par Louis-Joseph Delanglade
Quand on l’interroge sur l’Europe (France Inter, 26 février), M. Cohn-Bendit, se fondant sur les prédictions de « spécialistes de l’économie », annonce le recul programmé de la France mais aussi de l’Allemagne, celle-ci dix-huitième dans trente-cinq ans, celle-là seizième dès 2025. Voilà qui est précis et, à défaut d’être certain, sans doute possible. Inquiet, M. Cohn-Bendit souhaite que l’Union aille plus vite et plus loin et, européiste exemplaire voire archétypique, reconnaît que son Europe, celle de l’Union, « fonctionne mal ».
Le verbe n’est pas anodin. L’Europe, façon Union, c’est une chose, une machine (un « machin ») alors que l’essence de l’Europe ce sont d’abord des peuples, des nations et des Etats héritiers d’une longue Histoire. Ceux qui dénoncent l’Union européenne (à tort stigmatisés comme europhobes) sont des Européens – qui souvent, d’ailleurs, se revendiquent tels. Ils ne le sont pas par une décision administrative, ils le sont tout simplement. La faute des européistes est de penser que l’Union faisant l’Europe, on peut faire table rase de tout ce qui dérange l’idéologie progressiste libérale-libertaire. Mais l’Europe n’est pas l’Amérique, encore moins l’Afrique : elle est essentiellement « différente » et les Européens ont bien le droit – mieux, le devoir – d’aimer et de cultiver ce qui fait cette différence. A quoi bon constituer une Union puissante mais sans âme, rajouter un machin à un machin ?
Sous la houlette de son président M. Juncker, la Commission européenne vient de pondre un Livre Blanc sur le Futur de l’Europe. Y sont proposés, sans choix explicite, cinq scénarios : statu quo, repli sur le marché unique, concentration sur quelques sujets prioritaires, fuite en avant vers un Etat fédéral, Union à plusieurs vitesses. Alors que l’Union va fêter ses soixante ans, la publication même de ce petit livre, en forme d’interrogation sans réponse, reflète sans aucun doute le désarroi des européistes les plus convaincus. Certes, la préférence de M. Juncker irait, paraît-il, à la dernière des solutions envisagées. Mais ce même M. Juncker est par ailleurs tellement sceptique sur l’évolution d’une Union manifestement travaillée par des forces centrifuges qu’il a déjà pris la décision de ne pas être candidat à sa propre succession en 2019.
L’Union européenne, parce qu’elle se vit au mépris des réalités les plus élémentaires, est en fait dans une impasse. Son moteur est en panne depuis un certain temps : le couple franco-allemand qui en constitue le coeur dès l’origine n’est plus qu’un souvenir, l’euro ayant aggravé de façon considérable le « différentiel » économique et financier entre les deux pays. Pis, l’idéologie des européistes, acquis au mondialisme et à l’immigrationnisme forcenés, révulse des peuples qui se voient dépossédés moins de qu’ils ont que de ce qu’ils sont : c’est tout le sens du « populisme ».
Peut-être, fondée sur des Etats souverains, l’« Europe différenciée », celle du cinquième scénario, pourrait-elle permettre une approche plus réaliste. Il lui faudrait cependant se garder de toute idéologie. Et rien n’est moins sûr. •
Un des mérites de cette analyse est de nous dégager de cette image d’antieuropéens qui nous est généralement attachée. A tort mais en partie de notre faute, car, dans notre opposition légitime à l’Europe que ses ennemis ont tenté de construire et qui est en train de mourir, nous n’avons pas pris la précaution de toujours montrer qu’une autre Europe, la véritable, était possible et que de celle-là nous sommes partisans.
L’ennui est que l’idée même de l’Europe est désormais soit rejetée par les peuples, soit en butte à leur scepticisme. Pour relever le projet de sorte qu’il soit légitime et viable, il faudra dorénavant une conjonction de dirigeants de haute volée – bien improbable aujourd’hui. L’Europe du Congrès de Vienne avait plus de chance que nous n’en avons. Elle était dirigée par des dynasties rendues plus raisonnables qu’auparavant par l’expérience désastreuse des guerres révolutionnaires et napoléoniennes; elle eut de grands ministres, Talleyrand, Meternich, Hardenberg; ils donnèrent un demi-siècle de paix à l’Europe et, en quelque sorte, une unité bien plus grande qu’elle n’en a de nos jours. Pauvres jours, pauvre politique, pauvre société, si on les compare à ce qui exista dans ce bref demi-siècle.
Qu’on nous fasse la vraie Europe: L’Europe est une association de Nations souveraines, issues très majoritairement d’ethnies Européennes, de civilisation Chrétienne, de culture Gréco Romaine, . Je n’ai rien inventé, c’est à peu près ce que voulait Charles DE GAULLE