il a de bien jolis costumes. Certaines personnes malveillantes insinuent que ces costumes lui tiendraient lieu de programme. Mais sans vouloir lui tailler un costard comme dit l’expression populaire, il est tentant de lui rappeler qu’après avoir passé son temps à retourner sa veste, on peut en prendre une et que ce serait alors un soulagement pour la France, dont Monsieur Macron va sans doute bientôt nous apprendre qu’elle n’existe pas et n’a jamais existé.